Angers accueille les touristes mais expulse les migrants
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Catégorie : Local
Thèmes : Immigration/sans-papierEs/frontieresLogement/squatRépression
Lieux : Angers
La réquisition de la Petite Pignonnière, située près du Biopôle, a pris fin ce jeudi 20 août. Une vingtaine de personnes somaliennes se sont vues contraintes de quitter la maison pour rejoindre la rue.
Quelle audace, après deux jours de tergiversations bureaucratiques, le couperet est tombé. Il est fatidique, inhumain, brutal, cynique et cruellement politique. Politique, un mot qui a perdu tout son sens étymologique. Il suffit de regarder les décisions politiques prises chaque jour.
Quelle brutalité que d’expulser, d’ordonner que ces personnes quittent leur habitat aussi précipitamment. Certes une décision judiciaire avait été prise mais quelle était l’urgence pour Angers Loire Métropole de récupérer si rapidement ce bien. Certains habitants vivaient dans cette maison depuis 6 mois. 6 mois durant lesquels ils ont tissé des liens avec l’agglomération angevine, prenant des cours de français à Bouchemaine ou à Saint Barthelemy d’Anjou, allant et revenant incessamment entre Angers et ses dédales administratifs et leur hébergement, certes provisoire, mais bien réel, dans lequel ils pouvaient espérer un peu de réconfort.
Vous avez décidé de leur demander de retourner dormir dehors, de ne pas avoir d’espace à soi, pour poser ses affaires, vivre, se sentir en sécurité, pouvoir se reposer mais aussi s’alimenter, se doucher. Tant de choses qui nous paraissent si banales. Ainsi, Vous, les politiques, vous êtes les seuls à ne pas savoir, à ne pas connaître leurs histoires, à vouloir ignorer ce qui est devant vous, devant vous yeux. Vous feignez l’ignorance et affirmez le principe de réalité, le droit de propriété est un bien beau prétexte. Bien. Mettez les à la rue si tel est votre souhait et votre conception de la politique…
Il est vrai que ces migrants somaliens n’ont guère besoin d’une telle propriété. Autant qu’ils aillent grossir les rangs des personnes dormant à la gare et ses alentours, ou encore ceux des personnes qui n’ont pu entrer à Rouchy… Bonne idée. Une idée lumineuse.
Vous avez raison, continuez dans cette voie. Il n’y a pas meilleure façon de les aguerrir à la vie administrative française et à toutes les tracasseries qui énervent tout à chacun. Après tout, le droit d’asile c’est pas non plus primordial. Faudrait être bête pour imaginer que le respect des textes internationaux et des législations en vigueur ne soit pas votre souci majeur. Il en va d’une question éthique dans la manière de considérer les migrants. Vous avez sans doute décidé d’user de cette catégorie pour oublier que ce sont des personnes, que leur présence, ici, qu’elle vous dérange et vous incommode, elle est bien réelle, et vous pourrez toujours les déplacer à votre guise mais ça ne changera rien aux problèmes multiples auxquels eux doivent faire face. Et que les vôtres sont bien accessoires en comparaison.
Un peu d’initiative aurait fait du bien en ces temps moroses. Mais faut croire que tout se perd, même en politique. Non, et puis ces réfugiés, c’est bien à la télévision, mais du côté du Biopôle, et ailleurs, on n’en veut pas.
Même chose pour nos amis rroms de la Roseraie, qui à l’image de nos camarades somaliens, se sont vus contraints de quitter leur hébergement pour rejoindre les ponts, et ce n’est pas une métaphore, ils vont bien s’abriter sous les ponts. Sont sympas les bidonvilles d’Angers en 2015. Quelle contribution des politiques locales. Heureusement, la marque Angers Loire Valley ne souffrira aucunement de cette expulsion. Chut, on n’en parle pas. Faut pas trop non plus que ça se sache.
Nous aurions aimé, Monsieur Béchu, en particulier que vous répondiez favorablement à notre demande d’entrevue. Peut-être aurions pu avancer quelques arguments afin de modifier votre vision de la situation.
C’est ainsi. Éternel recommencement. Cela fait déjà de trop nombreuses années que les expulsions se succèdent sans qu’aucune solution pérenne ne soit mise en place. De la tristesse. Du regret. Un sentiment de gâchis. De la colère aussi face à une telle méprise totale des obligations légales et éthiques.
Nous leur devons protection !
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