International business

Les sociétés transnationales du tabac, de l’agro-alimentaire, de l’énergie, de la construction, du transport et de l’armement, hors-les-lois, n’hésiteront pas au regard de nombreuses enquêtes et rapports à utiliser les moyens extrêmes de la violence. Des moyens tout à fait semblables à ceux utilisés par le Pentagone au Salvador ou au Honduras dans les années 1980.

TotalElfFina, ExxonMobil, Unocal, ChevronTexaco, Halliburton, Enron,British Petroleum, Amoco, Arco, Royal Dutch Shell, Power Corporation of Canada, Carlyle Group, etc… auront dans leurs tiroirs une stratégie optionnelle homicide, liberticide, anti-droit, mise en application par des opérateurs clandestins (1) sur les marchés à risques (souvent « couverts » en Amérique Latine, en Asie, en Afrique par l’église catholique et par les ong de fondations philanthropiques catholiques et chrétiennes).

Ces opérateurs agiront comme agents d’infiltration des syndicats, des universités, des groupes de chômeurs, des groupes d’opposition, politiques, ethniques, religieux, puis contribueront, à des fins de destabilisation, au développement de réseaux clandestins de vente d’armes, de réseaux mafieux de narco-traffiquants souvent supports ou partenaires de réseaux politiques « nationalistes » armés anti-insurrectionnels, de groupes terroristes ou de groupes miliciens.

Michael Hirsh et John Barry de Newsweek (9 janvier 2005) (2), Christ Harvey, Judd Legum, Jonathan Baskin de l’American Progress Action Found (3) branche du Center for American Progress dirigé par John Podesta (ex secrétaire-général de la Maison Blanche de Bill Clinton), Ghali Hassan (4), Max Fuller (5) sur Globalresearch, dénonceront la réhabilitation de cette stratégie en Irak, sans doute en Syrie et en Iran.

« Les escadrons de la mort » en Irak seront composés, essentiellement, de kurdes peshmergas et de miliciens chiites auxquels s’aggrègeront d’autres groupes armés formés par les forces spéciales américaines comme les milices du SCIRI d’Ibrahim al-Jaaferi, les milices d’Ahmed Chalabi, les milices d’Iyad Allaoui, les brigades iraniennes Badr.
Ces groupes, souvent habillés en civil, viseront très spécifiquement les groupes religieux sunnites armés, les groupes syndicalistes indépendants de tendance marxiste, le très puissant syndicat des chômeurs, les groupes communistes-ouvriers et leurs familles, acculés de toute évidence par les pouvoirs « légaux » et les forces d’occupation à une forme de résistance civile armée.

Une action indispensable

Il paraîtra indispensable de soutenir, ici, les actions civiles et citoyennes non-violentes pour la défense du droit au travail, du droit à l’activité syndicale, pour le respect des droits de l’homme et la résolution des conflits, engagées auprès des instances internationales pour la paix et la justice en Irak afin :
[ 1 ] – de produire une enquête officielle sur les opérateurs clandestins de la Salvador Option, option militaire et policière conçue pour la terreur psychologique, la persécution, l’assassinat des opposants civils, de leurs familles, de leurs proches. Lors d’une interview publiée sur le site web du Département d’Etat du 9 janvier 2005, l’ex-secrétaire d’Etat Colin L. Powell orientera très clairement les questions concernant la « Salvador Option » en Irak des journalistes George Stephanopoulos (ABC) (6) et Wolf Blitzer (7) (CNN) sur l’Etat-Major du Pentagone,
[ 2 ] – de soutenir les tribunaux internationaux d’opinion : BrussellsTribunal, International Criminal Tribunal for Iraq, World Tribunal on Iraq, Tribunal Permanent des Peuples, engagés dans un processus historique de défense des populations civiles non-combattantes mises en danger de mort en Irak par G.W. Bush, Jun-ichiro Koizumi, Tony Blair mais également par les 40 autres chefs d’Etat impliqués dans la guerre irakienne (8),
[ 3 ] – de soutenir l’activité ininterrompue des Tribunaux d’opinion afin de dégager la part exacte de responsabilité de Donald Rumsfeld, Dick Cheney, Francis J. Harvey, Colin Powell, John Negroponte, Paul Wolfowitz, Elliot Abrams, Paul Bremer, Richard B. Myers, ex-commandant du Joint Chiefs of Staff, Peter Pace, nouveau commandant depuis le 22 avril 2005 du Joint Chiefs of Staff (9), John Abizaid, grl. commandant l’US Central Command, George Casey, grl. cdt. les forces armées en Irak, Thomas Metz, grl. cdt. les forces terrestres en Irak, John Sattler, grl. cdt. les marines en Irak, dans le processus de terrorisation des populations civiles non-armées irakiennes et le processus clandestin d’assassinats politiques,
[ 4 ] – de dégager la part de responsabilité exacte des dirigeants irakiens, notamment du général Muhammed Abdallah al-Shahwani (10), directeur de l’Iraq’s National Intelligence Service, de l’ex-premier ministre Ayad Allaoui (11), du président irakien Kurde Djalal Talabani (12) et du premier ministre chiite irakien Ibrahim Djaafari (13), responsables politiques et administratifs des Forces Armées et des Forces Spéciales irakiennes entrainées par les Unités des Forces Spéciales américaines…
[ 5 ] – d’obtenir de la Cour Pénale Internationale (?) les jugements des criminels de guerre et des criminels contre l’humanité irakiens et américains.

