11h – 20h : Village de la Pride cours Saint-André : c’est le moment de venir rencontrer les associations (Reboo-T, NOSIG, Contact 44, Bicause, Aides…) Espace de vestiaire pour se changer sur place et pour se maquiller. Zone de repos sensoriel.

14h30 – 17h30 : Marche des Fiertés

20h : Soirée dans une vingtaine de lieux programme des artistes queers

23h : soirée officielle au Warehouse

Comme tous les ans, c’est la Pride. On en pense ce qu’on en veut, quelle que soit la forme que la Pride prend, elle est en soi un moment éminemment politique.

Parce que prendre l’espace public collectivement, c’est imposer la légitimité des existences queer, des corps queer, des relations queers et des revendications queer. C’est prendre cet espace aux yeux et à la barbe impuissante des conversatismes et des fascismes qui doivent se plier face à la puissance du collectif. La plupart des personnes qui marchent en ont conscience et le savent. Être en drag, en Poom Poom short, tenir la main de son ou sa partenaire, chanter, danser, avoir l’apparence qu’on aurait si on ne faisait pas attention, porter une banderole, ne pas craindre d’être vu dans la masse, pouvoir être avec ses ami.e.s sans devoir checker autour de soi par réflexe : la Pride c’est le moment de faire tout ça, d’être tout ça.

Tous les ans un mot d’ordre et une affiche mettent en avant un enjeu communautaire. Le Centre LGBTQIA+ de Nantes pointe cette année la montée des discours de haine et de violence envers les personnes trans et la création de panique morale autour des jeunes enfants et ados trans. Quand on connaît les conséquences terribles en terme de risque suicidaire que la transphobie produit, quand on sait que les témoins d’agression transphobes sont parmi les seuls, avec les témoins d’agressions racistes, à le plus souvent devenir agresseur à leur tour, quand on voit les délires complotistes construits de toute pièce sur le « transactivisme », on sait que la petite musique médiatique n’y est pas pour rien : c’est elle qui hiérarchise les existences et autorise que certaines existences soient réduites au silence.

Depuis quelques semaines, celles et ceux qui veulent nous réduire au silence se font eux beaucoup plus bruyants. Cela a commencé par le tag transphobe avec une croix celtique sur la vitrine de NOSIG. Puis ensuite, on a pu voir des arrachages et des lacérations au cutter sur les drapeaux arc-en-ciel du centre-ville avec un tag homophobe resté longtemps à la vue de tout le monde. Jusqu’à aujourd’hui où un stade a été franchi avec une agression physique envers une personne queer par un groupe de nationalistes autour de Blanche de Castille (la personne est entourée).

Nous sommes plusieurs à craindre pour cette année, plus que pour les autres : il y a eu Saint-Brévin, puis le Centre de Tours visé par un engin explosif artisanal, il y a eu Reconquête, il y a eu les 88 député.e.s RN et ce resserrement un peu partout de liens entre des groupuscules identitaires, royalistes, racistes… Ce week-end, plusieurs grandes villes tiennent leur Pride (Bordeaux, Lyon, Toulouse) et les groupes fafs seraient en train de se mobiliser pour choisir leur cible.

Alors même si nous ne voulons pas qu’ils aient notre joie, nous ne voulons pas non plus faire comme si. Ne leur laissons pas la possibilité d’avoir un trophée de plus comme l’année dernière à Bordeaux (https://www.mediapart.fr/journal/france/080423/juges-bordeaux-neuf-militants-d-extreme-droite-assument-leur-rejet-du-lobby-lgbt). Prenons soin les unes des autres : on marche ensemble, on danse ensemble et on rentre ensemble. On se répète les gestes d’autodéfense de base : crier, demander de l’aide, se réfugier dans un bar camarade ou l’un des 20 établissements qui fera la fête, ne pas laisser les personnes s’approcher physiquement. Si l’on voit un groupe qui ressemble à des fafs, on alerte autour de soi et on peut aller les dégager collectivement en prenant des photos à faire tourner. On ne crée pas de rumeur ou de panique. Si on est témoin d’une agression, on prend soin en premier lieu de la personne agressée, on la coupe de la situation d’agression et on lui demande comment elle va. Après, seulement après, on peut penser à la riposte. Et pour les plus deters, il y a toujours la possibilité de faire des rondes en vélo autour des lieux identifiés comme queer ou des repères connus de fafs, surtout au moment de la sortie des bars.

Ne les laissons pas gâcher la fête.