• https://fr.crimethinc.com/2025/02/21/become-an-anarchist-or-forever-hold-your-peace

Alors que Donald Trump et Elon Musk soumettent le gouvernement américain à leur quête de pouvoir totalitaire, leurs adversaires restent sur la défensive, les accusant d’être hors-la-loi.
Mais ni les tribunaux ni les lois n’arrêteront la descente vers l’autocratie. Un grand nombre de personnes devront prendre sur elles d’organiser des actes concrets de résistance, d’entreprendre des actions directes sur une base horizontale et participative – en d’autres termes, de devenir anarchistes.

le fascisme est le capitalimse en décomposition

La tyrannie est l’opposée de l’anarchisme

Le 8 février, le comité éditorial du journal nommé le “New York Times” a écrit qu’Elon Musk « est en mission pour saccager les systèmes de paiement confidentiels du gouvernement avec la joie d’un anarchiste ».

Si vous connaissez des anarchistes en chair et en os, vous savez à quel point cette affirmation est absurde. S’il avait accès aux systèmes de paiement du gouvernement, aucun anarchiste ne commencerait par couper les ressources destinées aux enfants affamés ou à la recherche médicale. Un anarchiste commencerait par couper les vivres à la police et aux autres instruments de la violence d’État – précisément les institutions que Donald Trump et Elon Musk veulent développer à tout prix.

Quiconque vous dit que l’anarchisme consiste à abolir le filet de sécurité sociale au profit d’un profit débridé vous ment carrément. Il y a d’autres mots pour cela – par exemple, néolibéralisme.

L’anarchisme, c’est tout autre chose. Les anarchistes proposent d’abolir tous les moyens institutionnels de coercition, de sorte que personne ne puisse dominer ou opprimer quelqu’un d’autre :

L’anarchisme est l’idée que chacun a droit à une autodétermination complète. Aucune loi, aucun gouvernement, aucun processus de décision n’est plus important que les besoins et les désirs des êtres humains. Les gens devraient être libres de façonner leurs relations en fonction de leur satisfaction mutuelle et de se défendre comme ils l’entendent.

Les anarchistes s’opposent à toute forme de hiérarchie, à toute monnaie qui concentre le pouvoir entre les mains de quelques-uns, à tout mécanisme qui nous éloigne de notre potentiel.

– Tout changer –

En d’autres termes, les anarchistes cherchent à créer une situation dans laquelle aucun.e politicien.ne ou milliardaire, élu.e ou non, ne pourrait jamais être en mesure de couper des ressources essentielles à des millions de personnes d’un simple coup de stylo. Il s’agit là d’un engagement plus profond en faveur de la liberté, de l’égalité et du bien-être du grand public que celui que l’on peut trouver dans les couloirs de n’importe quel gouvernement.

En ce moment de péril, alors que des autocrates en herbe ont pris le pouvoir et tentent de consolider le contrôle permanent de l’État, pourquoi le New York Times brouillerait-il les pistes en tirant à boulets rouges sur certains des ennemis les plus déterminés de Donald Trump ? En examinant de plus près la citation ci-dessus, il semble que la principale préoccupation du comité éditorial ne soit pas ce qui se passera en conséquence des actions d’Elon Musk, mais plutôt de savoir si Musk et ses acolytes suivent les règles correctement.

Un conflit à trois facettes

Alors que Trump et Musk prennent le contrôle hostile du gouvernement des États-Unis, des médias comme le New York Times racontent une histoire dans laquelle il y a deux camps : d’un côté, la démocratie et l’État de droit, et de l’autre, les oligarques criminels qui menacent de les saper.

Mais ce n’est pas la seule façon de comprendre la situation.

Il serait plus précis de dire qu’il y a trois camps : ceux qui souhaitent revenir aux formes de gouvernance qui prévalaient jusqu’au 20 janvier 2025 ; ceux qui sont actuellement en train de renverser ce système pour en imposer un autre encore plus oppressif ; et ceux qui rejettent ces deux options en faveur d’une alternative plus égalitaire.

