Salut!

un témoignage vite fait de la manif de soutien à la ZAD du 24/11/12 à Nantes. Beaucoup de gens, très différents : jeunes/vieux, bobos/prolos, anarcho un peu, beaucoup ou pas du tout.
Le long cortège s’est étiré dans le calme à travers le centre ville jusqu’à arriver devant la préfecture. Là, dispositif de sécurité habituel : les rues barrées par des robocops derrière leurs grilles (à se demander qui est en cage…) et, 5 intrépides en armure en haut du muret côté Erdre, équipé de lances à eau, boucliers et flashball. La manif arrive et se masse autour du poste stratégique défendu par les 5 pandores intrépides. Tout le monde est chaud, les slogans entonnés en cœur secouent les murs. Les « non à l’aéroport », « libérez la ZAD! » « Ayrault démission! » se succèdent presque sans interruption. Jusqu’à ce que quelque un(e)s d’entre nous s’approchent trop près du nid de poulet qui commencent à les allumer à la lance à eau. La foule réagit, hue l’agression des forces du désordre, qui ont agressé la manif parfaitement non-violente jusque là. La tension monte, quelques bouteilles volent, des panneaux sont arrachés, des camarades jouent au chat et à la souris avec les robocops qui s’amusent comme des fous avec leur gros pistolet à eau. Nous, on a de plus en plus les glandes face à la violence gratuite de ceux qui sont sensés nous protéger. On marche vers le parapet et un pandore panique et dégaine son flashball. On reflue.

ça dure un sacré moment, une heure environ, on les traite d’abrutis, on gueule « gaspillage »! quand ils déversent des tonnes d’eau (potable!) sur la chaussée pour protéger Vinci. Un gars un peu chaud décide d’essayer de jouer au javelot avec un panneau de sens interdit : on va vers lui pour lui dire que c’est pas une bonne idée, qu’on est pas là pour ça. Il se calme. Belle leçon pour les robocops qui, eux, n’hésitent pas un instant à noyer des manifestant(e)s non-violent sous des tonnes d’eau…

Et puis les copains des affolés de la lance à eau se décident à marcher vers nous, le long de l’Erdre, accompagné d’une vingtaine de fourgons projecteurs allumés. On marche vers eux pour leur bloquer le passage. Face à face. On gueule « non à l’aéroport! », « police, milice de Vinci! », on chante Bella Chao avec le copain à la trompette, mais on ne bouge pas, on ne lève pas un doigt sur eux. La tension est palpable mais on s’en fout, on lâche rien. Et puis le (petit) miracle se produit, une mini batoukada arrive et commence à envoyer du son. Un grand cercle se forme autour d’eux : ils ont récupéré le panneau sens interdit et s’en servent comme percu. Tout le monde commence à se balancer, à frapper des mains, à danser, juste sous le mur ou le flic avec sa manche à eau nous regarde comme un con. On est juste à l’endroit où il s’amusait il y a encore quelques minutes à noyer nos copains. Mais cette fois on a inversé la tendance : on chante, on tape des mains, on danse. Les robocops sont désarmés. Eux qui nous assuraient en off qu’au moindre dérapage ça allait « saigner » sont complètement impuissants (et très bêtes) face à cette foule qui manifeste joyeusement son opposition, dans une non violence parfaite.

J’ai senti que quelque chose basculait à ce moment là, qu’on était en train de gagner. Qu’on avait non seulement réussi à réunir 10 000 personnes à Nantes pour soutenir la ZAD (ce qui n’était pas évident il y a seulement quelques semaines…), mais qu’en plus cette foule avait spontanément adopté une attitude non violente et festive, face à laquelle les flics étaient désarmé. C’était beau à voir, et sacrément instructif…

Bien-sûr les mediacrates n’ont retenu de la manif que la « blessure » d’un CRS par une pierre (??). Mais croyez moi, s’il y a pu y avoir quelques jets de trucs face à la lance à eau, la violence n’était pas de notre côté dans cette manif.
Et le soir même, en rentrant, je découvre, incrédule, qu’Ayrault avait enfin décidé à lâcher du lest et repoussait les premiers défrichements de la ZAD à au moins six mois !

Parfois, la lutte, c’est classe ! Mais c’est pas fini : on lâche rien !