Nous, étudiant-e-s nantais-e-s, exilé-e-s et personnes solidaires réunis au sein des Univers Cités, avons réquisitionné samedi après-midi l’ancienne École des Beaux-Arts afin que des jeunes exilé-e-s ne passent pas l’hiver dans la rue. Nous sommes entrés sans effraction, et y avons trouvé chauffage, eau courante et même des logements de fonction en parfait état, contrairement aux déclarations de la municipalité, le lieu était donc parfaitement habitable. Nous avions pour volonté d’ouvrir le dialogue avec la municipalité, on ne nous en aura pas donné l’occasion.

La police nous en a expulsé sans sommations le dimanche midi, à la veille de la journée mondiale des droits de l’enfant. L’intervention a été violente, provoquant une crise de tétanie chez un des jeunes exilé-e-s présent dans le lieu, un autre s’est cassé les deux pieds en tentant de sortir pendant que les forces de l’ordre quadrillaient la zone. Devant le bâtiment une militante a eu le crane ouvert par un coup de matraque et une autre a été interpellée. Pendant ce temps une trentaine de personnes étaient nassées pendant deux heures dans la cour de l’école.

Mais que font les élu-e-s ?

Ce sont actuellement au moins une soixantaine d’exilé-e-s mineur-e-s qui dorment à la rue, alors que l’hiver arrive. Macron s’est engagé à appliquer la trêve hivernale pour tous et toutes, pourtant les pouvoirs publics refusent de prendre leurs responsabilités et de respecter les Droits de l’Enfant en ne proposant pas de solutions d’hébergements et en expulsant les squats déjà ouverts où ils et elles sont logé-e-s. Puisque la Mairie et la Préfecture semblent refuser que les citoyen-ne-s ne s’emparent du problème nous leur demandons de le faire. Plutôt que de lancer des travaux d’ampleur pour construire des habitations et infrastructures inutiles et bourgeoises, comme les 35 millions alloués à l’arbre aux hérons de Chantenay, il existe de nombreux bâtiments à l’abandon qui pourraient être rénovés pour y héberger les personnes à la rue. La multiculturalité et l’ouverture aux autres ne sont pas seulement des étendards à brandir pour rendre une ville attractive mais des responsabilités à endosser.

On nous expulse, nous recommenceront !

Le mouvement Univers Cité ne s’arrêtera pas là. Tant qu’il y aura des bâtiments et logements vides à réquisitionner et des jeunes exilé-e-s à la rue, nous continuerons à ouvrir ces lieux pour qu’il puissent être au chaud, avoir à manger, accès à l’éducation et qu’ils puissent rencontrer et échanger avec d’autres jeunes de leur âge, pour ne plus se trouver isolés et démunis. Pendant cette action un fort réseau de solidarité a commencé à se mettre en place, nous avons reçu de nombreux dons de nourriture et de biens qui seront détruits ou jetés à la poubelle au lieu d’être distribués à celles et ceux qui en ont besoin. Les dix logements – un nombre ridicule compte tenu du nombre de personnes à la rue – promis dès lundi par la municipalité ne seront même pas directement pour les jeunes exilé-e-s.

Nous nous mobiliserons dans la rue et sur nos lieux d’études pour mettre en place des réseaux de solidarité avec et pour les jeunes exilé-e-s.