#1)   Dans le premier camp, nous trouvons des personnes qui pensent qu’une certaine dose d’autodétermination est acceptable, tant qu’elle s’inscrit dans le cadre des lois en vigueur. Ils sont également à l’aise avec un large éventail de comportements destructeurs et impitoyables, à condition qu’ils soient également conformes à ces mêmes lois. Lorsque les membres de ce camp parlent d’« égalité », ils ne veulent pas dire que chacun d’entre nous devrait avoir une influence comparable sur les conditions qui déterminent ce que nous pouvons faire de notre vie. Ils parlent d’égalité des chances sur le marché et d’égalité devant la loi, deux notions qu’il est absurde d’évoquer lorsque certaines personnes commencent leur vie avec des sous et d’autres avec des milliards. Les gens de ce camp s’inquiètent de voir Elon Musk réformer le gouvernement fédéral, mais ils n’avaient aucune objection à ce qu’il amasse des centaines de milliards de dollars alors qu’une centaine de millions d’Américains vivaient au jour le jour. Ils s’inquiètent des projets de Trump pour Gaza, mais jusqu’à il y a quelques semaines, nombre d’entre eux étaient parfaitement à l’aise avec le fait que le gouvernement des États-Unis finance un génocide dans cette région.

#2)   Dans le second camp, nous trouvons ceux qui sont déterminés à consolider le pouvoir entre leurs mains, quelles que soient les lois en vigueur. Donald Trump, Elon Musk et leurs divers soutiens capitalistes, nationalistes et fascistes préserveront toutes les lois qui les aideront et renverseront les autres. Ils n’ont aucune allégeance à un système ou à un protocole juridique particulier. Ils recherchent leur propre avantage par tous les moyens, en prétendant de manière mensongère qu’ils sont les seuls à pouvoir résoudre les problèmes de notre époque (« Je suis le seul à pouvoir y remédier »). Ces personnes ont toujours existé, mais ce n’est qu’au cours des dernières années que les ressources sont devenues si inégalement réparties qu’une poignée d’entre elles pourrait prendre le contrôle du gouvernement des États-Unis.

#3)   Enfin, dans le troisième camp, nous trouvons les anarchistes et autres rebelles qui ne font pas non plus allégeance au système de gouvernance qui a prévalu jusqu’à présent, mais pour des raisons totalement différentes. Les anarchistes estiment que chacun mérite le maximum de liberté, quelles que soient les lois en vigueur, et donc que personne ne mérite de pouvoir dominer les autres, que ce soit en accaparant l’accès aux ressources ou en utilisant les instruments de répression de l’État. Les personnes de ce camp considèrent qu’indépendamment de ce que proclame une constitution, indépendamment du vote des électeurs lors d’une élection, aucun d’entre nous ne doit d’allégeance à des institutions qui n’existent que dans le but d’imposer des disparités de pouvoir, qu’il s’agisse de services gouvernementaux, de banques ou d’entreprises militaires privées. Contrairement à ceux qui s’accommodent de l’oligarchie et du nettoyage ethnique tant que personne n’enfreint les règles, il n’existe aucun moyen de soudoyer ou de faire chanter les anarchistes pour qu’ils trouvent des excuses à l’oppression.

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Quelles que soient vos opinions politiques, vous êtes probablement favorable à l’analyse anarchiste dans une certaine mesure – peut-être plus que vous ne le pensez.

Essayez cette expérience de pensée :

Dans quelle mesure adhérez-vous à l’idée que le processus démocratique doit l’emporter sur votre propre conscience et vos propres valeurs ? Imaginez-vous dans une république démocratique avec des esclaves – disons l’Athènes antique, ou la Rome antique, ou les États-Unis d’Amérique jusqu’à la fin de 1865. Obéiriez-vous à la loi et traiteriez-vous les gens comme des biens/esclaves tout en vous efforçant de changer les lois, en sachant pertinemment que des générations entières pourraient vivre et mourir enchaînées dans l’intervalle ? Ou bien agiriez-vous selon votre conscience au mépris de la loi, des légalités, comme Harriet Tubman et John Brown ?

