Les mêmes services d’ordre d’une intersyndicale se constituant en barrage à 200 mètres d’un ministère pour éviter que de turbulents lycéens aillent perturber la classique « délégation ». Des personnalités politiques [6] Les mêmes personnalités politiques qui ferment leur gueule lorsque le dit gouvernement rafle 120 personnes dans un foyer parisien de travailleurs sans papiers.

Les avez-vous reconnu ? Qu’est-ce qui peut bien réunir les organisations, syndicats, partis et citoyens évoqué(e)s ci-dessus, mis à part leur amour ostentatoire pour l’Ordre, la sécurité, et la milice armée d’environ 150 000 membres qui nous assène fréquemment ses gaz lacrymogènes, ses coups de matraque, ses réflexions antisémites, homophobes et sexistes en garde-à-vue ? Oui, c’est vrai, la réponse était déjà dans le titre. Trop facile mais tellement évident. Car la gauche (« socialiste », « populaire », « anti-capitaliste », « travailliste ») a un but commun et avoué : la conquête progressive de l’appareil d’Etat. Comment peut-on haïr et combattre ce que l’on convoite ?

Léon Blum avait résumé la question assez précisément déjà ; lors de la grève générale de juin 1936, alors que la SFIO (ancêtre du PS) détenait le pouvoir, Blum se félicitait de ce que les piquets de grève tenaient les ouvriers bien sagement à l’usine, car s’ils avaient pris la rue à ce moment, le bon Léon aurait du envoyer la troupe pour empêcher la Sociale.

Curieux phénomène, qui montre des « gens de gauche » crier à pleins poumons « cette société-là, on n’en veut pas ! » en manifestation, et montrer le plus grand respect pour l’institution qui précisément œuvre à ce que « cette société-là » ne s’effondre pas. Alors que depuis des années la France est particulièrement un « pays de flics », que les rafles quotidiennes sont opérées dans nos villes, menant à la mort parfois ; alors que les contrôles au faciès se multiplient, que les CRS chargent des lycéens qui occupent leur bahut, il faudra que les « gens de gauche » nous expliquent concrètement quel monde ils opposent à « cette société-là ». Il faudra qu’ils nous expliquent comment on peut passer d’un monde à l’autre, sans en finir avec les gardiens du « Vieux Monde » qui s’en donnent à cœur joie ces derniers temps.

Nous n’oublions pas que, entre ce monde pourri et celui que nous désirons, il n’y a pas seulement une montagne d’habitudes et d’idées de merde, il y a aussi des cordons de Gardes Mobiles et des SO de gauche pour nous barrer la route.

A bas l’Etat, les flics et la gauche !