Nous ne voulons pas/plus donner notre à voix à celleux qui s’accaparent le pouvoir de décider à notre place, du devenir social, écologique et politique de nos vi(ll)es. Nous n’avons pas l’intention de rester silencieux.ses devant ce jeu de dupes que sont les élections municipales.

L’abstention est loin d’être l’expression d’un désintérêt pour la politique, bien au contraire, elle révèle [en creux] que nos aspirations radicales pour une démocratie directe, sociale et écologique ne se satisfont plus des promesses et de la communication politique. Notre abstention, c’est le choix et la voix de celleux qui considèrent que l’organisation d’une cité est une question bien trop importante pour la laisser entre les mains des seuls professionnels de la politique obnubilé par le développement économique et l’attractivité d’une ville au détriment de la vie de ses habitant·e·s, et en particuliers, des plus précaires. Avec un taux record de 60% d’abstentions au premier tour, nous sommes les grands gagnant.e.s de ces élections.

La crise du Covid a démontré que l’inventivité politique et la solidarité de proximité des habitant.e.s est et doit continuer à être une réponse collective face aux maux qui touchent nos vi(ll)es et face à des pouvoirs locaux et nationaux qui se complaisent dans l’inaction. Dans une politique de métropolisation de la ville, où l’on déloge des migrant·e·s de bâtiments municipaux inoccupés, chasse violemment des classes populaires de leur quartiers sous couvert de mixité sociale ou fonctionnelle, détruit des squares aux profits d’implantation de multinationales ou d’urbanisation des dernières terres maraîchères pour étendre la ville, nous en appelons à la nécessité de changer radicalement de logiciel idéologique, économique et politique qui gouverne l’aménagement de nos villes.

Nous ne contribuerons pas à légitimer celleux qui s’évertuent depuis 1989 à faire de Nantes, une métropole bourgeoise et ségrégative concédant au néolibéralisme, le saccage et la privatisation de nos services, équipements et espaces publics, que ce pouvoir soit saupoudré d’une note social-libérale ou d’un verdissement labellisé (EELV et le PS), qu’il soit de la start-up nation (LREM) ou dans l’obsession sécuritaire (LR et RN). Nous misons sur nos dynamiques collectives politiques et sociales pour monter des groupes de pressions locaux et créer des quartiers libres afin de faire de l’espace local, l’espace privilégié de l’action directe, de la solidarité, des communs et de la protection du vivant. Nous, abstentionnistes, nous ne limitons pas notre réappropriation populaire de l’autonomie politique aux seules préoccupations « localistes » mais faisons du local, une caisse de résonance aux résistances globales contre les logiques nationales et mondiales qui détruisent nos vi(ll)es : du néolibéralisme, au réchauffement climatique, en passant par la montée du fascisme, du racisme et la réduction de l’espace démocratique à l’échelon local comme global.

Les mouvements municipalistes n’ont pas permis de sortir massivement le pouvoir des mains des élites par les urnes, mais ils ont permis d’expérimenter d’autres manières de faire de la politique par les habitant·e·s, de mettre des sujets, comme la métropolisation, sur la table, et les dynamiques initiées vont se poursuivre dans les luttes et alternatives. Si les élections constituent la seule expression démocratique que nous autorise le régime de la représentation politique, nous revendiquons le droit et le devoir de manifester notre désaccord et à mettre en place une autre forme démocratique plus directe: l’ auto-gouvernement du peuple par le peuple ! A chacun selon ces moyens, pour chacun selon ces besoins !

Certaines expériences ont pu porter un rapport de force à l’échelle de la métropole, comme la ZAD de NDDL, d’autres tentatives de fédération des luttes locales comme notamment Métropole en Luttes, La Maison Du Peuple, L’Assemblée Commune … ont émergé ces dernières années, ce sont autant d’expériences qui nourrissent nos luttes et doivent nous encourager à continuer, malgré les difficultés, à nous auto-organiser à l’échelle de la métropole.

Nous ne sommes pas tou·te·s d’accord sur tout, mais nos luttes et alternatives se nourrissent de cette diversité d’idéologies et de tactiques avec pour socle commun le refus du capitalisme et de la métropolisation, qui bétonne, aseptise et gentrifie notre ville!, nous appelons à continuer de nous fédérer localement pour opérer des changements radicaux pour que chacun·e puisse vivre, satisfaire ses besoins de base, tout en prenant soin de la nature dont nous faisons partie.

Abstentionnistes d’inspiration communalistes, libertaires, gilets jaunes, syndicalistes ,écologistes, anti-racistes,décoloniaux, féministes, antirep’, Squatteurs et squatteuses, militants du droit aux logement… rendons visible l’expression invisible de celleux qui ne sont et ne veulent pas être représenté·e·s! Nous appelons pour cela le jour du second tour à un rassemblement et à une Assemblée Générale contre la métropolisation et pour l’auto-organisation* . Rendez-vous Place Bouffay dimanche 28 juin à 18h !

Les Abstentionnistes Activistes Anonymes

* Où continuer de discuter notamment de propositions comme la création d’assemblées populaires de quartier, d’une AG inter-luttes mensuelle, d’amplifier la résistance locale aux projets d’urbanisation ou inutiles