Qu’est ce qu’Indymedia ? Indymedia est un réseau de médias autogérés créer en 1999 à l’occasion du sommet de Seattle, à une époque où internet ne permettaient pas aussi facilement qu’aujourd’hui de s’auto-publier. Aujourd’hui, en parallèle du réseau Indymedia, beaucoup d’informations militantes passent par des site web gérés par des collectifs qui développent leur propre ligne politique (ou malheureusement publié en priorité sur des réseaux comme Facebook). Ces sites web enrichissent largement l’information militante et la réflexion révolutionnaire mais ne rendent pas obsolète le réseau Indymedia. Indymedia est un espace d’expression et n’a pas de ligne politique. Enfin, si, bien sûr, mais une ligne très large telle que défini dans sa charte. En gros, contribuer aux mouvements sociaux et luttes révolutionnaires et ne pas relayer des propos sexistes, racistes, homophobes, etc… Indymedia peut donc servir d’espace de débat et de confrontation entre des groupes militants ou individu.e.s qui n’ont pas la même ligne politique.

Nous pensons que notre site a été particulièrement utile à l’expression d’opinions dissidentes concernant la Zad. Par exemple, beaucoup de gens – sur la Zad et en dehors – ont très mal vécu que quelques jours après l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport, une partie du mouvement anti-aéroport soit venu détruire les cabanes/barricades sur la D281 contre l’avis des gens qui les utilisaient et de toute une autre partie de ce même mouvement. Les réunions qui se sont tenues sur la Zad n’ont pas permis de discuter, ni même de s’engueuler sur cette question. Le site web zad.nadir.org a continué à publier des communiqués triomphants en masquant les conflits et les voix dissonantes. La plupart des sites web militants ont refusé de publier les textes qui s’écartaient de la « voix officielle de la Zad » parce qu’ils ne voulaient pas prendre parti dans « les embrouilles de la Zad ».

Il n’appartient pas au groupe de modération d’Indymedia Nantes d’avoir un avis sur la destruction des cabanes de la D281. En revanche, notre rôle est de fournir un espace pour que les différentes positions puissent s’exprimer, dans le respect de la charte du site. Notre responsabilité est de permettre à des sympathisant.e.s de la Zad qui habitent plus loin, de comprendre les enjeux et de percevoir les conflits qui l’agitent, en particulier quand le site zad.nadir.org ne permet plus cela. L’existence de tels espaces d’expression est une condition indispensable à la possibilité de luttes auto-organisées.

Lorsque le collectif qui animait radio Klaxon depuis des années a décidé d’arrêter son activité, dégoûté par des conflits sur la Zad, le site zad.nadir a non seulement refusé de publier sa dernière déclaration, mais a aussi publié une version altérée qui gommait les conflits. Indymedia Nantes avait alors permis que Radio Klaxon puisse publier son dernier communiqué. Indymedia Nantes a aussi permis la dénonciation d’agressions qui étaient légitimées par les groupes dominants de la Zad.

La politique de zad.nadir d’invisibiliser les conflits et les dissensions n’est pas parvenu à apaiser les conflits. Au contraire, ces conflits se sont gravement envenimés, et il n’est pas étonnant que ceux-ci trouvent d’autres espaces – dont Indymedia Nantes – pour s’exprimer (klaxon comme le Zad news ou encore l’AG des habitant.e.s n’existant plus). Un communiqué d’une partie des habitant.e.s de la Zad, pour réagir contre l’incendie volontaire d’un appentis proche du « hangar de l’avenir » mentionne le site Indymedia. On a cru comprendre que le communiqué nous attribue une part de responsabilité dans les conflits qui les traversent parce que nous laissons un espace d’expression à celles et ceux qui n’en n’ont pas sur le site zad.nadir.

Nous nous serions « employés […] à relayer divers appels et commentaires invitant à « brûler la zad » et ses habitant.e.s« , rien que ça! S’il est arrivé que quelques commentaires de ce genre soit postés (mais finalement extrêmement peu par rapport au nombre d’écrits publiés sur le sujet, et en tout cas jamais à « brûler des habitant.e.s« ), ils ont toujours été modéré, à moins d’erreurs (rectifiées lorsqu’elles étaient pointées) de notre part. Nous nous demandons donc bien où les quelques auteurs de ce communiqué peuvent prétendre trouver des appels de ce type sur le site. Tout cela relève plutôt d’un récit diabolisant, caricatural (parce que bien d’autres choses sont dites à propos de la ZAD sans pour autant recevoir de réponses) et victimisant. Rappelons le donc encore une fois : nous n’écrivons pas les contributions, celles-ci sont postées par qui le souhaite et nous ne faisons que les modérer en fonction de la charte, et ce malgré nos différentes positions individuelles par rapport à la ZAD. Nous ne nous somme donc pas « employés » nous même à quoi que ce soit d’autre.

Les incendies volontaires ne sont pas nouveaux sur la Zad. On se souvient de l’incendie de la cabane Bison Futé quelques semaines avant que le mouvement vienne détruire les cabanes de la route. Difficiles d’accuser Indymedia. Un autre communiqué, qui émane du site zad.nadir parle du « travail dégueu d’indymédia nantes« . Encore une fois, on se demande bien quel « travail » nous ferions, hormis permettre un espace d’expressions diverses. Ces deux communiqués se rajoutent à des menaces qu’on a déjà reçu en commentaire anonyme de la part de quelqu’un qui prétendait connaître l’identité de certain.e.s membres de notre collectif.

Modérer un site comme celui d’Indymedia Nantes nous demande énormément de temps et d’énergie. Nous pensons que notre site est utile aux luttes sociales. Nous avons l’habitude de recevoir beaucoup de commentaires acides sur notre façon de modérer. C’est moins souvent que des groupes constitués nous désignent comme ennemies dans des communiqués publics. D’éventuelles critiques d’Indymedia Nantes mériteraient d’être plus étoffées que « le travail dégueu d’Indymedia Nantes ». Ça ne dit pas en quoi notre travail est dégueulasse, ça fait juste comme une évidence qu’il n’y a pas besoin d’expliquer.

En tant que collectif media, nous n’avons pas participé à la lutte de la Zad autrement qu’en permettant la circulation de l’information. De quoi nous accuse-t-on ? De mal « contrôler » l’information ? De ne pas faire un travail de censure qui serait attendu de nous ? S’il y a des conflits graves sur la Zad, ce n’est pourtant pas parce que des espaces d’expressions permettent à ces conflits de s’exprimer. Au contraire même, la pratique systématique de les censurer et ne jamais les discuter tendrait plutôt à donner raison à celles et ceux qui ne voient qu’un groupe autoritaire dans ce qu’il reste de la ZAD.

Le collectif de modération d’Indymedia Nantes.

Le communiqué d’habitant.e.s de la Zad

Le communiqué du site zad.nadir