Je viens de rentrer sur Bordeaux et je tenais a laisser un petit temoignage de mon sejour dans ce village auto-géré au VAAAG.

Malgré la répréssion policière à Genève et Lauzane, malgré l’ intox médiatique du Parti de la Presse et de l’ Argent , le mouvement libertaire prend quand même considérablement de l’ampleur . Un tounant important s’impose à lui aujourd’hui. Peut-être est -il l’heure à l’anarchisme de reprendre son rôle historique ?

J’ai cette intuition car le nombre de libertaires ne cesse d’ augmenter. Le PPA ,bien obligé, commence à réemployer les mots « libertaire » , »anarchiste », »anarcho-syndicalime » bannis du dictionnaire ou détournés jusqu’ à présent(anarchisme=chaos) .

Le mouvement libertaire s’est imposé dimanche par le nombre de manifestants anarchistes partant d’ Annemasse au point que le Monde du mardi 3 juin diffuse une photo, en haut de page, du cortège libertaire avec drapeau noir et A entourré. Il annonce : « …c’est surtout l’importance du bloc rouge et noir -celui des anarchistes- qui a fait la spécificité du défilé sur le tronçon français. Ce cortège contre les saigneurs du G8 s’est avéré être l’un des plus imposants de la manifestation. Quelque 5000 personnes ont ainsi défilé en son sein, scandant « le capitalisme, c’est la guerre » ou « unité, action, auto-gestion ». Réunis au sein d’une coordination créée pour l’ occasion – la CLAAC G8 ou Convergence des luttes anti-autoritaires et anti-capitalistes contre le G8 – les différents courants libertaires ( Alternative Libertaire, Fédération Anarchiste, réseau No Pasaran, OCL,CNT), qui ont pour la première fois de leur histoire participé à une structure commune, estimaient à cette occasion avoir réussi une action politique majeure… »

Ensuite la Convergence des Luttes Anti-Autoritaires et Anti-Capitalistes a prouvé que les divers mouvements libertaires étaient capables de travailler ensemble et que « converger » n’ était pas le synonyme de « centraliser ».

Mais surtout, je pense que cette expérience de village auto-géré et anti-capitaliste porte en elle un grand espoir pour les mouvements libertaires. Elle constitue un bien meilleur outil de propagande que les tracts, affiches, autocollants ou que les forums organisés à l’occasion. En effet, le terme même de propagande, est en désaccord avec la philosophie anarchiste. On ne convainct pas à l’ anarchisme, on devient anarchiste en le vivant, en l’ expérimentant par soi même . Voila ce que le village a permis à des milliers d’individus et ça a plutot bien marché.

Un grand nombre de personnes ont découvert la portée de l’ anarchisme en participant à la vie du village. Des personnes qui, avant la création du village, étaient complètement étrangère au monde libertaire et qui portaient en eux de gros préjugés . J’ ai pu, par exemple, rencontrer des menbres d’ ATTAC complètement séduits par l’auto-gestion et qui se questionnaient sur la structure de leur association ; ou encore des habitants des quartiers populaires qui hallucinaient sur le concept du prix libre .Ils ont tous pu constater que le village était extrèmement organisé par rapport à d’autres villages non auto-gérés ; ces derniers ressemblants plus à des campings qu’à des espaces de vie communautaire.

Respectant le principe « liberté comme but, égalité comme moyen et fraternité comme conséquence », le VAAAG & la CLAAAC ont permis, grace à la participativité des « villageois », des conditions de vie trés agréables et complètement expérimentales, des débats riches, et des rencontres d’individus de sensibilités différentes. Le village était extrèmement organisé. Bien obligé si on voulait qu’il réponde au principe d’autogestion afin de faire participé au maximum les individus. Tout ceci a permis de jetter aux oubliettes le bon vieux stéréotype issu de la propagande savamment entretenue depuis des années : « l’anarchisme c’est le chaos ».

Le fait de « participer » a beaucoup séduit. Je pense que l’individu ne demande que ça mais qu’ il ne sait plus le faire pris dans la société de consommation. L’ individu est devenu complétement passif et isoler dans « la société du spectacle ». J’ ai ressenti ce village comme une gigantesque « situation » permettant à l’individu de réapprendre à participer. C’est en cela que j’ ai été le plus impressionné.

Cette expérience est à refaire absolument aussi en dehors des contre-sommets. Pourquoi ne pas le faire à l’ échelle locale sur plusieurs villes en France ? Les premiers villages pourraient voir le jour au printemps. Ils se fédéreraient et prépareraient une convergence des luttes à l’automne prochain lors des rentrées scolaires en Septembre. Cela tout en élaborant la vie de village et en faisant une vraie éducation populaire à l’autogestion. Des expériences reconduites d’années en années et qui s’enrichiraient par elles-mêmes. Une nouvelle forme de propagande verrait le jour ainsi que de formidables plateformes de coordination libertaire.

Je pense que je ne dois pas etre le seul à germer ces idées et j’aimerais bien pouvoir en discuter.

Mon adresse : le_t_rible@hotmail.com

yvan de bordeaux