Premieres mesures révolutionnaires
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Catégorie : Global
Thèmes : Logement/squatMédiasPrisons / Centres de rétention
Premières mesures révolutionnaires
Un livre a paru, Premières mesures révolutionnaires, qu’il faut attaquer, pour ses positions et son programme, si malhabilement nié soit-il. Car, si ce livre salue certains ouvrages récents traitant du communisme pour « leur contribution à rendre possible de prononcer à nouveau le mot communisme sans s’excuser », il importe alors de dire ici que Hazan et Kamo participent à nous rendre honteux de le faire, nous tous qui portons si difficilement, et malgré tout, ce brumeux espoir, qui ne se traduit encore aujourd’hui que grâce aux termes usés de communisme et de révolution.
Une parenthèse d’abord sur le format choisi pour répandre leur prose : le livre payant. De leur part, et de par les moyens dont ils disposent, n’avoir pas choisi internet est un choix qui seul soulève un vrai problème, pour peu qu’on présume naïvement du lectorat visé. Sinon non. Mais il est vrai que afficher Eric Hazan & Kamo comme auteurs balaye rapidement toute naïveté. Un nom et un pseudo, voilà qui est vendeur, quelqu’un se cache derrière un pseudo tandis que l’autre nom. Mystères… on risque bien d’en avoir pour son pognon. Fin de la parenthèse.
Le fond de la critique que nous faisons de ce livre tient à un axiome (vérité indémontrable qui doit être admise) : il est impossible de penser ici et maintenant un futur où l’ordre social entier serait renversé, où le capitalisme ne serait plus. Il est donc au minimum velléitaire de penser des mesures dites révolutionnaires (et c’est déjà un comble, à la lecture des mesures) quand elles ne sont en plus que post révolutionnaires dans l’idée.
C’est impossible donc, à moins d’accepter d’utiliser une pensée, des concepts et des outils parties prenantes et indissociables d’un monde (car produits en partie par celui-ci), ou à moins et pourquoi pas de succomber à des éclairs de génie visionnaires qui devraient choquer à leur lecture dans un sens différent que celui qui choque ici. Axiome additionnel : la critique produite depuis ce monde et contre lui ne peut servir que l’ambition de le détruire. Voilà notre point de départ à nous. Alors doit-on malgré tout saluer cette initiative, qui pourrait se lire (et ça ferait peut-être du bien dans cette société présentée comme monde fini, système le plus abouti, indépassable, le moins pire parfois) comme une « joyeuse » tentative de montrer comment, avec beaucoup d’humanité, de courage et de bon-sens l’on pourra commencer d’être heureux demain, à moindre frais, débarrassés de l’exploiteur, du politique et des flics ?
Non certainement pas, au vu des horreurs programmées ici (l’emploie de verbes conjugués au futur tels que « fermerons, ferons murer et garder, couperons » s’il ne sont pas majoritaires sont présents, et constituent un programme, nié en introduction), au lu de la bêtise qui couronne l’ensemble, des points de vues ineptes, des assertions gratuites et stupides qui jalonnent l’ouvrage (sur« le démantèlement du nucléaire et ses répercussions sur la fourniture générale d’énergie »par exemple). Nous ne sommes pas ici devant un tableau gentillet et rafraîchissant, à tendance optimiste. La lecture de la page 92 nous démontre le contraire autant que la part schizophrénique (cet adjectif leur laisse bien chaleureusement une once de bienveillance ) qui anime les auteurs. Le passage qui suit est à mettre en regard de l’ensemble du livre, qu’il faut lire absolument. « une contre-révolution cherchera immanquablement à s’organiser. Il n’est pas possible de prévoir les conspirations et les stratagèmes qu’elle inventera pour tenter de rétablir le capitalisme, ni les parades à y opposer. On peut seulement avancer qu’on ne rouvrira pas les portes des prisons que l’on viendra d’abattre, qu’on ne bannira ni n’exécutera pas les ennemis. »
De la part de ceux qui veulent comme mesures révolutionnaires, maintenir dispersés le gouvernement, licencier leur personnel, assurer l’existence, se voir confier l’essentiel des tâches futures, ne pas abolir l’argent au moment de la prise du pouvoir, donner des moyens au 9-3 de continuer à y habiter plutôt que d’aller squatter les beaux quartiers, de leur part donc, il est impossible de ne pas interpréter le glissement du « elle » de la citation vers le « on » comme un lapsus. HK nous disent vouloir « dissiper la peur de l’inconnu », ils nous abreuvent de l’horreur présente, transposée dans leur monde rêvé de l’après révolution.
Pour la santé publique et l’hôpital, qui relèvent selon eux d’un niveau élevé de réflexion et de prise en charge, leur idée est de supprimer les postes parasites, confier à une petite équipe renouvelée annuellement la direction, faciliter l’évolution des carrières… Toujours dans la santé : les médicaments. Au minimum exproprier, nationaliser ou transformer en coopératives ouvrières les branches des firmes pharmaceutiques. Répartir les axes de la recherche médicamenteuse gràce au choix, à réaliser avec soin, de spécialistes. Jamais livre traitant de ces thèmes n’avait comporté autant d’âneries, d’ignominies, de culot malsain, d’horreur éhontée, proses anarchite, communiste, décroissante et alternative confondues. Impossible ici d’en faire un rapide exposé.
C’est pourquoi il faut lire ce livre des possibles gestionnaires de demain, et qui en veulent donc les rênes, et qui se rendent ainsi, à nous comme à d’autres, accessibles pour ce qu’ils sont. Dont acte.
texte paru ici : http://nons.stops.over-blog.com/
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