Présentation/lecture :  « Marius Jacob : l’anar au grand cœur », texte écrit et dit par Vincent Siano (TRAC de Beaumes-de-Venise)

Le 28 août 1954, Alexandre Marius Jacob se donne la mort, à l’âge de 75 ans. Un geste pensé, réfléchi. Une décision inébranlable. Insoumis face à la mort comme il l’a été toute la vie. Une force de caractère n’obéissant qu’à sa conscience, même dans la plus féroce adversité.

Peut-il partir sans parler ? Sans se raconter ? Lui faut-il un auditoire ? Il a près de lui Zézette et Négro. Une chatte câline et un chien aveugle et sourd. Aurait-on mieux imaginé ? Alors les paroles d’elles-mêmes affleurent pour dire une vie, une lutte, une mère. Et l’amour des derniers jours.

Ainsi parle Marius Jacob. Celui qui fut (dit-on) le dernier des grands voleurs anarchistes. Voleur au grand cœur (ajoute-t-on pour la romance). Ainsi les mots remontent le temps et les espaces jusqu’à la Marseille de son enfance. Marseille des pauvres, à la fin du XIXe siècle, où il embrasse l’idéal libertaire, l’ardeur révolutionnaire et l’action rebelle. Mais le jeune Marius fait le pari, que pour défendre sa cause, mieux vaut s’attaquer directement aux coffres-forts, et pratiquer « la reprise individuelle » chez les riches parasites ! De coups d’éclats en cambriolages raffinés, le cerveau des « Travailleurs de la nuit » ne peut éviter l’arrestation, la condamnation, et la déportation au bagne de Guyane. Libéré après 25 ans d’enfer, il adopte le métier de marchand ambulant avec sa mère (laquelle a contribué à sa libération). Il passe ainsi pour « un forçat régénéré » !

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