Pourquoi les illégalismes commis par de multiples mouvements sociaux
nous paraissent ne pas devoir faire l’objet de poursuites judiciaires,
alors que ceux commis par les prétendus « émeutiers » ne reçoivent, pour
le moment, presque aucun soutien de ce genre ? Les luttes sociales
comportent toujours, en leur sein, une lutte pour dire quelles sont les
formes légitimes de la lutte. Sur ce plan, nous – acteurs des mouvements
progressistes, militants associatifs, syndicaux et des partis politiques
de gauche – avons perdu beaucoup de terrain – le droit de grève étant
lui-même insidieusement remis en cause. Toutefois, l’actualité
française, après douze nuits d’insurrection dans nos banlieues, requiert
que cette question soit posée de la façon la plus explicite possible. Je
souhaite montrer, dans les lignes qui suivent, que les diverses raisons
exposées à gauche pour se désolidariser des jeunes révoltés de ces
dernières nuits méritent d’être réexaminées, et qu’elles ne résistent
pas à l’examen.*
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Quand les postiers de Bègles commettent des actes illégaux dans leur
lutte légitime, en séquestrant leur supérieur hiérarchique, nombreux
sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent
l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.

Quand les lycéens commettent des actes illégaux dans leur lutte
légitime, en cadenassant l’entrée de leurs bahuts, nombreux sont les
acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des
poursuites ou appellent les juges à la clémence.

Quand les marins de la SNCM commettent des actes illégaux dans leur
lutte légitime, en détournant un navire, nombreux sont les acteurs du
mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites
ou appellent les juges à la clémence.

Mais quand la lutte n’est pas tout à fait ce qu’on croit qu’elle devrait
être, quand il n’y a ni porte-parole, ni organisation, quand ce sont les
plus déshérités des dépossédés [1] qui commettent des actes illégaux,
alors tout change : on a beau reconnaître que leur colère est légitime,
on a beau entendre, dans les bribes d’interviews que nous en proposent
les journalistes, que leur discours est plus et mieux politisé, plus
lucide que celui de la plupart de nos élus, personne ou presque ne les
soutient, ne demande l’abandon des poursuites, ni n’appelle les juges à
la clémence (à l’exception de quelques structures très minoritaires,
telles que les Indigènes de la République ou DiverCité).

J’aimerais bien qu’on m’explique cette petite incohérence. Je crains
qu’elle soit beaucoup plus difficile à justifier qu’il n’y paraît.

L’article de Dominique Simonnot, paru le 9 Novembre dans /Libération/,
ainsi que divers comptes rendus d’audience ayant circulé sur la toile,
ont pourtant la vertu de nous informer clairement du genre de « justice »
qui est en train d’être rendue pour cette série de cas : on ne pourra
pas dire qu’on ne savait pas.

Examinons donc les apparences de bonnes raisons avancées à gauche pour
ne pas se solidariser avec les jeunes interpellés lors de ces dernières
nuits.

Entendre des gens dire qu’il est scandaleux de brûler des voitures ou
des bus parce que cela empêche les gens de travailler n’a rien
d’étonnant. L’empêchement de travailler, les salariés pris en otage,
n’est-ce pas là le vieil argument de la droite contre les grévistes de
la RATP, de la SNCF, de la RTM aujourd’hui ? Que des gens qui se disent
de gauche avancent ce genre d’argument est, en revanche, plutôt
consternant. Entendre dire qu’il est scandaleux de brûler des magasins,
parce que c’est l’emploi des gens qui y sont salariés qui est menacé,
rejoint sur le fond le même argumentaire de la droite, qui brandit la
menace des licenciements quand un mouvement social lui déplaît. Aussi,
de deux choses l’une : ou bien c’est la droite qui a raison, et a ce
moment-là il faut dire oui au service minimum dans les transports en
commun et se ranger aux positions de l’UMP. Ou bien cet argumentaire
n’est pas valable pour ce qui concerne les grévistes de la SNCF, et il
n’y a dès lors pas lieu de l’avancer pour justifier de laisser les
jeunes révoltés seuls face à l’institution judiciaire.