Si vous suivez les traces des anti-esclavagistes comme Harriet Tubman, alors vous croyez vous aussi qu’il y a quelque chose de plus important que l’État de droit. C’est un problème pour tous ceux et toutes celles qui veulent faire de la conformité à la loi ou à la volonté de la majorité l’arbitre final de la légitimité.

  •     De la démocratie à la liberté

Aucune loi ne vous donnera la liberté

La défense contre Donald Trump sur le principe que « personne n’est au-dessus de la loi » a échoué depuis huit ans. Pire, avec le retour de D. Trump aux commandes du gouvernement étasunien, c’est un discours qui s’autodétruit. Que se passera-t-il lorsque ses laquais au Congrès adopteront de nouvelles lois et que les juges qu’il nommera se prononceront en sa faveur ? À ce moment-là, toute cette rhétorique légitimant la loi comme un bien en soi ne fera que renforcer la main de Trump.

De nombreuses personnes ont passé plusieurs années du premier mandat de Trump à attendre que l’ancien directeur du FBI, Robert Mueller, enquête sur Donald Trump et le poursuive. Comme nous l’avions affirmé à l’époque, avant que l’enquête de Mueller ne se solde par un échec total, cette stratégie vouée à l’échec reflétait une incompréhension fondamentale de l’équilibre des pouvoirs et de la nature même du droit :

   Les démocrates ne comprennent toujours pas comment fonctionne le pouvoir. Le crime n’est pas la violation des règles, mais le stigmate attaché à ceux qui enfreignent les règles sans avoir le pouvoir de les établir. (À l’apogée du règne de Gengis Khan, il aurait été inutile d’accuser le célèbre tyran d’avoir enfreint les lois de l’Empire mongol ; tant que Trump a suffisamment de Washington derrière lui, il en va de même pour lui. Les lois n’existent pas dans un royaume transcendant. Elles sont simplement le produit des luttes de pouvoir au sein de l’élite – sans parler de la passivité des gouvernés – et elles sont appliquées en fonction de l’équilibre des forces en présence. Fétichiser la loi, c’est accepter que la force fasse le droit. C’est renoncer à la responsabilité de faire ce qui est éthique, quelles que soient les lois en vigueur.

À long terme, les tribunaux ne peuvent pas contraindre Donald Trump. Il contrôle le pouvoir exécutif, la partie du gouvernement qui est censée faire appliquer leurs décisions.

Les tribunaux ne pourront pas non plus contraindre Elon Musk. Même en dehors du soutien de Trump, il dispose d’un budget illimité pour les procès. Si les tribunaux tentent de le punir en lui imposant des amendes, il peut se permettre de payer des dizaines de milliards de dollars d’activités illégales. Il refuse déjà régulièrement de payer son loyer et d’autres factures qu’aucune personne ordinaire ne pourrait se permettre d’ignorer.

La police et les autres organismes chargés de faire respecter la loi n’imposeront pas non plus de contraintes à Trump ou à Musk. En théorie, la police existe pour faire respecter les lois ; en pratique, le policier moyen connaît très peu la loi – ce ne sont pas des avocats, après tout – mais beaucoup l’obéissance aux ordres. Trump est le politicien préféré de la caste des mercenaires, ceux qui vendent leur capacité à infliger de la violence au plus offrant (qu’il s’agisse de l’État ou d’entreprises de sécurité privées). Tout comme Trump a rempli son gouvernement de personnalités en disgrâce qui dépendent de lui, la police est son alliée naturelle, d’autant plus qu’elle est compromise dans ses relations avec le grand public.

