{{Ceux d’en bas

GLORIA MUÑOZ RAMIREZ

La prise d’Oaxaca}}

En trois mois à peine, le mouvement populaire qui secoue l’État d’Oaxaca a
pris une ampleur considérable. Des centaines de milliers d’enseignants,
d’habitants des banlieues, de ménagères, de travailleurs de la ville et de
la campagne et notamment des milliers d’indigènes refusent en bloc
l’autoritarisme traditionnel du PRI, qui maintient la plus grande partie
de la population dans la misère – et remplit prisons et cimetières avec
quiconque ose se rebeller.

La population s’est emparée de la ville d’Oaxaca et de ses environs. Une
population informée, organisée et politisée. Quoi qu’il advienne, ce
mouvement laissera une empreinte profonde. L’interminable succession de
gouvernements oppresseurs issus du PRI, y compris le gouvernement actuel
de cet État à la tête duquel se trouve Ulises Ruiz Ortiz, a eu comme
contrepartie d’entraîner la formation d’un mouvement qui est parti des
revendications du corps enseignant pour se transformer en un phénomène
social sans précédents et dont l’issue reste incertaine, à cause de la
« guerre sale » livrée contre la population, mais aussi à cause des
différentes orientations des composantes de ce mouvement.

Le « zócalo », la place centrale d’Oaxaca, la capitale, et les rues
environnantes, le palais du gouverneur, le parlement, le tribunal de
justice, le siège de la police ainsi que d’autres bâtiments officiels sont
en permanence cernés par une population en colère. Le blocus rassemble
pêle-mêle les enseignants de la 22e section du Syndicat national des
travailleurs de l’enseignement et des travailleurs de la santé, des
étudiants, des paysans, des indigènes et des habitants des colonias de la
périphérie. Le mouvement est animé par ces femmes et ces hommes, qui ont
trouvé là le moyen de donner libre cours à leur mécontentement.

Les agressions dont ils ont été victimes n’ont fait que renforcer leur
détermination. C’est précisément la tentative policière d’expulsion des
concentrations que les enseignants maintenaient sur le Zócalo qui a
provoqué l’adhésion de milliers de personnes appartenant ou non à des
organisations et apportant leurs propres revendications. Le mouvement
s’est emparé d’une station de radio et d’une chaîne de télévision, que les
forces de police ont repris à coups de fusil, sur quoi les manifestants se
sont emparés de 12 autres stations de radios – dont deux restent
aujourd’hui en leur pouvoir, sans compter Radio Plantón, qui émettait déjà
auparavant.

La semaine écoulée a été très tendue. La violence extrême employée par le
gouvernement a fait un autre mort, le cinquième depuis le début du
conflit. Le peuple est dans la rue. La nuit, sur les barricades, le jour,
dans des centaines d’assemblées populaires. Partout on peut voir des
vendeurs ambulants, des étudiants, des gens de passage, des touristes, des
centaines d’hommes et beaucoup de femmes absorbés par la lecture des
journaux ou à l’écoute des nouvelles diffusées par la radio.

Une revendication commune les rassemble tous : la destitution du
gouverneur. Si cet objectif était atteint, le « Et après, quoi ? » semble
susciter bien des réponses différentes, qui vont de l’instauration d’un
gouvernement d’intérim et une convocation à de nouvelles élections à la
destitution des pouvoirs publics et à l’élaboration, d’en bas, d’une
nouvelle Constitution et d’un programme minimum de gouvernement. Les
forces politiques qui convergent à Oaxaca sont en effet nombreuses et
souvent antagoniques. Le spectre d’une répression à grande échelle
parcourt quotidiennement la ville. L’issue est incertaine. Mais
aujourd’hui, le peuple tient la rue, et, nous l’espérons, c’est lui qui a
la parole.

losylasdeabajo@yahoo.com.mx

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Longues nuits dans la tension pour les membres de l’APPO ; alerte maximale dans les rassemblements des manifestants.

