Un ami, que j’ai rencontré récemment, m’a raconté une anecdote sur son enfance. Voici ce qu’il me confia : « Lorsque j’étais à l’école primaire, en Algérie pendant la colonisation française, on nous apprenait dans nos cours d’histoire que Charlemagne et son neveu Roland se sont rendus en Espagne pour chasser les « infidèles sarrasins » et qu’à leur retour, Roland qui commandait l’arrière garde du convoi, tomba lui et les siens dans une embuscade préparée par les sarrasins au col de Ronceveaux, dans les pyrennées. Il succomba à ses blessures non sans avoir au préalable tenté de briser sa fameuse épée durandal contre un rocher qui se fendit et en soufflant désespérément dans son cor pour appeler Charlemagne à l’aide.

J’ouvre ici une petite parenthèse pour traduire le terme Sarrasin: en arabe ce mot signifie littéralement « ceux qui sèment la foi ».

Apprenant cette leçon d’histoire, alors tout gamin, je sentais un désagréable sentiment de culpabilité s’incruster dans mon esprit, car j’étais musulman et le suis encore. Sarrasins, un terme péjoratif, signifiait à cette époque là les assassins, les criminels et les bandits musulmans, en somme des terroristes sanguinaires si l’on prend la sémantique actuelle. Pendant les récréations, mes petits camarades colonisés et moi, nous étions traités de « sarrasins » par les petits français revanchards sous l’œil approbatif du surveillant. Ce sentiment de culpabilité est resté enfoui dans mon subconscient pendant des dizaines d’années, jusqu’à ce qu’un jour j’apprenne la vérité, que des historiens honnêtes avaient restitué plus de dix siècles après cet évènement.

C’était en fait un complot politico-écclésiastique contre Charlemagne. Le Vatican de cette époque là voulait faire tomber Charlemagne dans le piège, d’une bataille féroce avec les musulmans de la péninsule ibérique, afin de l’affaiblir pour anéantir sa pesante emprise et sa forte influence sur la politique vaticane.
Malgré les mises en gardes de sa mère, Charlemagne se rendit en Espagne avec son armée accompagné par son neveu Roland. Arrivés sur place, les messagers de Charlemagne et du chef des sarrasins sont convenus d’un accord de non agression sans avoir croisé le fer. Parcontre, une nuit à l’insu de Charlemagne, Roland et ses chevaliers firent une razzia dans les environ de Pampelune pensant peut-être s’attaquer à des sarrasins. Mais en fait, ils massacrèrent des Basques.
Aussi, lorsque Charlemagne reprit le chemin du retour en France, son neveux Roland subissait, dans le col de Ronceveaux, une attaque des basques qui voulaient venger les leurs. Roland a été tué par les basques et non par les « sarrasins ». Et Charlemagne ne put rien faire!

Il est vrai, qu’à l’époque de la colonisation française, les dirigeants de la troisième et quatrième république voulaient par cette culpabilisation, allant même jusqu’à dénaturer la prestigieuse histoire de France, maintenir les populations indigènes de confession musulmane dans la soumission la plus servile. »

Je vous raconte ceci parce qu’en fait, j’ai découvert un rapprochement d’une particulière singularité avec notre époque actuelle. Je m’explique: Les évènements du 11 septembre 2001 ont été attribués, diligemment et sans la moindre preuve, à des terroristes islamistes. Or, aucune liste de passagers des vols incriminés dans cette folie meurtrière de ce mardi noir ne comporte les noms des supposés terroristes arabes. Cette fameuse liste des dix-neuf présumés coupables, en majorité saoudiens, a été dispatchée par le FBI moins d’une semaine seulement après ces attentats et sans tenir compte des listes officielles des passagers des quatre avions. Il n’y avait donc pas le moindre terroriste islamiste dans ces appareils ! Mais tout le monde continue à croire la version distillée par le Pentagone et la presse occidentale. Toute réflexion tendant à démontrer le contraire est systématiquement désignée comme révisionniste.
Or, si l’on se penche sérieusement et objectivement sur les répercussions d’un tel crime, l’on s’aperçoit que celles-ci ne servent en rien les intérêts des islamistes, bien au contraire. Les islamistes interprètent l’islam d’une façon rigoriste et rétrograde en lui adjuvant une forte dose politique extrémiste, et ils forment ainsi un courant rejeté par la très grande majorité des musulmans dans le monde.
Cependant, il est bon de chercher à savoir comment s’est développé un tel courant. Pour cela, il faut remonter légèrement le temps pour mieux comprendre.