Continuer à souligner la centralité du droit  (étatique ou humaniste, etc ) dans les objections au programme de Trump ne peut qu’entraver les mouvements futurs, en décourageant l’émergence du seul type de résistance qui pourrait offrir un espoir une fois qu’il aura achevé sa prise de contrôle du gouvernement fédéral.

En réalité, ni les puissants ni les opprimés n’ont jamais eu de bonnes raisons d’obéir aux lois – les premiers parce que les privilèges qui leur permettent d’écrire les lois les dispensent de la nécessité d’y obéir, les seconds parce que les lois n’ont pas été établies dans leur intérêt en premier lieu.

-Faites votre choix : la loi ou la liberté ?

Rappelez-vous comment nous en sommes arrivés là

Le discours binaire sur les oligarques criminels qui sapent la démocratie et l’État de droit est trompeur à un autre titre. Les autoritaires qui réorganisent le gouvernement ne représentent pas le contraire de l’ordre précédent, mais la conséquence inévitable de celui-ci. Leur prise de pouvoir est le résultat de plusieurs décennies de capitalisme géré démocratiquement, qui ont permis à une coterie de milliardaires d’accumuler tant de richesses et de pouvoir qu’ils ne croient plus avoir besoin des atours de la démocratie pour garder la population apaisée.

Ce sont les règles du jeu précédent qui ont créé cette situation. Vouloir revenir en arrière, à l’étape précédente du processus, est insensé, car c’est cette étape qui nous a conduits directement à celle-ci. Il est impossible de revenir en arrière – et même si nous le pouvions, nous ne ferions qu’arriver une fois de plus à la même situation. Le problème n’est pas simplement que les protégés de Musk se sont déchaînés dans les bases de données du gouvernement, bien que cela ait déjà des conséquences qu’il sera probablement impossible d’annuler. Le vrai problème est l’émergence d’une caste de milliardaires qui n’ont plus besoin des services de la démocratie et qui ont suffisamment de pouvoir pour s’en débarrasser.

Ces milliardaires peuvent acheter des plateformes de communication, acheter à la fois des politiciens et des électeurs, utiliser l’infrastructure mondiale sous leur contrôle pour déterminer l’issue des luttes géopolitiques. Donald Trump et Elon Musk sont ceux qui attirent actuellement le plus l’attention, mais derrière eux se trouvent Peter Thiel, Marc Andreessen et bien d’autres. Les défauts individuels de ces hommes sont sans importance ; ce qui compte, c’est que les mécanismes du capitalisme néolibéral concentrent systématiquement le pouvoir entre les mains de personnes qui se désintéressent totalement de l’action ou du bien-être d’autrui.

C’est la raison pour laquelle le centrisme de pacotille ne peut offrir une alternative convaincante au despotisme des fascistes et des technocrates.

Décrivant la stratégie infructueuse des Démocrates consistant à chasser les Républicains toujours plus à droite, un politicien démocrate a déclaré que « les électeurs qui ont commandé un Coca-Cola ne veulent pas d’un Coca-Cola light ». Ce n’est pas assez fort. Étant donné que Trump a remporté l’élection sur un programme explicite de déportations massives et d’autocratie, les démocrates qui imitent les points de discussion républicains tout en promettant de « défendre la démocratie », c’est comme offrir du Coca-Cola Diet à un cocaïnomane. Les électeurs républicains d’aujourd’hui sont motivés en grande partie par le désir de voir la violence dirigée contre ceux qui sont plus vulnérables qu’eux. C’est l’autocratie elle-même qu’ils désirent, et non une politique particulière.

Cette soif de sang est la conséquence de l’avarice et du narcissisme que le capitalisme néolibéral a encouragés chez tant de gens et qu’il n’a pas réussi à satisfaire. Ceux qui se sont habitués à l’impuissance et à la passivité, qui désirent ardemment se venger mais ne comprennent pas qui est responsable de leur situation, élèveront des tyrans au pouvoir pour le plaisir vicieux de voir quelqu’un souffrir, même si les conséquences aggravent la vie de pratiquement tout le monde. Sans doute certains d’entre eux changeraient-ils de camp s’ils voyaient une réelle opportunité d’améliorer leur vie, mais il faudrait pour cela bien plus qu’une promesse de revenir à l’ère Biden.

