Débattre et s’organiser sur :

LICENCIEMENTS MASSIFS A L’ EDUCATION NATIONALE

« NON AU LICENCIEMENT DES 695 EVS EN BRETAGNE, 200 EN ILLE-ET-VILAINE, DES MILLIERS DANS TOUT LE PAYS ! »

Voilà ce qu’on devrait être des milliers à exiger dans des manifestations massives et déterminées, à Rennes et partout.

Même en matière éducative, le cynisme des gouvernants est devenu total. Alors que le chômage vient de franchir un nouveau seuil en avril, ils ont décidé de licencier tous les EVS-Aide à la direction des écoles pour ne garder que ceux travaillant à l’inclusion des élèves handicapés, les AVS-H. Ces deux groupes, les Emplois de Vie Scolaire et les Auxilliaires de vie scolaire, ont le même statut, ultra précaire, et relèvent de ce que les gouvernants appellent les « contrats aidés », aujourd’hui le CEI (contrat emploi insertion). Pour les gouvernants, la possibilité de gagner moins de 700 euros par mois après pas mal de temps passé à galérer dans le chômage, c’est une aumône qu’on vous fait. On vous « insère ». Du jour au lendemain on vous jette.
Si l’on y réfléchit une seconde, c’est le même sort que le patronat associatif, labellisé « économie solidaire », réserve aux travailleurs handicapés de Bretagne Ateliers. Après les avoir encensés pendant des années (quand les carnets de commande étaient pleins), voilà qu’on les traite de bons à rien (*) et qu’on les prie de prendre un statut d’« usager » en ESAT, de perdre ainsi leurs droits à la retraite et tous leurs droits de salariés, dont celui de se syndiquer. Le taulier n’aura même plus à communiquer quoi que ce soit en terme d’accidents du travail, les cadences vont pouvoir accélérer !

Revenons aux écoles. Pour les gouvernants, la seule petite amélioration apportée dans leur fonctionnement, et qui consiste à adjoindre une aide au directeur ou à la directrice – les 3/4 de son temps en moyenne il-elle est en classe avec ses élèves -, c’est déjà trop.

Il faut savoir que les travailleurs et les travailleuses EVS-Aide à la direction ne remplacent pas seulement le répondeur téléphonique quand le directeur ou la directrice est dans sa classe avec ses élèves. Ils – elles accomplissent un vrai travail d’assistance au fonctionnement matériel et administratif de l’école. Encore une fois, il s’agit bien là de la seule petite amélioration de cette dernière décennie alors que les écoles croulent sous les demandes et obligations les plus diverses, surtout depuis la pseudo « refondation », et surtout celles qui sont sous l’emprise d’une Métropole (Métropolis en latin et au cinéma) ou d’une apprentie Métropole. Combien de burn-out de directeurs-trices d’école et d’explosions d’équipes enseignantes les EVS n’ont-ils empêchés ?

Depuis quelques semaines que ces licenciements sont annoncés – on parle officiellement de « non-renouvellement de contrats » – la mobilisation se développe sous diverses formes : assemblées, rassemblements, manifestations, pétitions en direction du rectorat et des élus. Une intersyndicale a vu le jour et un collectif existe.

Or, il faut bien dire que cette mobilisation n’est pas encore à la hauteur de l’agression, cette agression qui en appellera forcément bien d’autres. Celle par exemple que vient de perpétuer Valls en décidant de raccourcir la durée d’indemnisation du chômage, dans les petites entreprises pour commencer, et d’introduire des seuils.
Les enseignant-e-s des écoles et les parents (salariés pour la plupart, certains EVS ou chômeurs) qui pensent que le combat des EVS et en solidarité avec les EVS est perdu d’avance ou qu’il ne vaut pas la peine d’être mené tant leur contrat est merdique se trompent lourdement.

Pour la raison toute simple que la situation des EVS en septembre, s’ils sont réduits une nouvelle fois au chômage, sera bien pire que celle qu’ils vivent actuellement. Au chômage ils toucheraient 500 euros d’indemnités et seraient donc acculés à une misère encore plus grande.

Pour la raison aussi que le sort des EVS c’est celui que les gouvernants et les capitalistes font subir à tous les salariés, du public comme du privé, tous les précaires, les chômeurs, les retraités.

En outre, le préalable au renouvellement de tous les contrats d’EVS et à la pérennisation de la fonction dans un cadre statutaire – un vrai statut, un vrai salaire ! – n’est-ce pas l’arrêt immédiat des licenciements de tous les EVS-Aide à la direction ?

