Prenant la suite du sénat, l’assemblée nationale a validé, le 16 février, la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 26 mai prochain. Parallèlement, le gouvernenment semble déterminé à faire entrer ce dispositif dans la constitution, y adjoignant l’élargissement des possibilités de déchéance de nationalité.

Les mesures que l’état d’urgence induit constituent une porte ouverte sur l’arbitraire. Elles permettent à l’État de se passer de procès (déjà souvent fort peu équitable) pour infliger de véritables peines de privation de liberté aux individus (l’assignation à résidence), de permettre, par simple décision préfectorale, de perquisitionner (saccager) le domicile de tout un chacun sans avoir à fournir de réelle justification.

L’état d’urgence, clairement issu d’une logique coloniale de gestion des populations (rappellons qu’il a été créé à l’occasion des « événements » en Algérie, puis appliqué contre les kanaks en 1984 et enfin contre les descendants de colonisés en 2005), ne peut pas être dissocié du racisme d’État. Aujourd’hui encore, il touche en priorité les personnes racisées issues des colonies françaises.

Ne nous y trompons pas : la France n’a pas « basculé » subitement dans l’arbitraire ; elle s’y enfonce un peu plus chaque année, patiemment, au rythme des lois liberticides ou dites « anti-terroristes ». L’assemblée nationale s’apprête ainsi à discuter, à partir du premier mars, le projet de loi « renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale ». Les garanties en question ? – permettre aux policiers, qui jouissent déjà d’une impunité de fait, de tuer tout-à-fait légalement au motif de « l’état de nécessité » (lorsqu’il est jugé – par les policiers eux-mêmes – qu’un « périple meurtrier » est à craindre).

Ces mesures, ainsi que l’énergie qui est mise à obtenir le consentement du plus grand nombre, sont fortement liées à une logique d’union nationale dans un contexte de guerre. Elles sont présentées comme des sacrifices nécessaires à un intérêt commun. Hors, il ne peut y avoir d’intérêt commun avec l’État et le patronat qui va chercher, avec ces guerres, de nouvelles populations et ressources à exploiter.

Enfin, ces attaques contre nos (maigres) libertés vont de pair avec une offensive contre nos droits sociaux et conditions de vie : démantellement du droit du travail, nouvelles menaces sur l’indemnisation des chômeurs, privatisation, aménagement du territoire, etc. La contestation de telles évolutions est d’autant plus compliquée que des mesures comme l’état d’urgence tendent à restreindre nos droits politiques.

 

Devant ces constats, il est important de nous organiser et de réagir, bâtir un véritable mouvement social qui nous permette de nous réapproprier les espaces et les libertés qu’ils cherchent à nous enlever, construire des contre-offensives en apliquant l’autogestion, qui reste notre arme principale contre l’État et le patronat.

 

En ce sens, une AG contre l’état d’urgence (et son monde…) se tiendra le lundi 29 février à 18h00 à B17.