Dans les nuits du 13 au 22 avril, des attaques coordonnées visant les prisons et les maton·nes ont eu lieu. Plus d’une trentaine de voitures ont été incendiées, devant l’ÉNAP (école des futur·es surveillant·es à Agen), sur les parkings des taules, et devant le domicile de certain·es maton·nes. Des tags DDPF (pour Défense des droits des prisonniers français) ont également été faits sur des boites aux lettres, des voitures et des murs. Enfin des tirs d’arme à feu ont impacté une porte de prison – évidemment blindée – à Toulon.

Le parquet national antiterroriste (PNAT) a été saisi de l’enquête pour chopper des gens. Une enquête antiterro ça met la pression ! Ça agite la menace des gardes à vue (GAV) de cinq jours dans les sous-sols de Levallois-Perret, ça assure des moyens d’enquête plus importants et ça promet que des gens vont se faire arrêter, juger et se manger des grosses peines ! Les autorités, en décidant de se doter des moyens d’enquête antiterro, sonnent la fin de la récré et cherchent à mettre tout le monde sous pression.

D’abord, elles mettent la pression sur les prisonnier·es et leurs proches, qui pourraient se réjouir de ces actions et de tout combat qui dénoncent la violence qu’iels supportent en permanence. Se dresser contre le sort qui leur est imposé est toujours un risque pour les prisonnièr·es et leurs proches, que ce soit pour dénoncer des violences, des morts suspectes, des traitements humiliants ou des vexations de la part des agent·es pénitentiaires… Encore une fois, la Justice a su mettre les moyens pour tenter de dissuader les plus de 97 000 personnes sous écrou, et celles qui sont déjà passées par main de Justice, de rejoindre le mouvement DDPF ou même de leur témoigner de la solidarité.

D’ailleurs, la première personne arrêtée dans cette affaire est un prisonnier en semi-liberté. À son retour au centre de semi, les matons ont vu dans son tel qu’il était dans le canal Telegram DDPF, un canal public que n’importe qui pouvait rejoindre à ce moment. Il a été placé en GAV à ce simple motif.

Saisir le PNAT, c’est aussi apposer une qualification terroriste aux actions menées et donc étiqueter leurs auteur·ices comme tel·les. L’État espère ainsi les priver de solidarité et les isoler.

En saisissant le PNAT, les autorités choisissent opportunément – le temps de l’enquête la qualification d’actes terroristes. On observe que les autorités étendent de plus en plus le champ de cette qualification. Elle entraîne avec elle le délit d’apologie du terrorisme pour toute expression ou acte de soutien, bien connu par les militant·es pour la Palestine.

En clair, parler de DDPF, de ses revendications ou des actions ciblées contre l’administration pénitentiaire, sans chercher à leur jeter l’opprobre peut être poursuivi et puni. Ainsi, dire : « nous sommes en parfait accord avec ces revendications » est une parole interdite. Comment être les relais d’un mouvement social sans se faire censurer ?

DDPF réclame l’application des droits humains en prison dans une déclaration sur le canal Telegram. Cette revendication porte sur la lutte contre la réduction du temps de promenade, contre la suppression des activités en prison, et contre le prix exorbitant du téléphone, soit le strict minimum pour maintenir des liens. Elle dénonce aussi les violences et viols commis par les maton·nes. Ce discours devrait emporter au minimum l’adhésion des associations pour la défense des droits humains. Toutes ces revendications sont celles portées par les prisonnier·es de façon récurrente.

Ne laissons pas l’État isoler davantage les prisonnier·es et leurs proches : écoutons l’intérieur et organisons-nous contre les lois fascisantes.