Zbigniew Brzezinski, ancien patron du Conseil National de Sécurité US a déclaré lors d’une interview au journal le Nouvel Observateur en janvier 1998 : (…) « Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine afghans a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le Président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime pro-soviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au Président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques… Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer l’URSS dans le piège afghan. De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique… »
A la question du Nouvel Observateur – Vous ne regrettez pas d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? Z. Brzezinski répondit – Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide…- Le Nouvel Observateur s’exclama – « Quelques excités » ? Mais on le dit et on le répète : le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale…
Et Z. Brzezinski conclu : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide : il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Égypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée ? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté ! » (…)

Retenez ceci: (…) « c’est en effet le 3 juillet 1979 que le Président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime pro-soviétique de Kaboul  » (…) Cette assistance clandestine c’était le renforcement aux opposants du régime afghan de l’époque par l’embrigadement, la manipulation, l’entraînement et l’armement des légions islamiques provenant de nombreux pays, même des Etats-Unis, pour un « djihad » contre l’URSS, avec l’aide de l’Arabie saoudite et le Pakistan. C’est aussi à ce moment là qu’Oussama Ben Laden, fils d’une riche et influente famille saoudienne, d’origine yéménite, ingénieur en génie-civil, diplômé de l’université de Jeddah, proche de la famille Bush, est recruté par la CIA en 1979 à Istanbul , qui lui confie une mission de grande envergure : chasser l’envahisseur soviétique d’Afghanistan. Rien que cela, la belle affaire !

Même Hollywood a contribué à cette grande opération en réalisant une autre série de « Rambo » rendant le « djihad islamique en Afghanistan » sympathique aux yeux des spectateurs du monde occidental et du monde musulman. Le must de la propagande !

Or cette même année, le Shah Pahlavi, qui se rapprochait dangereusement et diplomatiquement avec l’URSS, était lâché par les Etats Unis en permettant à Khomeyni de fêter son retour en Iran pour lancer, par le feu et le sang, sa révolution islamique et proclamer officiellement, le 1er avril 1979, la république islamique d’Iran ! Pourquoi avoir permis la naissance d’un régime théocratique totalitaire chiite à cette période là ? A mon humble avis, je pense que les Etats-Unis voulaient renforcer l’environnement politico-islamique en Asie centrale pour réussir un très grand coup géopolitique : mettre fin au régime communiste soviétique et démanteler l’URSS. La fin de la confrontation réfrigérée avec l’ex-URSS, une congélation d’une soixantaine d’années qui aura coûté plus de treize mille milliards de dollars aux contribuables américains, la fin de la fameuse guerre froide était l’enjeu principal de cette instrumentalisation de l’Islam. Fournir un armement très sophistiqué aux légions fanatiques du djihad en Afghanistan assurait à la Maison-Blanche de remporter la guerre froide sans utiliser sa propre armée. Un peu plus de dix ans plus tard, banco… Le mur de Berlin s’effondrait emportant avec lui l’idéologie soviétique et l’URSS !

Entre-temps, il était nécessaire pour les Etats-Unis d’effacer toute influence pro-soviétique au Moyen-Orient. L’Irak et son parti Baas devait disparaître pour laisser place à un régime pro-occidental. Et ce fut la guerre Iran-Irak, une guerre qui affaibli le potentiel militaire et de défense de l’Iran mais pas celui de l’Irak, au grand dam des américains. Mais qu’à cela ne tienne, une petite suggestion en catimini dans l’oreille intéressée de Saddam Hussein et voilà ce dernier parti tout confiant en conquête du Koweït. Puis ce fut la première guerre du Golfe, « tempête du désert », et l’anéantissement des capacités de défense de l’Irak. Saddam Hussein avait signé depuis fort longtemps un accord avec l’URSS qui devait lui assurer d’être défendu militairement si l’Irak était agressé. En ce sens, c’est pour cela que le président Bush (père) refusait d’envahir Bagdad, évitant ainsi une éventuelle confrontation avec l’URSS.