Ira-t-on dire que la différence cruciale avec d’autres formes de
contestation est que les incendies en banlieue ont touché des biens
privés, les rares biens des travailleurs habitant les cités ? On se
range alors à l’idée qu’il faut protéger par-dessus tout la propriété
privée, et qu’elle seule doit être défendue, tandis que la colère
sociale ne devrait pas l’être. Je ne crois pas que ce soit une position
satisfaisante pour la gauche. Je ne crois pas en tout cas que cela
justifie, encore une fois, qu’on laisse les prétendus « émeutiers » se
débrouiller seuls avec l’institution judiciaire, sans soutien du
mouvement social.

Ira-t-on dire encore qu’il s’agit de destruction de richesses ? Mais
lorsqu’une grève a pour effet une diminution de la production marchande,
cela coûte de l’argent. Des richesses qui pourraient être produites ne
le sont pas. Là aussi, la différence n’est pas essentielle. Elle est
seulement d’apparence et d’émotion : ce sont deux formes de déperdition
de richesses ; par les flammes et impressionnante dans un cas,
imperceptible et inaperçue dans l’autre. La véritable distinction à
faire est que, dans le cas des grèves, c’est d’abord le patron qui perd
de l’argent. Mais cet argument n’est certainement pas décisif à lui seul
pour nier toute légitimité à cette autre forme d’expression de la colère
sociale.

D’autres encore disqualifient la révolte des jeunes des cités au motif
qu’ils ne seraient pas motivés par une volonté de changement social,
mais par un désir d’argent et de consommation. Ce discours est
consternant. Car personne, à gauche, n’a contesté les nombreux
mouvements sociaux et grèves qui visaient, ces dernières années, à
l’augmentation des salaires ou au rétablissement des indemnités des
chômeurs ou intermittents du spectacle.

Autre argument, plutôt creux, entendu ici ou là : ces jeunes s’attaquent
à des objets qui n’ont pas de portée symbolique, il n’attaquent pas les
signes du capitalisme. Mais lorsqu’ils lancent des cocktails Molotov sur
des véhicules de police, qui peut nier que cela a une portée symbolique
? Faut-il défendre ceux qui attaquent la police, plus que ceux qui
brûlent les voitures ? Evidemment non – mais il faut observer que la
fréquente bienveillance avec laquelle on parle des pavés jetés sur les
CRS par les étudiants de Mai 68 ne rencontre pas semblable
désapprobation. Pourquoi donc ? Parce que les étudiants de Mai 68
avaient de jolis mots d’ordre lettrés ? Derrière tout cela, se dissimule
une falsification inaperçue, insidieuse de l’histoire, qui va
parfaitement dans le sens des intérêts des dominants. Certains semblent
s’imaginer que le progrès social passe exclusivement par les
chancelleries et les dîners de gala : comme en attestent parfaitement
l’irréprochable paix sociale qui, en 1936, a gentiment mené nos
grands-parents vers l’obtention des congés payés ; ou encore, la façon
dont on a obtenu les accords de Grenelle en 1968. Il faut se garder de
céder à ces reconstructions mythologiques, et quelque peu iréniques, de
notre histoire sociale. Il y a eu, en 1936, en 1968, des grèves
largement suivies ; mais à la même période, la protestation a également
pris des formes émeutières ou insurrectionnelles qui n’épargnaient pas
toujours, loin s’en faut, les biens d’autres pauvres.

Et lorsque les jeunes banlieusards brûlent aujourd’hui une entreprise,
un centre commercial, est-on sûr que cela n’a pas de signification
symbolique ? Evidemment non : cette colère, alors dirigée vers les lieux
concrets où l’on travaille et consomme, lieux de la société salariale
dont l’accès est refusé à une partie importante de notre jeunesse, a un
sens. Lorsque brûlent les écoles, les crèches, certes, cela peut être
considéré comme contre-productif ; mais enfin, sommes-nous si bon
sémiologues et sociologues pour dire ce qui a une signification
symbolique et ce qui n’en a pas ? A quel titre, du haut de quel point de
vue surplombant et omniscient s’autorise-t-on à dire ce qui est sensé et
mérite d’être soutenu, et ce qui sera disqualifié comme absurde ou
irrationnel ?

