Lettre ouverte aux partis politiques et aux organisations sociales marocaines
Catégorie : Global
Thèmes : Resistances
Or l’UEJF n’est pas une joyeuse bande de jeunes voulant faire du tourisme culturel. C’est une association qui joue un rôle important dans le sionisme français et tout particulièrement au sein du CRIF, le Conseil dit Représentatif des Instituions Juives de France – représentativité toute formelle le CRIF est une coordination d’associations juives qui ne peut représenter plus que le 5e ou le 6e de l’ensemble des juifs français.
L’UEJF revendique avec le CRIF la représentation exclusive de tous les juifs de France (à titre d’exemple, tout récemment elle vient d’ exiger lors d’un débat contradictoire organisé en avril à l’Université Paris 1 , l’exclusion de l’Union Juive Française pour la Paix qui y était invitée). Ses objectifs et ses actions visent concrètement à ce que tout jeune se sentant Juif se sente fondamentalement et automatiquement sioniste et solidaire de l’État d’Israël en toute circonstance, comme vous pouvez le vérifier en consultant son site.
Avec le CRIF, l’UEJF pousse les jeunes Juifs de France à aller en Israël, selon une stratégie établie par l’Agence Juive : d’abord découvrir le pays, puis y faire des stages d’aide à l’armée israélienne, puis y faire des études, et surtout s’y enrôler dans des forces armées qui participent à l’occupation de la Cisjordanie et au blocus de Gaza.
L’UEFF participe avec le CRIF à la campagne de qualification de toute critique de l’État d’Israël comme acte l’antisémite: l’écrivain Yann Moix, avait accusé les cinémas Utopia d’antisémitisme aggravé par ce qu’un article de leur gazette refusait de souscrire à la légende sioniste sur l’Histoire d’Israël- et rappelait les faits de la Naqba. Sa défense était assurée par Maître Patrick Klugman, président d’honneur de l’UEJF et membre du Conseil du CRIF. Il a été condamné pour diffamation des cinémas Utopia par la 17° chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris.
Cette convention de l’UEJF au Maroc, qui se veut une (re)connaissance de la culture juive marocaine sépharade, mais ne dit mot sur le rôle du sionisme dans la destruction de l’histoire de cette communauté, est une offense à tous les juifs marocains qui ont quitté leur pays (poussés par l’Agence juive, la crainte savamment entretenue, et les promesses de la terre sainte) et sont allés remplir en Israël (pour les plus démunis d’entre eux), la fonction d’un lumpen prolétariat exploité dénigré et méprisé jusqu’à ce jour.
L’UEJF a soutenu avec le CRIF l’opération plomb durci, et ne dit pas un mot du siège ignoble contre Gaza, contre la colonisation galopante en Cisjordanie, elle revendique la Grande Jérusalem comme capitale éternelle de l’État Juif. Elle tente d’imposer une version ethnique et religieuse des rapports Israël Palestine, en même temps qu’un leurre de «coexistence fondée sur l’appropriation et la violation de tous les droits fondamentaux des Palestiniens. Le Maroc ne doit pas tomber dans le piège.
L’Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF) et l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) portent ensemble une toute autre vision de ce que l’on appelle le «conflit israélo palestinien»: celle un conflit colonial qui doit trouver une solution politique fondée sur le respect du droit international. Nous soutenons aussi que ce droit, qui seul permet de vivre ensemble et en paix, juifs et arabes doivent le revendiquer et l’exiger ensemble, et partout.
Nous étions donc ensemble en octobre dernier en Israël/Palestine, mission judéo-arabe commune avec les camarades du groupe IDD (Immigration Développement Démocratie) dont beaucoup d’entre vous connaissent l’action, et de la Fédération Tunisienne des Citoyens des Deux Rives (FTCR). Nous y avons vu la progression scandaleuse et illégale de la colonisation. Nous y avons rencontré des groupes de Palestiniens et d’anticolonialistes israéliens engagés notamment dans l’organisation du Forum Mondial de l’Éducation et dans la résistance non violente au système d’apartheid et d’épuration ethnique. Ce sont ces groupes là qui représentent pour nous l’espoir d’un avenir plus juste et donc plus pacifique.
Avec la campagne BDS Maroc, nous sommes inquiets de voir que malgré les signes d’ouverture démocratique dans votre pays, à l’opposé des espoirs des jeunes qui provoquent dans le Maghreb comme dans le Machrek le Printemps Arabe, les autorités maintiennent voire développent leurs relations avec Israël dans un moment où son gouvernement refuse catégoriquement de reconnaître un État Palestinien à ses côtés, et est en train d’achever l’annexion de Jérusalem. Nous nous associons totalement à sa protestation. Nous espérons votre intervention pour qu’un coup d’arrêt soit mis à ce qui nous apparaît comme une dérive, à un moment crucial pour le peuple palestinien qui a besoin du soutien de tous les peuples du monde dans sa lutte pour obtenir la plénitude de ses droits.
Paris, le 23 mai 2011.
premiers signataires: UJFP , ATMF , …
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