Le projet soupirail : on a pris l’espace, prenons le temps!
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Logement/squatZad
Lieux : Rennes
Depuis quelques temps, nous sommes quelques-uns à s’être croisés. Pour honorer Rémi Fraisse ou rendre victorieuse la Zad ou autour d’un verre à la Boîte Noire. Pour prolonger ces rencontres éphémères, il nous fallait un espace : un lieu de convergence où nos envies s’ancrent dans la ville. Un tel lieu il nous fallait le prendre, parce qu’aucune autorité ne nous en fera cadeau. Le Soupirail est né de cette nécessité, cette envie d’un espace libéré à Rennes.
C’est à l’occasion du Karnaval du 6 février dernier qu’il fût investi pour prolonger la fête, rester ensemble et continuer à renverser l’état d’urgence. Ce jour-là nous voulions vivre avec le mouvement contre l’aéroport l’expression sincère de ce qui nous anime, en décalage avec les formes classiques de contestation et de lutte. Dans la continuité de ce moment, le Soupirail veut réfléchir aux questions qui se posent depuis longtemps sur la Zad.
Ainsi, nous voulons créer au sein du Soupirail une Ambazad, c’est-à-dire un espace de relations entre les comités de soutien à la Zad pour parer à de possibles expulsions. Nous désirons que circulent des voyageurs de ville en ville pour transmettre ce qu’inspire et invoque la Zone à Défendre. De même, nous appelons à ce que les comités de soutien investissent autant de lieux que nécessaires et ce dans un but précis : se muer en autant de comités autonomes de destitution du pouvoir de l’État. Toutefois, la ZAD n’est pas notre unique force.
A Rennes, les urbanistes et les boîtes de construction bétonnent pour un usage contrôlé de l’espace « public » et une vision du progrès qui n’est pas la nôtre. Dans cette guerre territoriale, le collectif Soupirail souhaite arracher pour toujours à cette ville un lieu dont l’usage est défini par celles et ceux qui y vivent et y luttent ; un lieu de surprise, de réflexion, de joie, de repos et d’activités. Cette communauté souhaite construire un rapport de force significatif et si toutes nos envies n’ont pas lieu dans cette maison, ce sera dans la suivante, ou au pire celle d’après.
S’organiser ensemble c’est autant se rassembler ou manifester pour défendre cet espace que le faire vivre dès maintenant en trouvant les outils qui permettent de s’ouvrir et dépasser nos divergences. Nous voulons simplement partager nos discussions, nos manières de faire la fête, nos ateliers. Nous voulons remplir les rues, ne plus être isolés, et s’opposer autant à ce pseudo- état d’urgence qu’aux flics.
Pour cela une assemblée générale a lieu le lundi à 18h. Elle est précédée d’un goûter pour la préparer ensemble. Avec le Soupirail, finis les lieux pourris et froids où on doit raquer, on a enfin un endroit pour se déchaîner. Un endroit pour échanger et pour jouir : à occuper jour et nuit. Retrouvons-nous aussi dans tous nos moments de vie quotidienne, les cantines ou les soirées. Les activités y ont déjà commencé, rejoignez-nous pour en inventer d’autres.
Pour communiquer ensemble une mailing list a été créée. Chacun et chacune est invitée quand il le souhaite à investir les lieux, laisser un contact, et constituer avec nous le collectif Soupirail !
A la question « Vous la voulez comment votre Rennes en 2030 ?» nous esquissons cette réponse : A l’attaque !
RDV chaque lundi à 16h pour le goûter, 18h pour l’assemblée //
soupirail[at]squat.net
« Nous voulons simplement partager nos discussions, nos manières de faire la fête. »;
« Un endroit pour échanger et pour jouir. » Pourquoi le militantisme doit-il avant tout être un moment « fun » et de jouissance ? Assez de ces critiques artistes qui se plaignent de l’inauthenticité du monde et de l’aliénation à la société de consommation ! Tous les artistes bobos s’achètent une rebellion avec ce discours transgressif et non subversif. On a vu le résultat dans les années 68 avec ces militants anti-autoritaires qui ont fondés le management néo-libéral des années 1980, qui n’était qu’une suite logique de leurs propres aveux. Ce qu’il nous faut, c’est le retour de la critique sociale et s’en prendre aux fondements économiques du capitalisme. Je suis plus inquiet de pouvoir remplir mon frigo que de pouvoir me bourrer la gueule tous les soirs.