Mais depuis 1998, le parti républicain mené par les néo-conservateurs, ces anciens trotskistes recyclés en extrémistes de la droite américaine, ont élaboré un plan d’une grande envergure : Shaping the Great Middle East, ou réforme du grand Moyen-Orient, qui englobe non seulement les monarchies du Golfe, l’Irak, la Syrie et le Liban, le Yémen, tous les pays arabes d’Afrique du Nord du Maroc à l’Egypte, les pays d’Asie centrale et l’Iran.

Que comporte ce plan ?

Autour de 2020, les musulmans seront au nombre de près de 2,5 milliards d’individus. Cette statistique dépassera largement celle du monde chrétien. Cependant, les deux tiers des musulmans sont asiatiques vivant dans des pays à faibles économies. Le tiers restant est formé par ce qu’on a l’habitude familièrement d’appeler les arabo-musulmans. Ce sont ceux qui résident dans les pays indiqués dans le « Great Middle East ». Or c’est précisément ces derniers pays qui détiennent les deux-tiers des réserves pétrolières du monde. C’est un gigantesque marché qui pourrait s’ouvrir pour les pays industrialisés et riches occidentaux. Mais un obstacle se dresse pour l’ouverture de ce formidable marché. C’est l’Islam, l’absence de démocratie dans ces pays et le conflit endémique israélo-palestinien ! C’est un véritable blocage. Trois pays soutiennent énergiquement les actions armées palestiniennes, la Syrie, l’Irak de Saddam Hussein et l’Iran. Le futur successeur du monarque saoudien, le Prince Abdallâh, prône un rapprochement non dissimulé avec le gouvernement syrien, au point d’avoir esquissé, en Septembre 1998, une remise en cause des privilèges américains sur l’exploration et l’exploitation pétrolière en Arabie saoudite, en ouvrant le marché des hydrocarbures saoudiens à des compagnies européennes et russes. Le Roi d’Arabie saoudite n’est pas encore décédé, et le Prince Abdallâh n’a pas encore tous les pouvoirs décisionnels. Mais l’heure tourne, peut-être un peu trop vite pour l’Administration américaine !

Israël quant à lui, réclame son émancipation et désire s’affranchir de la tutelle étouffante des Etats-Unis. Les responsables politiques israéliens sont capables, et ils l’ont démontré à maintes reprises, de nouer des liens politiques et commerciaux avec leurs voisins arabes. Mais cela ne sert pas les intérêts des Etats-Unis dans la région, bien au contraire, leur influence sur les régimes arabes risque fort de disparaître. Toutefois, si le plan américain laisse entrevoir une réussite, les extrémistes de la droite israélienne y adhèreront, car ainsi, si les pays arabes voisins se démocratisent, alors le problème palestinien sera en grande partie résolu, à leurs yeux, en déplaçant et en installant une majorité du peuple palestinien dans ces pays arabes fraîchement démocratisés. Une utopie de plus, mais bon…
D’autres personnalités israélienne, par contre, pensent plutôt que les extrémismes tant palestiniens qu’israéliens s’annihileront d’eux mêmes du moment que les appuis traditionnels disparaîtront avec l’émergence d’un environnement étatique composé de démocraties.