La « psychose » règne, devant la menace de l’intervention musclée des forces de l’ordre dans la capitale de l’État d’Oaxaca

HERMANN BELLINGHAUSEN – Correspondant

San Raymundo Jalpan, Oaxaca, le 25 août 2006. « Le plus pathétique dans ce
pays, c’est que le président Vicente fox est aveugle, sourd, et muet. »
Ainsi parle une enseignante du Secteur banlieue des enseignants
démocratiques, qui campe avec d’autres autour d’un incroyable palais en
verre. Elle raconte que les nuits précédentes, plus encore que le vent
glacial, les averses intermittentes et « même la faim », le plus épuisant
était « la terrible psychose » qui les assaille devant la menace régulière
d’une expulsion manu militari et la crainte d’essuyer les coups de feu
jusqu’ici lointains tirés par les forces de police et par la police
parallèle venues en nombre encercler la capitale de l’Oaxaca et sa
banlieue, depuis le lundi. Ils ont déjà causé la mort de Lorenzo San
Pablo, dans la colonia Reforma.

L’immense cube de verre qui semble jaillir directement du sol et les
immeubles modernes qui le flanquent de chaque côté incarnent à la
perfection l’abîme qui sépare le monde réel des habitants d’Oaxaca du
spectacle que le pouvoir de cet État donne de lui-même.

L’immense parvis entourant la nouvelle chambre des députés locale, qui se
veut digne des pharaons de l’Égypte ancienne, abrite le pouvoir législatif
formé des 42 députés qui y siègent depuis le 22 mai, date à laquelle la
place a été assiégée par les enseignants de la 22e Section du syndicat
national des travailleurs de l’enseignement (SNTE), dans le cadre d’un
mouvement de protestation qui en est aujourd’hui à son 97e jours et qui
est entre-temps devenu un vaste mouvement populaire.

En dépit de la modestie des tentes de campagne, le « plantón », la
concentration d’un millier de travailleurs bénévoles qui assiège le palais
gouvernemental n’a rien à lui envier, par ses dimensions. Aux côtés de
l’Assemblée populaire du peuple d’Oaxaca, ils exigent la démission du
gouverneur Ulises Ruiz Ortiz, la libération des prisonniers politiques, la
fin de toute répression et demandent que soient châtiés les responsables
des cinq assassinats commis à l’encontre du mouvement (deux à Oaxaca même,
trois dans la région triqui). Des autobus et des barricades de pierre
bloquent les routes et la nuit, de grands foyers sont allumés.

On retrouve la même situation dans d’autres communes des vallées du centre
de cet État, c’est-à-dire ailleurs que dans la capitale, où l’exécutif et
le pouvoir judiciaire sont également assiégés.

Le parlement local, malmené et fonctionnant irrégulièrement, a tenté de
siéger en cachette, dans des hôtels de luxe hors de la capitale. Une
banderole qui couvre la façade de l’antenne de Coyotepec du ministère de
la Protection civile exprime la réalité manifeste de l’État d’Oaxaca, même
si depuis le DF et sur les écrans de télévision on pourrait croire que ce
n’est là qu’un vœu pieux : « Dans l’Oaxaca, il n’y a pas de gouvernement. »

La « psychose » et la terreur nocturne qui règnent dans les campements de
manifestants, dans les rues et dans les villages des alentours de la
capitale de l’Oaxaca contrastent avec le spectacle surréaliste d’un
gouverneur qui prodigue des interviews lénifiantes, tous les soirs, dans
la capitale du Mexique, comme s’il était gouverneur sur une autre planète.

Cette terreur n’a besoin que de rumeurs et d’informations parcellaires,
rarement vérifiables, pour remplir son rôle d’épuisement du mouvement.

Vitres brisées

Beaucoup de fenêtres du parlement ont été brisées, les persiennes claquant
au vent comme si elles voulaient s’enfuir.

La même enseignante poursuit : « Ce ne sont pas les enseignants qui ont
brisé les carreaux, nous ne faisons pas ce genre de choses. Ce sont des
étudiants de l’université, quand ils ont appris qu’on avait assassiné un
de leurs professeurs. » Elle se réfère à l’exécution sommaire d’un
professeur de l’Université autonome Benito Juárez d’Oaxaca, survenue dans
des conditions encore mystérieuses. C’était un des sympathisants de
l’APPO, mais aucun lien avec les agressions perpétrées par le gouvernement
n’a pu être établi, contrairement à ce que l’on a cru dans un premier
temps.