D’autant qu’on n’hésitera pas, deux phrases plus loin, à parler des «
voies de garage » dans les formations scolaires qui leur sont proposées
– quitte à mépriser au passage le travail des enseignants desdites
formations, et perpétuer ainsi ce qu’on dénonce – et de tri social à
l’école : comment prétendre ensuite que brûler l’école n’a pas de
signification ? L’incohérence, ici, est manifeste ; et l’absurdité est
du côté de ceux qui croient la dénoncer.

Pour prendre le cas apparemment le plus dépourvu de signification
symbolique : brûler une voiture, au hasard dans la rue. Il n’est
pourtant pas besoin d’être grand clerc pour voir là une portée
symbolique tout à fait limpide. Quelle valeur peut avoir une voiture,
si, aussi loin qu’elle aille, elle ramène toujours ses passagers dans
les quartiers de relégation sociale ? Si elle ne peut pas mener au-delà
de la désespérance et de l’inexistence sociale, plus loin que la
fatalité d’être mal né, pourquoi pas la détruire ?

Il ne s’agit là que d’une manière de trouver une signification à de tels
gestes ; l’exposer ici a seulement pour objet de montrer que
l’insignifiance symbolique n’est pas aussi simple à déceler qu’on le
prétend parfois.

De ces réflexions, je conclus qu’il n’appartient à personne de dire ce
qui a valeur de symbole ou pas. Je conclus également : il semble que
pour bon nombre de gens réputés de gauche, ce qui a valeur marchande ne
peut pas faire symbole, et ne peut dès lors être pris pour cible d’un
mécontentement social. Idée qui est, en soi, très chargée de
signification quant aux capacités véritables de beaucoup d’entre nous à
rompre avec l’ordre symbolique capitaliste : il est à craindre que la
contestation de la société marchande appelée à sortir de ce genre de
présupposés n’ait, pour le coup, qu’une portée purement symbolique,
voire : anecdotique.

Autre argument creux pour justifier l’absence de soutien aux prétendus «
émeutiers » : leur action serait inefficace, et vouée à l’inefficacité.
Elle serait motivée par un souci spectaculaire : passer à la télé,
rivaliser dans les médias avec les gars de la cité d’à côté. Mais quand
les marins de la SNCM ont détourné un bateau vers la Corse, cette action
avait surtout cette efficacité, médiatique, de faire monter la pression
sur le gouvernement, d’exprimer spectaculairement leur détermination,
enfin d’œuvrer à la prise de conscience de tous via les médias. Sur ce
point, on voit mal la différence de principe avec les prétendus «
émeutiers ». On peut aussi penser que les marins, franchissant la borne
de l’illégalité, ont voulu à juste titre surenchérir (rivaliser ?) par
rapport aux autres groupes sociaux en lutte, par exemple les
enseignants, qui n’ont pas franchi cette borne en 2003 [2], et dont les
revendications sont passées dans les poubelles de l’Hôtel Matignon.

Et pour ce qui est de l’efficacité autre que spectaculaire, on ferait
peut-être mieux de se taire : voilà trois ans, depuis le premier budget
du premier gouvernement Raffarin, que syndicats enseignants,
associations de quartiers, travailleurs du ministère de la Jeunesse et
des Sports, éducateurs, travailleurs sociaux, font inlassablement
savoir, mais seulement par des voies légales et institutionnelles, qu’il
est désastreux de supprimer les subventions aux associations travaillant
dans les cités. Cela n’a abouti à rien, rien qu’au mur du mépris
gouvernemental. Douze nuits de voitures brûlées, et voilà que soudain le
grand homme d’Etat Villepin parle d’augmenter ces subventions, et qu’à
côté du lot attendu de mesures régressives et répressives il reconnaît
l’erreur commise. Le Premier Ministre semble même enfin concevoir que le
rétablissement des postes d’assistants d’éducation en ZEP peut avoir une
utilité. J’en conclus que le bilan est pour le moins ambigu, et que les
douze nuits d’incendies auront peut-être plus d’efficacité que les trois
dernières années de protestation syndicale continuelle et de grèves perlées.

