Nous avons marché pour le climat, fait la grève, occupé des centres commerciaux, des places, pénétré dans les sièges sociaux d’entreprises immondes. Friday For Future, Italie 2, Châtelet, Black Rock. Nous sommes las.sses d’attendre de la part de l’Etat et des capitalistes une vie moins morne et moins révoltante. Ils ne changeront pas. La suite du monde doit s’organiser sans et contre eux.
L’expérience du COVID
Dans le contexte de crise du Covid-19, la seule réponse de nos gouvernants a été un plus grand contrôle de la population. L’Etat ne fait qu’administrer froidement le désastre. Le confinement en est la parfaite illustration. Les gouvernants transforment nos expériences de vie en statistiques, nous isolent, nous réduisent à l’espace de nos appartements étriqués, envoient leurs flics nous verbaliser pendant qu’ils profitent de leurs villas avec jardin. Au contraire, les maraudes, les paniers alimentaires, les distributions de masques, les cantines solidaires, les luttes et manifestations dans les quartiers malgré la pression policière sont autant d’expériences qui ont vu le jour pendant le confinement et qui permettent de rendre de telles crises plus vivables, moins étouffantes. Nous n’étions pas prêt.e.s à renoncer à nos luttes et nous nous sommes organisé.es collectivement en dehors des institutions étatiques. Nous avons créé des moments de révolte, de partage, de solidarité et de joie afin de prendre soin de nous, de nous rendre plus fort.es. 

Face à la crise écologique, notre réponse doit être la même, nous n’avons rien à attendre d’eux. 
Nous voulons dès maintenant nous organiser collectivement pour nous défaire de nos dépendances au monde de l’économie capitaliste. Il s’agit de lutter contre ceux qui nous asservissent, ceux qui détruisent le vivant, pour arracher au monde marchand et aux institutions étatiques une autonomie nous permettant de répondre à nos besoins, de reprendre le contrôle de nos vie et de créer des mondes désirables. C’est en développant nos réseaux de solidarité, nos sources d’approvisionnements, nos moyens d’éducations que nous rendrons l’ordre existant obsolète. 
Le rapport marchand se propage dans chaque espace et dans chaque moment de nos vies. Construire et expérimenter dès aujourd’hui d’autres rapports au monde passera forcément par une lutte contre ce qui protège et reproduit l’ordre existant : les flics, les juges, les promoteurs immobiliers, les patrons, les urbanistes … Nous ne pourrons pas nous extirper de la marchandisation du monde sans être dans un rapport de confrontation.

La métropole comme incarnation de l’écologie libérale
L’écologie libérale aménage une ville rentable, une métropole verte, policée, surveillée, monotone et sans goût. Ce projet d’urbanisme passe par la pacification de nos espaces de vies et la marginalisation des éléments qui gènent la marchandisation de la ville : les pauvres, les étranger.es, les subversif.ves et les révolté.es.
Pourtant, notre vie est ici. Fuir la métropole n’est pas dans nos plans. Nous comptons nous battre pour prendre les espaces et les rendre plus habitables. À Paris, les mobilisations climat ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes mais pour nous, ces mobilisations manquaient cruellement d’ancrage, nos présences s’effaçaient bien trop rapidement. Nous pensons que la lutte écologique en ville doit s’incarner dans la défense d’espaces habitables. La lutte écologique est une lutte pour le vivant et la diversité des rapports au monde, elle s’oppose aux logiques managériales des métropoles où le rapport marchand est hégémonique.
En tant qu’écologistes nous ne voulons pas vivre dans le monde qu’ils nous proposent. Un monde dans lequel la moindre banderole à un balcon peut être sanctionnée. Un monde dans lequel la police se sent libre d’occuper violemment les quartiers populaires. Dans la société qu’ils ont installé, organiser une cantine solidaire dans la rue, faire du foot sur une place ou organiser un concert demande un nombre incalculable d’autorisations et peut être criminalisé. Nous voulons pouvoir décider collectivement de l’usage de nos espaces et cela passe par leur réappropriation. 

Nous avons besoin d’espaces, nous avons besoin de lieux.
Des lieux pour discuter, manger, dormir, danser, dessiner, jouer de la musique, lire, comploter. Des lieux pour faire nos banderoles, nos réunions, pour essayer de réinventer des relations sociales horizontales et échanger sur les systèmes de domination qui nous touchent ; des lieux pour se sentir bien. Nous ne comptons pas attendre indéfiniment. De tels lieux ne nous seront pas donnés. Il nous faut les prendre, nous les approprier selon notre usage.
Nous comptons donc occuper une place et les rues adjacentes à partir du samedi 26 septembre, date mondiale de la mobilisation climat. Nous avons choisi cette place parce qu’elle offre des espaces concrets d’organisation (plus de détails à venir). L’objectif de cette occupation est de sortir des mobilisations symboliques et pacifiées qui trop souvent confortent la marche actuelle du monde et sont incapables de l’enrayer. En occupant cette place, nous comptons concrètement  lutter contre les processus de marchandisation des espaces et des expériences de vie qui ont lieu dans ce quartier et qui se parent bien souvent d’un camouflage vert. Nous pensons que la meilleure manière de s’opposer aux promoteurs immobiliers qui rendent nos villes aseptisées, ternes et sans vie, c’est d’extraire un maximum d’espaces des logiques marchandes et de nuir à leurs aménagements greenwashés.
Là où ils veulent des places avec des restos branchés, nous voulons des cantines populaires et des concerts sauvages. À la place de leurs espaces de co-working, nous voulons des librairies autogérées et des ateliers d’éducation populaire. Contre leurs AirBNB ternes et leurs écoquartiers bétonnés, laissons des zones de friches et cultivons des jardins ouvriers. Ces espaces libérés ne seront pas des forteresses depuis lesquelles nous regarderons passivement le monde s’écrouler. Nous passerons à l’offensive, aussi longtemps qu’il le faudra.
Que trouverez vous dans cette occupation ?

  • Cantine à prix libre
  • Possibilités de logement sur place et en amont
  • Espaces de réflexion et de discussion, avec entre autre : Dilnur Reyhan, Fatima Ouassak, le collectif Bas les masques, le collectif Collage Féminicide Paris, Xavier Capet, le collectif Sappho Gang, l’Arbre Qui Pousse, le collectif Non au Terminal 4, Sea Shepherd, le collectif Justice pour Tran To Nga et les 3 millions de victimes de l’Agent Orange, le syndicaliste de Sud-Rail Anasse Kazib, la Défense collective Paris-Banlieues…
  • Partage d’expériences sur les questions de logement et d’alimentation
  • Formations à la garde à vue et au déplacement collectif
  • Info-kiosque
  • Projection 
  • Gratuiterie
  • Construction de cabanes
  • Musique
  • Espaces en non mixité
  • Pleins de surprises 
  • Beaucoup d’autogestion
  • De la bienveillance

Conseils pour l’occupation

Ce dont vous pourriez avoir besoin durant cette occupation: 

  • Du matériel pour dormir : tente, sac de couchage…
  • Du matériel pour manger : Gamelle, couverts …
  • Du matériel pour se protéger des Gazs (et du COVID !) : Masques , lunettes… 
  • Du matériel pour bricoler : Tournevis, pinces…
  • Du matériel pour construire : Palettes, planches…
  • Du matériel pour re décorer : Peinture, spray…

 

Organisé, entre autre, avec Bas Les Masques, Désobéissance Ecolo Paris et Youth For Climate