Toutes les nuits de la semaine écoulées ont été très tendues, mais c’est
surtout dans celles du lundi et du mardi que les attaques des policiers et
brigades anti-émeutes ont été les plus fortes, ainsi que le va-et-vient de
véhicules de police et de voitures particulières à bord desquels des
individus armés et masqués tiraient des coups de feu.

Les incessants appels téléphoniques aux stations de radio occupées par
l’APPO ont débouché sur une sorte de couvre-feu, la menace réelle se
confondant avec la paranoïa et les fausses alertes dans les différents
quartiers. Cette nuit, les barricades incendiées se comptaient encore par
centaines, au point de rendre impossible la circulation dans la plus
grande partie de la ville et dans les communes voisines.

Sans cesser du tout au tout, les tirs d’armes à feu et les menaces sont
devenues sporadiques, mais les barricades continuent sur le qui-vive. Tout
véhicule est suspect, ce qui finit par affecter certains habitants du
quartier et parfois aussi les journalistes et les photographes de presse
qui parcourent la nuit enfumée et les rues bloquées. La fatigue et les
risques inutiles provoqués par l’état d’alerte constant ont commencé à
diminuer hier, grâce aux appels de Radio La Ley et de Radio Oro, qui
émettent sur les ondes de l’APPO.

« Compañeros, il est important de conserver le calme et de vérifier les
informations », répétaient les locuteurs, le vendredi, après que des excès
avaient été commis par les personnes de garde la nuit sur les barricades,
notamment l’assaut donné au local de l’entreprise de téléphonie Telcel
quand les téléphones portables utilisés par les manifestants étaient
restés coupés plus d’une heure. La peur et l’indignation qui se fondait
sur les faits ont plus d’une fois été victimes de l’écran de fumée créé
par les agissements illégaux et incontrôlés des policiers et de leurs
acolytes retranchés, menaçants, dans leurs casernes.

La nuit, le passage répété des hymnes « Venceremos » et « El pueblo unido
jamás será vencido », dans les versions légendaires de Quilapayún et Inti
Ilímani sur les ondes de la radio crée une ambiance d’héroïsme et de
tragédie qui finit par être épuisant. Mais comme officiellement « tout va
bien » et que le Congrès mexicain reste sourd à l’exigence de la
destitution du gouverneur Ulises Ruiz, la lutte continue.

Une population montrant une dignité, une conscience politique et une
volonté de lutter impressionnantes est constamment humiliée par les
mensonges, le mépris et la calomnie à dose massive d’une campagne
publicitaire qui semble être la principale source de dépense du budget de
l’Oaxaca, un des États les plus pauvres et dans lequel règne la plus forte
inégalité de l’ensemble du continent américain.

Protestations à Tehuantepec

Vendredi dernier, de nouvelles protestations ont eu lieu dans cette région
l’Isthme, notamment dans la ville de Tehuantepec où ont manifesté des
organisations et des groupes informels de San Blas Atempa, Jalapa del
Marqués, San Pedro Huilotepec et Tenhuantepec. En dehors des
revendications à l’encontre du gouvernement d’Oaxaca, les manifestants
exigent la libération immédiate d’Estrangelio Mendoza, un dirigeant des
enseignants en lutte, la destitution des maires de ces quatre
circonscriptions et la démission du gouverneur Ulises Ruiz.

Le mécontentement s’est étendu à Unión Hidalgo et à Juchitán et le
week-end prochain une assemblée régionale de l’APPO aura lieu à
Tehuantepec, à laquelle participeront des organisations de ces communes
ainsi que de Matias Romero et Tuxtepec, entre autres.