S’il y a bel et bien, comme on le dit à gauche, /état d’urgence social/,
le minimum serait d’exiger que les personnes victimes d’atteintes à
leurs biens lors de ces dernières douze nuits soient indemnisées en
totalité par des fonds publics, sur la base de leur valeur d’usage et
non de leur valeur marchande, et que personne ne soit poursuivi pour ces
atteintes. Cette mesure serait vraisemblablement la plus à même d’éviter
l’apparition d’un esprit de revanche et de vindicte, et d’œuvrer ainsi,
dans les quartiers populaires, à la nécessaire réconciliation entre les
personnes ayant perdu leur bien et ceux qui ont commis les dégradations.
Quoi qu’on pense de cette dernière proposition, il est impératif que la
gauche rompe totalement avec le lexique des « violences urbaines » et
autres expressions de ce genre, qui sont de purs artefacts de la sphère
spectaculaire-sécuritaire, et ne veulent rien dire de précis. Car, ne
permettant pas de faire la distinction minimale entre les atteintes aux
biens et les atteintes aux personnes, l’expression de « violences
urbaines » ouvre la voie à tous les amalgames, sur fond du présupposé
fondamental : la marchandise doit être en toute circonstance protégée,
au même titre que les personnes. Or, les atteintes graves aux personnes
ayant un lien formellement établi avec les prétendues « émeutes » n’ont
été pour l’instant que très peu nombreuses. Il y a eu des actes
injustifiables, tels que l’incendie d’un bus occupé. Il n’en reste pas
moins que la très grande majorité des violences s’est cantonnée à des
atteintes aux biens, ou à des affrontements avec les forces de l’ordre
ne mettant pas en danger la vie des agents. De ce point de vue, la
prétendue « explosion de violence » des jeunes banlieusards n’est
certainement pas aussi irrationnelle et incontrôlée que les médias
dominants l’ont prétendu.

J’étais, mercredi 9 novembre, de 17 heures à 19 heures, à Bobigny : au
Tribunal de Grande Instance, où comparaissent les prévenus ; je n’ai pas
vu un militant, pas un tract. Cent mètres plus loin, devant la
préfecture : mille personnes rassemblées pour manifester contre l’état
d’urgence.

Il me semble qu’il faut immédiatement rectifier cette stratégie, ou
cette absence de stratégie. Nous ne pouvons pas laisser ces adolescents
et jeunes adultes sans soutiens devant la justice [3].

Il serait évidemment absurde et falsificateur d’en conclure que
j’appelle à cautionner tous les actes commis durant les prétendues
« émeutes ». Mais l’attitude actuelle des acteurs du mouvement social
revient, de fait, à un blanc-seing donné à l’institution judiciaire, qui
elle-même ne statue pratiquement que sur des rapports de police, pour
cette série d’affaires. Par conséquent, la question est : faut-il donc
/toujours/ faire une confiance /totale/ à la police, dès lors que les
gens interpellés viennent des cités, et ne sont ni syndiqués, ni membres
d’organisations progressistes ?

Je doute, pour diverses raisons, que ce soit la bonne approche.
Certaines organisations s’opposent à l’expulsion immédiate des
ressortissants étrangers arrêtés durant ces dernières nuits, mais cette
exigence n’est certainement pas suffisante.

Etant donné les circonstances, il faut en finir, à gauche, avec le
dérisoire plaidoyer pour l’ordre républicain. On appelle au respect des
valeurs et du droit, et le résultat est le suivant : la loi d’exception
de 1955, la menace sur les libertés publiques, le simulacre de droit
devenu ouvertement non droit. L’ordre républicain, tel qu’en lui-même,
enfin, l’Etat d’urgence le montre : ordre colonial ou policier, plus ou
moins euphémisé, plus ou moins /soft/ ou /hard/, c’est selon :

– l’ordre républicain de la double peine tantôt abolie, tantôt rétablie,
c’est selon ;

– l’ordre républicain de la traque des sans-papiers, par le biais d’un
non respect massif des lois qui réglementent le contrôle d’identité ;

– l’ordre républicain où l’on exige en toute illégalité discriminatoire
que certaines catégories de la population aient toujours leurs papiers
sur eux ;

– l’ordre républicain de la destruction des familles dont l’un des
membres n’a pas de papiers ;

– l’ordre républicain des charters d’expulsion vers l’Afghanistan ;