Oui, le cynisme des gouvernants est sans égal. Ainsi, le recteur entend reléguer ces licenciements dans les questions diverses du CTA (comité technique académique) qui se réunit ce 10 juin à Rennes. C’est une insulte ! Le sort de milliers de travailleurs, fussent-ils pauvres, ne relève pas d’une question diverse ! Encore moins s’ils sont pauvres !

Dans le même temps, l’on entend que le gouvernement se préparerait à relancer les emplois aidés à l’automne prochain, tentant ainsi d’appliquer un sparadrap sur l’hémorragie du chômage. Alors, le licenciement des EVS aujourd’hui serait-il une opération politicienne pour faire mousser « les bons chiffres du chômage » de l’automne prochain, à la veille des élections régionales ? S’il s’agit de vérifier le principe selon lequel « les licenciements d’aujourd’hui sont les emplois de demain », mille fois rabâché par l’armada des commentateurs aux ordres, alors dans ce cas, la cruauté le dispute au cynisme.

Et si c’était pire encore ? Des infos bruissent ou sont orchestrées selon lesquelles rien ne serait totalement joué concernant le sort des EVS. Les dotations pour payer les salaires de misère pourraient donc bien réapparaître, l’hiver prochain, après les élections régionales, dans les arcanes budgétaires de l’application du décret signé par Marylise Lebranchu concernant la décentralisation, alors que les régions seront sur le point de collecter tous les impôts.

Dans ce contexte, les EVS pourraient bien représenter plus qu’une variable d’ajustement.

Leur licenciement, c’est un galop d’essai pour le gouvernement, tout entier mobilisé à faire passer sa politique d’austérité, c’est-à-dire l’art et la manière de faire payer la crise capitaliste aux travailleurs – et pas aux profiteurs -, via une pseudo régionalisation – ou plutôt une territorialisation – qui pulvérisera les règles communes que la république, nous a-t-on appris, a instituées. Les règles communes mises en oeuvre par les Communards en 1871 et les CNTistes dans la Catalogne de 1936 nous conviennent mieux, disons-le franchement, mais c’est un fait que le cours républicain des choses a produit quelques appuis, surtout au lendemain de mobilisations autonomes des exploités.

Ainsi le Code de la Fonction publique, ses corps (où les travailleurs sont libres de s’organiser en syndicats de métiers) et ses missions (de service public pardi, profitable à tous !), le Code de la sécurité sociale qui prévoit que « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins », les Conventions collectives, sont quelques acquis arrachés par la lutte et que le patronat et les gouvernants pilonnent depuis des décennies, au rythme des alternances politiques au sommet de l’Etat.

Il n’en reste pas encore tout à fait rien, de ces acquis et de ces droits, et de toute façon, nous n’avons d’autre choix que résister. La résignation est un suicide.

En passant, pilonner les conquêtes ouvrières de 1936 qui se prolongeront dans les maquis de la Résistance, c’était le fait de qui en son temps ? S’en prendre ainsi, sans honte, aux acquis du CNR (sécu, démocratisation de l’enseignement secondaire, droit syndical), c’est le signe que le couteau du bourreau va bientôt attaquer l’os.

Le sort que les gouvernants et le patronat infligent aux EVS, aux travailleurs de Bretagne Ateliers, aux sous-traitants de l’automobile, aux enseignants, à des millions de salariés, de quoi est-ce l’application ? Eh bien de la loi Macron et du pacte de responsabilité, des décrets Lebranchu qui vont faire éclore les potentats locaux, demain de la loi Rebsamen, après-demain du TAFTA (traité de libre échange transatlantique). Nous vivons bien un Guernica annonciateur d’une destruction sans précédent des droits sociaux. Une guerre sociale, quoi.

Les anarchistes entendent décrire la situation telle qu’elle est et ne pas s’illusionner sur une quelconque perspective électorale, même à la sauce Siriza ou Podemos.

Ils vous invitent à discuter de leurs méthodes et de leurs principes, à commencer de construire l’alternative nécessaire au cours d’une

Réunion d’échanges et d’organisation
mercredi 17 juin à 20 heures au local La Commune 17 rue de Châteaudun, Rennes.

Groupe La Sociale (Rennes) adhérent à la Fédération Anarchiste, le 10 juin 2015
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(*) Licenciements en mai 2015 de deux travailleurs handicapés pour « insuffisance professionnelle ».

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tél: 02 99 67 92 87

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