FEMMES LA NUIT EST À NOUS !

Une marche nocturne entre femmes le 29 mars pour se réapproprier la rue

Encore féministes ? Oui parce que…

Dans l’éducation, au travail, dans la sexualité, dans la famille et dans l’espace public, les femmes sont toujours le deuxième sexe. Toutes les femmes subissent le sexisme qui peut prendre des formes différentes et se mêle aux autres discriminations : racistes, lesbophobes, d’âge, de classe…

Dès leur enfance, les êtres humains sont séparés en deux groupes fortement différenciés socialement : les filles et les garçons.

Aujourd’hui encore à l’école, on encourage les filles à s’orienter vers des filières et des métiers typiquement « féminins », bien souvent sous-payés: service à la personne, soins, enfants, éducation.

Elles subissent une pression sociale plus forte concernant leur tenue vestimentaire et leurs comportements : contrainte à la féminité, expression « garçon manqué »… Le modèle dominant de l’hétérosexualité est imposé et les femmes qui s’écartent de ce modèle en payent les frais, à travers par exemple la lesbophobie.

Les femmes assument encore 80% du travail domestique. Aux yeux de tout le monde, elles sont responsables de la bonne gestion du foyer. Depuis toujours, le travail domestique est gratuit et invisible. L’éducation des petites filles, les jouets sexistes sont pour beaucoup dans cette répartition.

Lorsque les femmes entrent sur le marché du travail, elles restent majoritairement cantonnées dans des emplois moins qualifiés, moins rémunérés que ceux des hommes. Elles rencontrent des résistances très fortes dans l’accès aux postes à responsabilité, subissent un chômage et une précarité accrue. En France, l’écart moyen de revenus entre hommes et femmes varie de 20 à 37 % (selon la prise en compte ou non du phénomène de temps partiel imposé aux femmes). De plus le travail n’est pas toujours synonyme de liberté, d’émancipation, quand les femmes doivent faire face aux violences sexistes et harcèlements sexuels.

Dans la sphère privée, les femmes sont victimes de violences psychologiques, physiques, sexuelles. À titre d’exemple : une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ; les violeurs sont rarement des inconnus (70% font partie de l’entourage proche des femmes violées).

Dans un monde séparé en deux, qui organise un rapport de domination au bénéfice des hommes, les femmes continuent à être dominées, exploitées, maltraitées… Les hommes, eux, apprennent et assimilent très tôt qu’ils sont supérieurs aux femmes et qu’elles sont à leur disposition – notamment dans la rue.

Pourquoi une marche de nuit entre femmes ?

Les femmes qui s’arrogent le droit d’occuper l’espace public transgressent l’ordre établi. Dès qu’on ne se cantonne pas à l’espace privé, notre présence ne semble toujours pas légitime. Les agressions verbales et physiques, la violence contre nous dans la rue sont des outils pour maintenir le système patriarcal. Seules dans la rue, nous sommes considérées comme des objets offerts en pâture aux hommes.

TOUTES ENSEMBLE, N’AYONS PLUS PEUR DE SORTIR SANS CHAPERON LA NUIT !

Quelques situations possibles et (in)imaginables…

J’adore sortir avec mes copines le soir, mais le problème c’est qu’on se fait toujours brancher par des mecs relous qui croient qu’on est là juste pour se faire culbuter. Même quand on est 10, ils arrivent toujours comme des mouches et nous disent : « alors les filles, vous êtes toutes seules ? », alors nous on répond « ben non ducon, tu vois pas qu’on est plusieurs ? » ; et on se fait toujours traiter d’agressives, de mal baisées, etc… Au secours !

J’ai le crâne rasé et je porte des jeans larges, des chemises amples et des rangers. Moi aussi, plusieurs fois je me suis fait agresser dans la rue parce que mon physique ne correspond pas à une image féminine « normale ». Qu’on soit « trop » féminine, « pas assez », en fait tout est prétexte pour s’approprier notre corps, pour nous faire comprendre qu’on n’est pas à notre place, et c’est encore plus vrai la nuit. Ras le bol !

Je suis lesbienne, et quand je me promène avec ma copine le soir, qu’on se tient la main ou qu’on s’embrasse, il nous arrive de nous faire agresser par des mecs qui nous menacent, nous insultent. C’est comme si on les provoquait, comme si ils ne supportaient pas de nous voir comme ça, prenant du plaisir et du bon temps sans eux…

Moi je vis seule et j’adore aller boire des bières dans les bars le soir en lisant un bouquin. Eh bien souvent, je ne peux pas le faire, car je me fais inévitablement brancher par des hommes parfois agressifs qui ne comprennent pas la raison de ma présence seule dans un bar, ou qui croient que je suis là pour draguer. Une femme seule la nuit, c’est toujours louche. Parfois, j’ai l’impression de ne pas parler la même langue qu’eux !

Moi j’adore faire la fête et mettre des jupes très courtes. Mais je n’ose plus en porter le soir quand je rentre seule chez moi, parce que plusieurs fois je me suis fait traiter de salope et j’ai eu peur. Des fois, j’entends aussi des gens dire à demi-mot qu’il faut pas s’étonner qu’il y ait des viols si les filles s’habillent aussi court, que les jeunes filles sont trop « provocantes ». Ce genre de discours, ça me débecte !

Je suis étudiante en histoire et pour payer mes études, je travaille la nuit dans un « bar à hôtesse ». Je dois servir toute la soirée des mecs qui ont parfois 3 fois mon âge en petite tenue. C’est très humiliant de sentir comme ça les regards libidineux, les gestes déplacés, mais ça paye beaucoup mieux que n’importe quel autre petit boulot… Le pire, c’est de résister aux propositions de prostitution… on nous fait comprendre dans la boite que c’est un petit plus pour le client, même si ça ne fait pas partie du contrat…

…Féministes tant qu’il le faudra !

Marche nocturne entre femmes

Samedi 29 mars

Rendez-vous à 21h, place de la mairie

collectif « MAIS qu’est-ce qu’elles veulent ? » groupe féministe non mixte