À partir du milieu des années 90, en parallèle avec la répression des formes de vies et de luttes jugées menaçantes par l’Etat anglais (nomades, squatters, free-party, saboteurs de chasses, militants ecolos radicaux…) un vaste mouvement d’action directe s’est développé à partir de « Road protests ». Ces occupations de terrains, quartiers et forêts menacés par des routes, aéroports, projets de développements urbains, mines à ciels ouverts et autres complexes marchands et industriels ont essaimés à travers le pays.

Le film « Life in the fast lane » retrace un an d’une résistance emblématique à l’intérieur de Londres en 1994 contre la construction d’une énième voie rapide (la M11) et la destruction d’une bonne partie d’un quartier. Cette lutte a mobilisé des milliers de personnes de tous âges et conditions, entre blocages des chantiers, occupations des maisons et créations de zones autonomes, expulsion pendant plusieurs jours d’une rue entièrement squattée et barricadée. On peut la voir comme le terreau fertile au sein duquel une décennie entière d’action directe en Angleterre a trouvé ses formes et pris son essor.

Ce film est de ceux qui gonflent le coeur et donnent irrésistiblement envie de lutter et d’inventer. Beaucoup des participant-e-s à la lutte contre la M11 et au mouvement des « road protests » mettaient à l’époque en avant l’idée d’action directe « non-violente », terme qui renvoyait à une mise en jeu effective et déterminée des corps dans la résistance. Ce sera l’occasion de voir ce que cette ligne d’action recouvrait et permettait à l’époque, et la manière dont elle peut être mise en débat aujourd’hui dans le mouvement anti-aéroport.