De tous temps et en tous lieux, des femmes ont été maltraitées, brutalisées et élevées dans une culture de l’infériorité. Les violences exercées contre elles, du mariage forcé aux coups répétés, sont des violences de genre qui induisent une sorte de banalité, voire d’impunité, conduisant au crime de sang. On tue une femme en raison de son sexe : c’est le féminicide qui est un crime de haine contre les femmes, pour ce qu’elles sont ou ce qu’elles représentent.
De nombreux pays d’Amérique latine ont fait figurer la notion de féminicide dans les législations nationales. Du continent asiatique auquel les filles « manquent », à l’Amérique du Nord, en passant par les pays européens qui tentent de légiférer, sans oublier l’Afrique et les organisations internationales, une prise de conscience s’est faite jour : le féminicide est un fléau universel et le défi majeur des sociétés au XXIe siècle.
Si les violences faites aux femme ne sont pas une maladie contemporaine mais un fait inscrit durablement dans le temps, il s’agira de s’interroger sur le mot, son invention et les définitions qu’on lui donne mais aussi comment il est utilisé et médiatisé, son inscription ou non dans les droits des différents pays à travers la planète.

Maîtresse de conférence en histoire à l’Université de Poitiers, Lydie Bodiou est helléniste et travaille sur l’histoire du corps des femmes dans l’Antiquité grecque.
Elle anime à l’université de Poitiers une équipe de chercheurs de plusieurs disciplines (droit, histoire, sociologie, psychologie, médecine…) qui travaillent ensemble sur les violences faites aux femmes.
Elle a publié plusieurs ouvrages dont Le corps en lambeaux. Violences sexuelles et sexuées faites aux Femmes, Presses Universitaires de Rennes, 2016
Un ouvrage est à paraître On tue une femme. Histoire et actualité du féminicide, Herman, 2019.