A mes camarades et ami.e.s militant.e.s valides.

J’en ai marre d’être avec des personnes aussi valid(iste)s.

Les réunions interminables qui me fatiguent et me bouffent ma journée.
Les réunions qui commencent bien après l’heure de début.
L’heure de début qui n’est jamais respectée le temps que vous arriviez, le temps que vous fumiez votre clope, le temps que vous preniez votre temps, parce que vous avez tout votre temps et votre énergie pour les utiliser comme ça, et surtout, parce que vous chiez allègrement sur mes besoins spécifiques.
Le temps que j’aurai passé à vous attendre, c’est le temps en moins que j’aurai à être en état de faire une réu, une action, un atelier.
Le temps que j’aurai passé à vous attendre, c’est le temps en plus de récupération qui viendra s’ajouter au temps de récupération habituel pour n’importe quelle (non-/)activité.
Ce temps-là, c’est du temps qui fuit et que je ne pourrai jamais retrouver. Ce temps-là, c’est du temps que vous me volez.
Le temps et l’énergie que je choisis de prendre pour faire des réunions, c’est du temps que je choisis de ne pas mettre pour des temps de sociabilisation (ou pour autre chose), et inversement. Je dois choisir. Si je fais l’un, je ne suis plus en état de faire l’autre. Donc quand je viens pour une réunion, j’ai fait en sorte d’être au mieux pour pouvoir la suivre et y prendre part, et c’est là-dedans que je veux mettre mon énergie à cet instant. J’ai pas le temps de vous attendre.

Je ne serai pas la caution débile, malade ou estropiée de nos espaces. Je ne serai pas toujours là pour vous faire de la pédagogie pour dévalidiser votre point de vue. Et votre condescendance, votre pitié, ou votre « chapeau tiré », je les refuse. Arrêtez.

J’en ai marre que vous ne preniez pas la mesure de votre position validiste à gerber, et par conséquent, de votre manque voire votre absence de considération pour les handicaps et les personnes qui sont derrière, ces handicaps créés et entretenus par notre société.
J’en ai marre que vous parliez avec mépris de ces « seulement trois marches », ces 3 marches « de rien du tout », qui en plus d’être des barrières physiques pour certain.e.s de mes copaines, rejouent incessamment ce truc des structures et constructions faites par et pour lae dominant.e, lae valide.
Ces trois marches, c’est aussi toute la violence qu’on se prend dans la gueule à longueur de temps, quand on est dans un monde qui n’est pas fait pour soi, un monde où de toute façon, on n’est pas sensé.e.s être là. Elles sont le symbole de notre système validiste, et toutes les mesures qui ne sont pas prises pour qu’on galère moins, parce que quand même, faudrait pas non plus qu’on puisse faire ce qu’on veut de notre existence dans cette société.
Qu’est-ce que ça veut dire politiquement de s’organiser en grande majorité dans des espaces qui reprennent ces codes (architecturaux notamment) des dominant.e.s ? Qu’est-ce que ça veut dire de ne pas se bouger les fesses pour trouver autre chose, et faire différemment ?

Tant qu’on n’inclut pas ces questionnements dans notre réflexion collective, nos espaces resteront valido-centrés et validistes. Un grand nombre de mes adelphes handi.e.s ne veulent pas de ces espaces où se rejouent les mêmes rapports de domination. Un grand nombre de mes adelphes handi.e.s ne viendront pas dans nos espaces s’ils restent tels qu’ils sont aujourd’hui.

J’en ai marre que nos espaces soient autant valido-centrés.
J’en ai marre que nos réflexions le soient aussi.
J’en ai marre de ne pas me sentir assez valide pour faire des trucs avec vous, parce que nos actions sont des trucs de valides, parce que nos manifs sont des trucs de valides, parce que nos événements sont des trucs de valides, parce que nos modes de sociabilisation sont des trucs de valides.
Parce que votre position est celle de personnes valides, parce que votre regard est validiste, parce que vous avez le nez dans votre merde d’oppresseureuse.

A suivre.