[rennes] cortège à vélo contre l’enfermement
Thèmes : Immigration/sans-papierEs/frontieresPrisons / Centres de rétention
Lieux : Rennes
Cortège à vélo contre l’enfermement, de la prison des femmes de Rennes au centre de rétention de saint Jacques de la Lande
Dans le contexte actuel du tout-sécuritaire, la notion de justice rime avec répression et prison. Le discours politique s’empare de ces thèmes dans des buts électoralistes. Sarko annonce la création de 24 000 places de prison supplémentaires d’ici à 2017.
Tout devient alors possible… Répression des militant-e-s accrue, criminalisation des sans-papiers, politique du chiffre, majorité pénale des mineurs diminuée, peines plafonds augmentées, sur-médiatisation des faits divers et réponse législative disproportionnée, main d’œuvre carcérale exploitée par des entreprises privées, etc.
En parallèle, le taux d’occupation des prisons ne cesse d’augmenter (en 2008, le taux d’occupation des prisons françaises s’élevait à 126%) ainsi que le nombre de détenu-e-s (65 699 au 1er février 2012). Or, il est avéré depuis longtemps que l’état des prisons françaises est catastrophique. Il y a aujourd’hui en prison sept fois plus de suicides que dans la population générale. 30% des prisonnier-e-s sont en détention préventive. Beaucoup des détenu-e-s sont enfermé-e-s pour des délits mineurs. Et la liste est encore longue.
La lutte contre la surpopulation, pour le droit à la santé, l’application du droit du travail, et en général pour l’amélioration des conditions de vie des détenu‑e‑s menée notamment par l’observatoire international des prisons peut sembler nécessaire. D’autant plus aujourd’hui avec les nouvelles prisons « modernes » totalement déshumanisées, où les caméras de surveillance remplacent le contact « humain » entre surveillant-e-s et détenu-e-s. Mais, au delà de ces revendications, nous nous interrogeons sur la pertinence même des concepts de punition et d’enfermement.
Pourquoi lier dans une seule et même action prison et Centre de Rétention Administrative ?
Notre volonté de faire fermer tous les centres de rétention administrative est liée à notre opposition à une politique d’immigration se plaignant des flux humains quand elle favorise celle des marchandises. Beaucoup de sans-papiers passent alternativement du CRA à la prison, que ce soit pour avoir refusé une expulsion, s’être révolté, ou pour séjour irrégulier, puisque le conseil constitutionnel vient de confirmer sa pénalisation. Faire une jonction entre prison et centre de rétention, c’est donc s’interroger sur leurs liens, mais aussi se questionner sur l’enfermement en général.
Qui a le pouvoir de priver quelqu’un de sa liberté, de sa dignité ? Dans quel but ? Et dans quelles conditions ? La prison n’est-elle pas par définition humiliante et dégradante ? En ce sens, vouloir améliorer les conditions de vie en prison n’est-il pas vain ? Nous pensons qu’il est plus utile de s’interroger sur la globalité du système pénal. A voir les chiffres de la récidive, l’utilité sociale de la peine comme prévention de la « délinquance » n’a jamais été prouvée.
Par ailleurs, le système pénal prétend répondre à la transgression des lois. Ces lois se basent sur des principes moraux, qui ne sont pas partagés par tous les membres de la société ou dictées par des visées économiques jamais remises en question. Qui possède une légitimité suffisante pour définir ce qui est sanctionné ou non ? Pour avoir du sens, une règle ne doit-elle pas être élaborée collectivement, dans une société réellement démocratique ?
Enfin, il est nécessaire de revenir sur la notion de réinsertion. Officiellement, la prison doit remplir trois rôles : surveiller, punir et réinsérer. Or, aujourd’hui, le propre de nos prisons est la désinsertion absolue. Et dans quelle société peut-il être souhaitable de se réinsérer ? Notre système actuel produit ses propres exclus. Toute insertion ne peut nécessairement se faire qu’en dehors de la prison. Face à cela, on préfère à la notion de ré-insertion celle d’accompagnement, et à la notion de punition celle de réparation.
Nous appelons à une parade le samedi 17 mars 2012.
RDV place de la mairie à 14h00 pour les vélos et devant la prison des femmes (gare sud) à 14h30 pour les voitures.
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