Depuis plus d’un mois, un collectif de livreurs s’est monté pour s’opposer à un arrêté interdisant la circulation des scooters thermiques dans les rues piétonnes du centre-ville. Après plusieurs rassemblements, ils sont enfin reçus par la mairie de Nantes ce jeudi. Leur position est claire : cet arrêté ne fait qu’augmenter leur précarité et la difficulté de leurs conditions de travail et ne peut demeurer en l’état, sans aménagements ni aides conséquentes pour s’adapter.

En effet, il leur est devenu impossible de livrer en vélo, les courses pouvant les amener de plus en plus loin, jusqu’à 15 ou 20 kilomètres pour certaines, et avec des applications qui les font parfois passer par le périphérique. Ces courses leurs rapportent déjà des sommes dérisoires, en vélo elles leurs rapporteraient encore moins en proportion du temps passé sur le trajet, avec en plus un épuisement physique accru.

En ce qui concerne le scooter électrique, la plupart sont loin de pouvoir s’en payer un, l’aide fournie par la plate-forme étant d’à peine 200€ pour un engin qui en coûte en moyenne 6000. Le collectif pointe à ce sujet les incohérences de la mairie de Nantes, car pour ceux qui pourraient se procurer un scooter électrique, il deviendrait encore plus dangereux de circuler dans les zones piétonnes avec un véhicule qui ne fait pas de bruit. Enfin, ils se retrouveraient confrontés au problème du chargement des batteries, la ville ne prévoyant absolument pas de mettre à disposition des bornes pour recharger les véhicules.

La mairie socialiste n’est cependant pas à une incohérence près quant à sa politique en matière de transition énergétique : « nous ne sommes pas les plus grands pollueurs de Nantes », affirme le collectif. En effet, pendant ce temps, les grands projets inutiles et polluants continuent de se multiplier dans la métropole et sa périphérie. C’est pourtant encore une fois aux plus précaires que la mairie décide de s’attaquer pour promouvoir son image de ville verte et attractive.

Depuis l’entrée en vigueur de cet arrêté, les amendes pleuvent sur les livreurs, qui ne touchent déjà même pas l’équivalent du SMIC, alors que la mairie avait promis un mois de tolérance. C’est d’ailleurs avec l’intervention d’ASVP venus les verbaliser que la conférence de presse du collectif de livreurs se trouve finalement interrompue. Ils appellent cependant à venir les soutenir demain, JEUDI 8 AVRIL A 16H devant la mairie de Nantes pour leur premier entretien avec les pouvoirs publics.

Cette lutte s’inscrit dans un contexte plus large de mobilisation des livreurs en France, mais aussi au Royaume-Uni, en Espagne ou en Australie. Deliveroo a fait une entrée très mitigée à la bourse de Londres le 31 mars dernier, la contestation sociale inquiétant les investisseurs.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-decryptage-eco/le-decryptage-eco-deliveroo-entre-a-la-bourse-de-londres-sur-fond-de-contestation-sociale-de-ses-livreurs_4336113.html