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L’APPO prend clairement ses distances avec le PRD et son candidat, López Obrador

Les enseignants déclarent qu’ils ne négocieront pas la poursuite du mandat
de Ruiz Ortiz avec le ministère de l’Intérieur : destitution ou rien

OCTAVIO VELEZ ASCENCIO – Correspondant

Oaxaca, le 25 août 2006. L’assemblée des enseignants de l’État d’Oaxaca a
ratifié la décision de l’APPO, l’Assemblée populaire du peuple d’Oaxaca,
de participer à la table de négociation proposée par le ministre de
l’Intérieur afin de trouver une issue au conflit politique et social dans
cet État, mais a aussi décidé de poursuivre le combat « jusqu’à obtenir la
destitution » du gouverneur Ulises Ruiz Ortiz.

Enrique Rueda Pacheco, le dirigeant de la 22e section du Syndicat national
des travailleurs de l’enseignement a accepté de s’asseoir à la table de
négociation à la condition expresse que la rencontre ait lieu à Oaxaca et
qu’il n’y ait aucune tentative de « coaction » du mouvement des enseignants
ou de l’APPO, car la destitution de Ruiz Ortiz « n’est pas négociable ».
Enrique Rueda a également proposé que le syndicat des enseignants se
charge d’assurer la sécurité de Carlos Abascal Carranza, le ministre de
l’Intérieur, lors de son séjour.

Au cours des débats de l’assemblée, Rueda Pacheco affirma que le mouvement
se poursuivra sans failles jusqu’à obtenir la chute du gouverneur et de
ses fonctionnaires « répresseurs ». Aussi 70 000 travailleurs (enseignants
et personnel de renfort et de soutien à l’éducation de l’Oaxaca)
viendront-ils renforcer les campements du centre-ville ainsi que les
différentes officines du gouvernement et les stations radio occupées
depuis plusieurs jours.

Il a aussi annoncé que l’année scolaire 2006-2007 sera ajournée « pour une
durée indéterminée », car les « conditions de sécurité pour un éventuel
retour des enseignants à leur poste dans les écoles » ne sont pas remplies.

Il a notamment annoncé que la cinquième grande marche de protestation des
enseignants et populaires aurait lieu début septembre, à l’occasion du
sixième et dernier rapport de gouvernement du président Vicente Fox (la
marche ira de l’Agence municipale San Felipe del Agua, où réside Ruiz
Ortiz, jusqu’au centre-ville), ainsi qu’une grève des citoyens dans
l’ensemble de l’État d’Oaxaca le 31 août et le 1er septembre.

De même, le 5 septembre, une marche aura lieu à Juchitán de Zaragoza, dans
l’isthme de Tehuantepec, « suite à la tentative du gouvernement fasciste de
concéder à cette ville le titre de ville héroïque et siège des trois
pouvoirs [de l’État mexicain] ».

Avant de connaître la détermination de l’assemblée d’Oaxaca, le gouverneur
avait exprimé son « respect des décisions internes » des enseignants et sa
confiance dans le fait que la rentrée scolaire aurait lieu dans les plus
brefs délais.

Grève des commerçants

Plus de mille entreprises et prestataires de service de l’ensemble des
secteurs commerciaux de l’État d’Oaxaca effectueront une grève de 24
heures, mardi prochain, afin de protester contre la violence et contre
l’incapacité des pouvoirs fédéraux et de ceux de l’Oaxaca pour faire
cesser le conflit.

Joaquín Morales, président du Conseil pour la promotion du développement
industriel, a exigé de Vicente Fox et du gouverneur Ulises Ruiz Ortiz leur
intervention immédiate pour surmonter la situation actuelle. « Si une telle
situation devait se poursuivre, nous nous verrons tenus d’effectuer des
actions plus radicales, jusqu’à ce que les autorités fédérales, celles de
l’Oaxaca et les autorités municipales remplissent les obligations du
mandat pour lequel elles ont été élues, a-t-il annoncé. »

De son côté, José Escobar, de la Confédération patronale de la République
mexicaine, a déclaré que l’étape suivante serait de ne plus payer les
impôts. « C’est une idée qui a convaincu beaucoup de monde », dit-il, et il
est probable que la grève des impôts commence dès la semaine prochaine.

