Conflits de pouvoir, scissions, psychologisation, routines… autant de mots qui nous reviennent et marquent les histoires de groupes, aujourd’hui comme hier… comme une ritournelle qui ne nous lâche pas : « eh oui, c’est toujours comme ça ! »

Mais de ces histoires, de ce qui a provoqué ces « pentes » collectives, qu’en savons-nous ? N’y a-t-il pas des savoirs à cultiver pour les conjurer et activer d’autres devenirs ? Et que se passera-t-il le jour où une culture des précédents se mettra à circuler de groupe en groupe ?

Ces questions sont nées d’un étonnement surgi voici 10 ans lors d’une expérience collective : que s’est-il passé, pour que ceux et celles qui reprennent le geste d’une résistance se trouvent démunis de mémoire, contraints à recommencer à zéro et à bien souvent se prendre les pieds dans les mêmes tapis que leurs aînés ?

Ce dont on avait besoin hier et qui nous manque encore aujourd’hui, ce n’est pas d’une pensée héroïque mais d’une pensée de la fragilité, attentive aux mouvements, aux signes et aux forces qui se saisissent des pratiques collectives. Attentive également aux façons dont un groupe apprend de son expérience et invente chaque fois localement des « arts de faire », des techniques, à la manière dont il prend acte de cette vérité qui l’oblige : la bonne volonté ne suffit pas, car l’on n’est pas groupe, on a à le devenir.

L’objectif des auteurs est d’activer une mémoire et d’ouvrir à une culture des précédents. Le livre s‘agence autour d’une vingtaine d’entrées que l’on parcourra d’un mot clef à l’autre (rôles, silence, scission…) ou selon deux itinéraires proposés, pour un groupe qui débute ou pour un groupe en crise. Chaque entrée brode le problème abordé (pouvoir, souci de soi…) à partir de fragments de récits d’expériences, de ressources théoriques (G. Deleuze, M. Foucault…) et de propositions pratiques.

« Micropolitiques des groupes » a été écrit par David Vercauteren avec la collaboration de Thierry Müller et Olivier Crabbé. Tout trois ont participé à diverses expériences collectives, entre autres celle du Collectif sans ticket (CST-Belgique) et sont membres du Groupe de Recherche et de Formation autonome (GReFA). C’est à travers cette dernière, suite à l’évaluation et à l’auto-dissolution du CST en 2003, qu’ils ont entrepris ce « pas de côté » sur l’écologie des pratiques collectives.