J’apporte un autre témoignage sur la fin de la manifestation du 19 mars et la répression place de la Nation ; il ne sera pas de trop.

Je confirme le quadrillage de la Place qui a déjà été rapporté : on a d’abord pu voir les crs à toutes les issues. De charges en charges ensuite, il s’agissait de resserrer l’étau sur les manifestants qui demeuraient sur la place : ce qu’ils ont commencé à faire vers huit heures, pas plus d’une demi heure après la fin de la manif.

Comme ca a été rapporté, les issues de métro étaient bloquées par d’autres crs et à ce que j’ai pu lire, par les gpsr. Cependant ils avançaient vers le monument au centre de la place et les charges étaient tout ce qu’il y a de plus violentes: un camarade a coté de moi a pris un coup de matraque derrière le crane ; on criait “ils visent les têtes”, c’était vrai.

La place est grande, mais pour nous elle devenait de plus en plus étroite : et à ce moment là je n’ai été témoin d’aucun jet de canette, je n’ai vu aucune “barre de fer”. Les arrestations avaient commencé pendant ces charges, mais le gros du bouleau restait à faire : on peut le lire sur d’autres témoignages, ceux qui essayaient de quitter le cercle, à moins de s’échapper derrière une charge, se heurtaient à une brutalité parfaitement gratuite.

On était finalement rassemblés, entassés, sur la statue, eux tout autour sont descendus dans l’espèce de tranchée qui nous séparait et sont venus nous arracher plusieurs personnes. Je sais pas combien on pouvait être sur le monument, mais c’était sans doute un peu trop pour leur quotas vu ce qu’ils avaient déjà ramassé : ils en ont laissé passer quelques uns, qui pouvaient présenter une carte d’identité.. ou d’étudiant : j’étais du lot, pourtant je n’avais pas ma ci ; il était clair que certaines cartes, certaines écoles, passaient mieux que d’autres.

Une fois reconduit à l’extérieur du cercle, tenu à distance, j’ai vite vu le monument évacué et les paniers à salade en train de se remplir ; pour apprendre ensuite de la préfecture les 300 interpellations et les 50 poursuites (pardon 49, un chiffre trop rond et l’arbitraire devient un peu trop évident). On a encore assisté à quelques charges dans les rues autour de la place ; bientôt le métro redevenait accessible.