Si les défenseurs de la démocratie ne peuvent rien proposer de plus inspirant qu’un retour à l’état antérieur des choses – celui qui a causé cette catastrophe en premier lieu – ils perdront, et ils mériteront de perdre. Il faudra une vision plus ambitieuse et plus large pour vaincre l’oligarchie.

Devenir anarchiste ou se taire à jamais

En 2020, le soulèvement le plus puissant de mémoire d’homme a eu lieu aux États-Unis. Des millions de personnes ont envahi les rues. Ils n’ont pas été galvanisés par une campagne électorale timide, ni simplement par les images de la police assassinant George Floyd, mais par les actions courageuses de gens ordinaires qui se sont dressés contre l’injustice – avant tout, par l’incendie du Third Precinct à Minneapolis. En alimentant le discours politique de l’année électorale, ce soulèvement a non seulement détourné les électeurs de Donald Trump, mais il a également montré aux milliardaires que ce dernier ne serait pas en mesure de préserver des conditions propices aux affaires, ce qui les a contraints à modérer leurs ambitions.

Un sondage a montré que les Américain.e.s étaient plus nombreu.ses.x à soutenir l’incendie du commissariat de police que n’importe quel candidat victorieux à la présidence au cours de ce siècle.

En réponse au soulèvement, Joe Biden et d’autres démocrates ont doublé leur soutien à la police. Cela montre que les démocrates pensent qu’il est impossible de conserver le pouvoir sous le capitalisme sans consacrer de plus en plus de ressources à la répression, en chargeant la police de garder sous contrôle une population de plus en plus désespérée.

Aujourd’hui, les Républicain.e.s vont encore plus loin, en cultivant le soutien à des politiques explicitement patriarcales, racistes, xénophobes et autoritaires – en bref, au fascisme. L’implication est qu’à mesure que des milliardaires accumulent de plus en plus de pouvoir et que les conséquences de leur rapacité se répercutent sur le reste d’entre nous toustes, il faudra plus que de la police  et armée pour garder la population sous contrôle : il faudra aussi des milices informelles, des mensonges sur les raisons pour lesquelles certains groupes démographiques méritent d’avoir plus de pouvoir que les autres, et probablement, à long terme, un nettoyage ethnique et un génocide à une échelle plus grande que ce que nous avons vu jusqu’à présent.

Le pasteur Martin Luther King Jr. prêchait à croire que « l’arc de l’univers moral est long, mais qu’il s’infléchit vers la justice ». Mais aujourd’hui, il est clair que les choses ne s’améliorent pas lentement et régulièrement, ni dans le domaine des droits civils, ni en ce qui concerne l’environnement naturel, ni la justice, ni la gouvernance.

« La fonction du gouvernement est de centraliser le pouvoir et d’imposer la domination : faire respecter, punir, administrer. Les hommes politiques président une économie plus oppressive et invasive que ne pourrait l’être une dictature à elle seule. »

L’État n’est pas la solution à ces problèmes. C’est un racket de protection qui – jusqu’à récemment – prétendait résoudre nos problèmes afin de nous endormir dans la dépendance (« Je suis le seul à pouvoir y remédier » !) tout en supprimant notre capacité à répondre à nos besoins sans lui. Aujourd’hui, sous Trump et Musk aux États-Unis et sous des dirigeants comme Javier Milei ailleurs, il n’y a plus de prétention à ce que l’État existe pour faire autre chose qu’opprimer les gens et défendre les profits des riches. Pendant tout ce temps, l’État a accumulé les moyens – technologiques et sociaux – nécessaires pour nous imposer cette nouvelle réalité, et maintenant les tyrans ont l’intention de les utiliser.