Toutefois, pour que les pays arabo-musulmans entament un processus de démocratisation, sans ou sous la contrainte des Etats-Unis, il faut absolument et au préalable réformer la pratique islamique en l’amenant à s’intégrer dans la modernité. Mais de quelle modernité s’agit-il ? Est-ce la modernité selon une vision libertaire et occidentale, ou bien est-ce une modernité qui abroge certaines prescriptions coraniques pour l’adapter dans une orientation laïque ? Ce sont deux visions diamétralement opposées. L’une préconise, sans même l’avouer, le déclin à court terme de l’Islam par des moyens empreints de perversité. L’autre serait d’amener intelligemment la communauté arabo-musulmane à reconnaître et à instaurer une large réflexion pour d’une part inscrire l’Islam dans un projet de laïcisation, et d’autre part à encourager le collectivisme en abandonnant le principe narcissique du communautarisme.

Dans tout ce marasme, il devient difficile pour les américains d’actionner un processus de démocratisation de ces régimes arabo-musulmans sans transformer l’aspect religieux et traditionnel de ces peuples. Car le but ultime de tout ce projet est d’amener les musulmans à devenir de grands consommateurs, en industrialisant et en libéralisant l’économie de leurs pays. Ce sont des pays riches par leurs ressources énergétiques, par l’étendue territoriale de leurs nations, par leurs taux démographiques très élevés et par leur main-d’œuvre bon marché. Ces pays arabo-musulmans sont solvables aux yeux des pays riches occidentaux. C’est un nouvel eldorado dont les américains envisagent de s’accaparer le plus important morceau, et c’est ce qui leur ouvrira l’accès à la direction de la Gouvernance mondiale. Mais pour cela, il faut qu’ils réussissent à occuper un territoire, temporairement sans-doute, avec ou sans l’aval des alliés ou de l’ONU, et le choix fut vite fait : l’Irak.

Et c’est là qu’entre en jeu le 11 septembre. Celui-ci a permis à la Maison Blanche d’instrumentaliser l’opinion publique américaine pour que celle-ci accorde un blanc-seing à Georges W. Bush autorisant toutes les dépenses budgétaires pour les opérations militaires US, chose impossible à obtenir depuis la guerre du Vietnam. D’autre part, en accusant les présumés pirates de l’air comme étant des terroristes islamistes saoudiens et égyptiens, c’est tout le monde arabo-musulmans qui est pointé du doigt de l’infamie, donc légitime sujet à être attaqué dans le cadre d’une fausse revanche des Etats-Unis. Le choix étant fait, il fallait s’assurer du désarmement des légions islamistes d’Afghanistan pour qu’elles n’interviennent pas plus tard en Irak, et empêcher la Russie de s’implanter pacifiquement à Kaboul après l’aide logistique que Vladimir Poutine accorda aux troupes du Commandant Massoud. Ce fut donc la guerre d’Afghanistan avec un bombardement intensif et sauvage par l’armée américaine.
Quelques mois plus tard, l’Irak se voyait occupée par l’armada US et Britannique désarticulant ainsi toute l’Administration irakienne et provocant la montée de l’islamisme chiite dans un pays qui était laïc et qui a toujours été dirigé par les sunnites, bien ou mal ce n’est pas là mon propos.

Mais arrêtons-nous un instant sur la situation actuelle en Irak. L’armée britannique est parvenue à se faire admettre dans le sud du pays, dans une région à forte densité de chiites. Ce qui n’est pas le cas des américains qui ne cessent de combattre dans les régions du centre et du nord ouest de l’Irak, des régions récalcitrantes d’obédience sunnite. La composition du pseudo- gouvernement de transition est partagé en majorité entre les kurdes et les chiites irakiens.

De plus, depuis le séisme de Bam en Iran, en décembre 2003, plusieurs rencontres secrètes ont eu lieu entre le Gouvernement Iranien et un groupe d’officiels américain en vue d’une normalisation des relations diplomatiques entre l’Iran et les Etats-Unis. Accordant ainsi une place prépondérante des chiites au détriment des sunnites dans les futures structures étatiques et administratives en Irak, les Etats-Unis prennent le risque de provoquer un conflit inter-religieux entre musulmans irakiens, à très court terme !

Si ce conflit prend forme, il est fort à craindre qu’il se propage à l’ensemble de la région moyen-orientale, ce qui engendrera inéluctablement une implosion de l’Islam dans un véritable chaos sanglant, qui touchera nécessairement le monde occidental. Et ce ne sera pas l’action renforcée des moyens militaires américains et autres qui pourront freiner un tel désastre !