Quant à Freddy Alcántara, de l’Association mexicaine des hôtels et motels,
il signalait qu’à ce jour 27 hôtels sont fermés et que plus de 800 emplois
ont été perdus dans le secteur hôtelier.

Enfin, nous avons appris qu’une délégation du Comité international de la
Croix-Rouge était arrivée hier à Oaxaca – à la demande de l’APPO – pour
renforcer la participation de cette organisation au conflit politique et
social dans cet État mexicain.

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Les autorités de l’État d’Oaxaca ne garantissent plus le respect des
droits de l’homme, déclare Javier Zuñiga, qui demande au gouvernement
fédéral de résoudre le conflit dans l’Oaxaca.

Amnesty International envisage d’y envoyer une mission si les agressions à
l’encontre des membres de l’APPO continuent

EMIR OLIVARES ALONSO

Le gouvernement fédéral « doit intervenir » pour trouver une issue au
conflit de l’Oaxaca, devant les « évidents manquements » des autorités de
cet État, affirme Javier Zuñiga, responsable de la région Amérique
d’Amnesty International (AI).

« Le gouvernement de l’Oaxaca a échoué : il n’est pas en mesure de garantir
le respect des droits de l’homme. Dans un tel cas, les autorités fédérales
sont tenues de prendre les choses en main, elles doivent immédiatement
s’occuper de ce conflit et ne plus tolérer aucune autre violation des
garanties individuelles, ajoutait Zuñiga depuis Londres au cours d’une
interview réalisée par téléphone. » L’organisation internationale a
également annoncé que si les agressions dont sont victimes les membres de
l’Assemblée populaire du peuple d’Oaxaca (APPO) devaient persister, « on
envisage d’envoyer une mission chargée de d’observer le déroulement des
événements dans cette ville et de veiller à la légalité.

Aujourd’hui, AI a émis une communication aux autorités mexicaines, les
enjoignant d’assurer la défense des garanties individuelles et de
s’assurer que les forces de l’ordre agissent selon les normes
internationales en vigueur, dans le respect des principes fondamentaux de
l’ONU en matière d’emploi de la force et des armes à feu.

« Le contrôle social doit respecter scrupuleusement les accords
internationaux en la matière, les interventions doivent s’effectuer dans
le calme, en évitant l’emploi d’une force excessive, et, si des
interrogatoires doivent avoir lieu, ils doivent être réalisés conformément
au droit en vigueur. Or ce n’est pas ce qui se passe à Oaxaca », affirme
Amnesty International.

Dans un communiqué envoyé séparément à la presse, AI signale qu’en dehors
du respect des normes internationales, les autorités fédérales et locales
mexicaines sont tenues de garantir le droit à la liberté d’expression et
le droit de réunion de la population d’Oaxaca. Dans son communiqué, AI
exhorte les autorités à enquêter sur les cas de tortures et de mauvais
traitements infligés aux dirigeants de l’APPO incarcérés qui ont été
rapportés, ainsi que sur les morts survenues jusqu’ici, dans le but de
traduire en justice les responsables et de ne pas laisser ces délits dans
l’impunité. L’organisation a aussi insisté auprès du gouvernement mexicain
de réviser les charges retenues contre les dirigeants emprisonnés, afin de
garantir que les preuves à leur encontre soient « dûment fondées », et a
demandé expressément que le professeur Germán Mendoza Nube reçoive des
soins médicaux. Ce dernier, paraplégique, a été arrêté et durement frappé
par les forces de police, le 10 août dernier, en dépit de son état de
santé.

Le responsable de la région Amérique de cette organisation internationale
signale enfin que l’Oaxaca est un État où le droit a été relégué au second
plan, ce qui crée une situation de « danger constant » encore aggravé par
l’apparition supposée de groupes armés.

La Ligue mexicaine de défense des droits de l’homme, organisation qui
possède sur place une commission de vigilance a notamment informé qu’elle
avait sollicité auprès de la Commission interaméricaine des droits de
l’homme la mise en place de mesures pour assurer la protection des membres
de l’APPO.