Pourtant, ce faisant, Elon Musk et Donald Trump donnent à des millions de personnes des raisons de réévaluer leurs priorités et de consacrer leur vie à un changement social profond. Le soulèvement de 2020 a donné un aperçu de ce à quoi ressemble un grand nombre de personnes qui agissent de leur propre initiative, créant une vague de résistance qui est bien plus grande que la somme de ses parties. Notre principale erreur, en 2020, a été d’imaginer que nous pourrions simplement revenir aux affaires courantes par la suite, alors qu’en réalité, notre seul espoir est de changer le monde.

Alors que Trump et Musk étripent tous les aspects de l’État qui ne sont pas liés au profit et à la répression, les enjeux de ce moment se précisent. Il n’y a plus de terrain d’entente. Si vous vous souciez de la santé publique, vous devez devenir un révolutionnaire. Si vous vous souciez de la recherche médicale, vous devez devenir un révolutionnaire. Si vous vous souciez du changement climatique, des conditions de travail, du bien-être des enfants dans les zones de guerre, il n’y a rien d’autre à faire :     vous devez devenir un.e révolutionnaire.

Dans les mouvements à venir, nous devons faire de la place aux fonctionnaires qu’Elon Musk a licenciés, aux scientifiques et aux universitaires dont le financement s’est tari, à ceux qui cherchaient autrefois à changer la société par le biais de la politique électorale. Ils devraient mettre toutes leurs compétences au service de nouveaux contextes, en expérimentant de nouvelles formes de résistance et en diffusant largement les stratégies qui fonctionnent. Mais nous ne devons pas nous contenter d’essayer de reconstruire le système défaillant qui nous a conduits à cette situation désastreuse. Nous devons construire ensemble une nouvelle vision et les moyens de la mettre en œuvre.

Les anarchistes proposent de renforcer notre capacité collective à agir sur une base horizontale et décentralisée, plutôt que de confier notre action à des dirigeants. Nous cherchons à créer un réseau d’associations participatives et volontaires qui se chevauchent et qui peuvent répondre aux besoins matériels et spirituels des gens. Plutôt que de thésauriser les ressources pour nous-mêmes comme le font les milliardaires, nous cherchons à abolir tous les mécanismes qui imposent une pénurie artificielle, afin de créer des biens communs qui profitent à tous. Nous cherchons à générer de l’abondance, pas du profit.

Être anarchiste, c’est reconnaître que notre liberté et notre bien-être sont inextricablement liés à la liberté et au bien-être de milliards de personnes comme nous. Cela signifie qu’il faut se débarrasser de toutes les vieilles excuses pour rester soumis à ceux qui ne cherchent qu’à s’enrichir aux dépens des autres. Cela signifie qu’il faut devenir farouchement loyal à ce qu’il y a de meilleur en nous et chez les autres, à notre capacité de compassion, de coopération et de courage. Pendant deux siècles, les anarchistes ont résisté aux monarchies et aux dictatures. Maintenant que la démocratie libérale et le capitalisme néolibéral aboutissent à une nouvelle forme de tyrannie, une nouvelle génération doit s’inspirer de ce long héritage de lutte.

Il n'y a pas de retour en arrière possible,
Pas de retour à l'avenir que nous avions anticipé.
L'ancien monde est en flammes autour de nous. 
Devenez anarchiste ou taisez-vous à jamais.
À propos de CrimethInc.

CrimethInc. est une alliance rebelle – un réseau décentralisé qui s’engage dans une action collective anonyme – qui s’est échappée des prisons de notre époque. Nous nous efforçons de réinventer nos vies et notre monde selon les principes de l’autodétermination et de l’entraide.

Nous pensons que tu devrais être libre de disposer de ton potentiel illimité selon tes propres conditions : aucun gouvernement, marché ou idéologie ne devrait pouvoir te dicter ce que doit être ta vie. Si tu es d’accord avec cela, faisons ensemble quelque chose à ce sujet.