– l’ordre républicain du démantèlement méthodique, par tout moyen, des
lois régissant le travail ;

– l’ordre républicain de l’impunité de Supermenteur ;

– l’ordre républicain d’un ministre de la Justice qui revendique à haute
voix l’anti-constitutionalité de sa loi rétroactive sur le bracelet
électronique ;

– l’ordre républicain du missilier Dassault, à la fois sénateur et
fournisseur d’armements à l’Etat, qui vote les budgets de la Défense
Nationale dont une part substantielle iront dans sa poche ;

– l’ordre républicain du pillage des biens publics au profit des
actionnaires et d’un copain d’études du Premier Ministre (cas de la SNCM) ;

– l’ordre républicain où même les banquiers qualifient de « /hold-up/ »
(/Le Monde / daté du 10 Novembre) l’action économique du gouvernement
(s’agissant de la suppression du fonds de garantie des prêts à taux
zéro, profitables aux classes moyennes et populaires).

L’ordre républicain du respect du droit – ou de sa mise en pièces, c’est
selon. L’ordre républicain, tel qu’en lui-même : celui où chacun se
croit tenu, par bienséance ou intimidation, d’appeler rituellement (et
jusque, hélas, dans les colonnes de /Politis/) à la punition de certains
illégalismes, tandis que d’autres sont tellement banalisés qu’on oublie
de les considérer comme des scandales à sanctionner – tant la conception
prédominante du droit et de l’ordre est-elle même indigente, soumise et
confortable aux intérêts marchands ou électoralistes de quelques-uns ;
surtout : docile à la plus inique et la plus invisible des lois : la loi
du plus fort.

L’ordre républicain – qui, à gauche, pourrait décemment le nier en
pareilles circonstances ? – est une certaine modalité du désordre :
celle qui arrange les groupes ayant pouvoir d’accréditer la conception
de l’ordre et du désordre conforme à leurs intérêts, réels ou imaginaires.

Brûler des voitures ? Laisser libre cours à sa rage devant l’injustice
et l’indécence ? Casser, tout casser ? Nombreux, nous l’avons rêvé ; ils
l’ont fait. Je laisse à d’autres la responsabilité de /punir ces actes
plutôt que d’autres./ Je ne me reconnais pas dans cette parodie d’ordre
républicain. Je refuse que les prétendus « émeutiers » soient punis de
cette façon /en mon nom./ J’invite ceux qui partagent cette analyse à
assister aux audiences des jeunes en comparution immédiate, à manifester
notre solidarité à leurs familles et leurs amis, comme aux victimes de
toutes les violences de ces dernières nuits, enfin à protester contre
l’Etat d’urgence.

*François Athané *

*14 novembre 2005*

Notes:

[1] Dépossession qu’il est désormais urgent de ne plus réduire à sa
seule dimension économique. En effet, l’absence de porte-parole et
d’organisations de masse véritablement représentatives de la jeunesse
des quartiers pauvres atteste au grand jour que cette dépossession est
également /politique./ Ce qui n’implique nullement l’absence d’une
/conscience/ politique chez beaucoup de ces jeunes pauvres ; mais bien
plutôt l’inexistence des moyens institutionnels et organisationnels de
la faire entendre. Cette situation n’est vraisemblablement pas pour rien
dans le fait que la contestation se trouve prendre les formes
spectaculaires que l’on a vues ces dernières nuits. Retracer les
déterminants de cette dépossession politique serait nécessaire ; ce
n’est toutefois pas directement l’objet de mon propos.

[2] Les grèves des enseignants de l’école publique ont pris fin en juin
2003 lorsque les grévistes ont préféré ne pas « bloquer le bac »,
mettant ainsi un terme à leur mouvement de protestation contre la
réforme des retraites et la décentralisation de certains personnels de
l’Education Nationale, organisées par le gouvernement de Jean-Pierre
Raffarin.

[3] Depuis que ces lignes ont été écrites (le 10 novembre 2005), divers
groupes de militants ont commencé à se mobiliser dans ce but. Mais il
est regrettable que ces actions soient pour l’instant cantonnées à des
réseaux aux effectifs très restreints, et qu’aucune organisation de
masse n’ait appelé à y prendre part.