Ce sera la Saint-Barthélemy dans le monde arabo-musulman !

En l’absence d’un clergé dans l’Islam, aucune autorité religieuse n’aura la capacité et le pouvoir d’éviter ou de mettre un terme à un tel conflit. Ce sera une véritable catastrophe dont les américains aveuglés par leur puissance seront incapables d’en évaluer les conséquences !

Quelle est la différence entre sunnites et chiites ?

D’un point de vue occidental, on peut qualifier les uns de catholiques et les autres de protestants. En règle générale, Les sunnites ont une conception du pouvoir non sacralisé qui s’exerce à travers une dynastie héréditaire tandis que chez les chiites, le pouvoir appartient aux descendants des douze imams issus de la famille du prophète, dont principalement Ali cousin et gendre du Prophète. Les tribus chiites ont souffert de la domination sociale des sunnites, ce qui a d’ailleurs donné naissance en Irak au chiisme de la misère. Depuis la bataille de Siffin sur les bords de l’Euphrate en 657 après JC, les musulmans se sont divisés en sunnites , chiites et kharijites une troisième tendance très minoritaire dont je ne traiterais pas ici. Dès lors, de fréquentes tensions et même des conflits ont assombri les relations entre les deux tendances principales des peuples de l’Islam, jusqu’à l’intérieur des Lieux Saints de la Mecque et de Médine. En résumé, le sunnisme affirme son respect de la tradition du Prophète, la sunna, et le chiisme orthodoxe passionné et mystique contestataire du califat le substituant par l’imamat en se définissant de la descendance de l’Imam Ali, assassiné en 661 par un kharijite, et dépositaire du « sens caché » des versets du Coran confié par le Prophète Mohammed à son gendre Ali. En plus de l’Iran et de l’Irak où ils sont majoritaires, les chiites sont présents en grands nombres dans tous les pays arabo-musulmans, même en Asie centrale.

La France en s’opposant catégoriquement à la guerre en Irak savait que cette aventure irresponsable de l’Exécutif américain pourrait provoquer non seulement une guerre civile à l’intérieur de l’Irak mais aussi un conflit inter-religieux musulman dans la région. Le choix unilatéral des Etats-Unis d’attaquer l’Irak, dans un but utopique d’instaurer la démocratie sans prendre le soin d’apporter une solution pacifique en vue d’inciter les musulmans à faire évoluer leur religion vers la modernité sociale et politique, est un choix désastreux. Depuis plus de vingt ans, la France s’est engagée dans une méthodologie pédagogique d’intégration de l’Islam vers une conception réformatrice adaptée à la laïcité de ses structures républicaines. Les exemples mêmes de la constitution d’un conseil représentatif des musulmans de France et la loi sur le port ostensible des signes religieux à l’école ou dans l’Administration en sont quelques unes des illustrations. Certes, des voix réprobatrices se sont élevées dans la région moyen-orientale mais elles n’ont eu qu’un faible effet sur la détermination des Pouvoirs publics français. Mais les plus surprenantes critiques ont été formulées par les Administrations américaines et britanniques. Ce qui indique en language clair, que la France à pris la bonne direction. Si notre pays parvient rapidement à faire de l’Islam de France, une religion ancrée dans la modernité en conformité avec l’esprit universaliste de ce troisième culte monothéiste, en sachant aussi comment exporter cette modernisation de l’Islam, alors elle aura grandement contribué à éviter le chaos dans tout le Moyen-Orient tout en damant le pion à l’hégémonie US. Il est certain qu’elle en récupèrera les dividendes, tant politiques diplomatiques qu’économiques, par la reconnaissance que lui affichera tout le monde arabo-musulman.

Mais le temps presse et pour essayer d’en gagner, un seul moyen, influer les Etats-Unis pour qu’ils admettent la nécessité immédiate de confier la gestion des affaires de l’Irak à l’ONU.

Romain Guer