Des nouvelles d’Ivan, incarcéré depuis plusieurs mois à la prison de Villepinte.

De nouvelles perquisitions

Les « attentions » à mon encontre, de la part de l’AP [1] (et/ou de la juge d’instruction ?), continuent. Encore des représailles pour mes grèves de la faim ? Qui sait…

En tout cas, le 14 février il y eu une troisième perquisition de ma cellule (après celles du 6 décembre et du 9 janvier). Vers 19h30 les ERIS ont débarqué avec casques, cagoules et boucliers. Ils étaient une douzaine, un gradé tenait des feuilles à la main, sur la première j’ai pu voir ma photo. Notre cellule est la seule de cette aile à avoir été fouillée (mais ils ont fait passer un chien dans les couloirs), deux autres l’ont été dans une autre aile, je ne sais pas pour ce qui est des autres bâtiments. Il y avaient le directeur de la prison, Michael Merci, et la directrice adjointe qui regardaient, au delà des portes vitrées. Dès qu’on nous a fait sortir de la cellule, moi et mon codétenu (qui etait ici en bâtiment depuis une semaine à peine) on nous a menottés, après on nous a amenés dans le local des douches, au rez-de-chaussée, pour l’habituelle fouille à nu. Nous sommes restés enfermés dans les douches pendant les deux heures qui a duré la perquisition de notre cellule. Ils ont trouvé un téléphone portable avec son chargeur. Le mardi 21 mars, je suis donc passé en conseil de discipline. Comme punition, pendant 30 jours je suis privé de la possibilité de cantiner.

Le 30 mars, rebelote. Les ELAC débarquent et l’histoire recommence, encore une fois.

L’enquête : disques durs déchiffrés

En ce qui concerne l’enquête, ces derniers mois des nouveaux éléments ont été versés au dossier. Le plus significatif est que la police a réussi à avoir accès à mes ordinateurs, même s’ils étaient chiffrés. Celui du travail, sur lequel est installé Windows, est chiffré avec BitLocker. Un PV précédemment versé au dossier dit qu’ils avaient déjà essayé d’y accéder pendant ma garde à vue mais qu’ils n’avaient pas réussi. Mais en septembre la Brigade d’appui en téléphonie, cyber-investigation et analyse criminelle (BATCIAC) a envoyé à la SDAT une copie du disque dur. Dans le PV, ils expliquent seulement qu’ils ont démarré l’ordinateur avec une clef USB bootable et que, ensuite, ils ont utilisé le logiciel AccesData FTK imager 3.3.05 pour copier le disque dur. Mais ils ne parlent pas du déchiffrement en soi.

Mon ordinateur personnel, qui tourne avec Ubuntu 18, est chiffré avec Luks (le mot de passe est de plus de vingt caractères : lettres, chiffres, signes de ponctuation…). Je n’ai trouvé dans le dossier aucune indication sur le moyen qu’ils ont utilisé pour le déchiffrer, mais là aussi ils ont fait une copie du disque dur. Il y a même des fichiers qui avaient été effacés et des e-mails qui avaient été téléchargés avec Thunderbird (et ensuite effacés). Ils n’ont trouvé rien qui puisse se rapporter aux incendies dont je suis inculpé. Mais je pense que le fait même qu’ils aient pu avoir accès à des disques durs chiffrés avec des logiciels censés être inviolables doit être connu le plus largement possible.

Courrier et prolongation de la détention

Mon courrier continue à être fortement ralenti (en moyenne, je reçois les lettres un mois et demi ou deux mois après leur expédition) : la juge d’instruction lit toutes les lettres qui m’arrivent et que j’écris. Quatre de mes lettres ont été photocopiées et versées au dossier : deux que j’avais écrites à des personnes de l’Envolée, une adressée à Boris (le compagnon bisontin qui est à l’hôpital après l’incendie de sa cellule à la prison de Nancy, en août 2021) et celle, adressée à la Gare, près de Bure, dans laquelle j’expliquais que dans « mon » dossier apparaît la plainte que le rédacteur en chef de l’Est Républicain a déposé contre les admins du site bureburebure.info pour avoir relayé la revendication de l’incendie d’une voiture du journal (incendie dont je suis accusé).

Autrement, ma détention préventive a été prolongée jusqu’à la mi-juin.

Je vais bien, je garde la pêche et regrette de ne pas pouvoir être dans les rues, ces temps-ci. Une pensée solidaire pour Alfredo (et pour tous les compas en prison).

La solidarité c’est l’attaque ! Vive l’anarchie !

Ivan 8 avril 2023

Note

Pour lui écrire : Ivan Alocco n. d’écrou : 46355 M.A. de Villepinte 40, avenue Vauban 93420 – Villepinte

Notes

[1] Administration Pénitencière

source : http://77xqldfym373pgwif6mcakdcgbc7u3k3rivpzgew4wzejwos3zqkzsid.onion/une-lettre-d-ivan-enferme-a-la-16935