Après l’incendie d’une antenne-relais à Douai, quatre hommes renvoyés devant la justice

Six personnes soupçonnées d’avoir participé à l’incendie d’une antenne-relais dans la zone industrielle de Dorignies à Douai, dans la nuit du 2 au 3 mai, ont été arrêtées mardi. Quatre d’entre elles seront jugées le 30 juillet.

Finalement, le 3 mai vers 1 h 30 du matin, l’incendie de l’antenne-relais 5 G Orange-SFR plantée rue Gustave-Eiffel, dans la zone industrielle de Douai-Dorignies, était bel et bien criminel. Après avoir sérieusement pensé que la destruction de cet équipement était accidentelle, les enquêteurs ont envisagé une autre piste sur la base du rapport transmis par l’opérateur téléphonique qui exclut la piste de l’incendie spontané.

Le parquet de Douai a saisi la police judiciaire et deux mois de travail n’ont pas été de trop pour mettre des noms sur les suspects. Ce mardi, six personnes (cinq hommes, dont un mineur de 16 ans, et une femme) ont été arrêtées par la brigade criminelle de la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Lille, avec le soutien de la brigade de recherche et d’intervention.

Domiciliés à Roubaix et Villeneuve d’Ascq, ces suspects, « tous proches des milieux prônant une forme de contestation violente » selon la DIPJ qui annonce ces arrestations, ont été placés en garde vue. Selon le parquet de Douai, ils seraient issus des milieux antifascistes, des black blocs voire du mouvement des Gilets jaunes.

« Entre 300 000 € et 500 000 € » de dégâts

Rapidement, la seule femme du groupe a été laissée libre et ne sera pas poursuivie. Les cinq autres ont été présentés à la justice. Les quatre suspects majeurs, âgés de 22 à 32 ans, ont été déférés devant le procureur ce jeudi. Deux d’entre eux ont été placés en détention provisoire dans la soirée, les deux autres laissés libres sous contrôle judiciaire.

Tous les quatre ont été présentés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Douai ce vendredi et, à leur demande, leur procès à été renvoyé au 30 juillet. Dans l’attente, un seul des quatre prévenus, dont l’hébergement n’était pas assuré, a été maintenu en détention.

Le mineur, originaire du Pas-de-Calais, a été mis en examen par un juge du tribunal judiciaire de Béthune pour « destruction de biens en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un délit », indique la DIPJ, puis placé sous contrôle judiciaire.

La destruction de cette antenne-relais n’a rien d’anodin. En plus de priver de réseau téléphonique certains clients des alentours, elle aurait causé « un préjudice estimé entre 300 000 € et 500 000 €  ».

Dans l’intimité toute relative d’une Peugeot 206

Jordan P. (29 ans), cuisinier dans un restaurant à Bondues, héberge Antonio L., un Strasbourgeois de 21 ans en quête d’une formation en commerce, depuis quelques mois à Roubaix. Les deux connaissent Christopher B. (29 ans) et Romain O. (31 ans), caristes en intérim, depuis qu’ils ont tous les quatre participé au mouvement des Gilets jaunes.

L’idée de s’attaquer à certains symboles aurait-elle germé à l’occasion de ces manifestations ? La justice devra le dire. Ce que l’on sait pour le moment, c’est que trois des quatre prévenus ont déjà été condamnés pour des dégradations. Jordan P. et Christopher B. étaient d’ailleurs déjà ensemble à cette époque quand ils ont brûlé un radar l’année dernière ; Romain O., lui, sera jugé en novembre, à Amiens, pour l’incendie d’un arrêt de bus. Cet « angoissé d’origine », qui fume trois à quatre joints par jour, n’est pas près d’arrêter la drogue.

La voiture qui parle

Romain O. et Christopher B. ne seraient pas les plus impliqués dans l’histoire. En effet, contrairement à Jordan P. et Antonio L., ils n’auraient pas participé à l’incendie de l’antenne. Mais leur participation dans l’organisation ne ferait aucun doute, selon le parquet. Grâce à la vidéosurveillance, les policiers ont réussi à identifier le véhicule utilisé la nuit du 2 au 3 mai. Une Peugeot 206 qui appartient à Jordan P. et que les enquêteurs ont « sonorisée ».

Même si tous les suspects, à l’exception de Romain O., ont gardé le silence en garde à vue, c’est fou ce que les uns et les autres parlent en voiture. Leurs conversations auraient permis de cerner au plus près les activités du groupuscule. Et l’antenne-relais de Dorignies n’était semble-t-il pas la seule à être visée…

https://www.lavoixdunord.fr/773045/article/2020-07-03/incendie-d-une-antenne-relais-douai-quatre-suspects-devant-le-tribunal-cet-apres