A propos de la CPI et des TPI

Il serait souhaitable que la CPI et les TPI accèdent à une interdiction formelle de tout financement privé (contributions volontaires de particuliers, d’entreprises ou d’autres entités, d’organisations internationales financées par ces entités, dons en liquide ou non, virements électroniques) et bien entendu à une interdiction de placement de leurs fonds pour en tirer des revenus sur le marché financier international sur la base d’une révision de leurs réglements financiers et du Statut de Rome; qu’une réforme du statut et des attributions du Greffier-CPI soit également rendue possible.

Le Greffier, chef omnipotent de l’administration de la CPI désigne les banques dans lesquelles les fonds tant publics que privés de la Cour doivent être exposés, mais selon quels critères de choix et au terme de quel lobbying commercial et bancaire ? Quelle est la nature des pressions subies ? Est-ce le rôle finalement d’une Cour pénale d’engager de telles démarches ? Un Cour doit-elle être dépendante économiquement ? De quelle transparence dispose-t-on ?

Quoiqu’il en soit, il est invraissemblable que le langage juridique institutionnel ou politique fasse croire en l’impartialité d’une telle Cour. Invraissemblable d’imaginer qu’une Cour pénale puisse réaliser des profits issus « d’investissements en vue d’obtenir des taux de rendement élevés » – c’est dans les attributions de la Cour et du Greffier (Art.9 Règle 109.1). Des revenus qui ne seront pas soumis à l’impôt rangés dans la catégorie des « comptes officiels de la Cour Pénale Internationale » ou consignés selon l’art 9. à la règle 109.2 dans le « Grand livre des investissements » de la CPI où « apparaissent la valeur boursière périodique des investissements ».

Invraissemblable de penser qu’une justice pénale puisse être appréhendée par un « outillage marchand ». Comment admettre en conscience une Cour enrichie sur les marchés bancaires et boursiers d’un côté, traquant et jugeant des criminels de guerre et des criminels contre l’humanité enrichis par ces mêmes marchés de l’autre, en Irak, en Europe et dans le monde ?

Un espace criminogène

Les critiques noteront que la perte d’indépendance de la CPI, des TPI ou des Tribunaux spéciaux est parfaitement lisible dans l’espace potentiellement criminogène du pouvoir institutionnel, du mandat électoral, de la fonction publique y compris de la magistrature – corruption active ou passive du chef de l’Etat, du juge, du conseiller, des fonctionnaires salariés, sollicitation ou acceptation sans droit, directement ou indirectement d’offres, de promesses, de dons, de présents, d’avantages quelconques… Prédateur et corrupteur, l’intérêt privé exploiterait à son compte le potentiel criminogène de la structure publique sous contrôle; une structure qui ne pourrait être éthique, affirmation de la disparition graduelle de l’autonomie des Etats et de la soumission des gouvernements selon d’autres termes, remise en cause des démocraties égalitaires, regain de l’autoritarisme. L’on se souviendra de The Crisis of Democraty, Report on the Governability of Democracies to the Trilateral Commission de Crozier, Huntington et Watanuki, 1975.

Elus, fonctionnaires, entrepreneurs privés, bourgeoisie mafieuse parviennent à s’entendre sur les terrains lucratifs du délit d’initié, du manquement au devoir de probité : trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, abus de biens sociaux, certains sur les terrains lucratifs du recel ou du blanchiment de capitaux, d’autres sur ceux, collatéraux, du crime de guerre et du crime contre l’humanité. L’espace entre les différentes formes de corruption et le crime sont infimes, comme l’espace entre les catégories du droit. Il est donc difficile d’identifer la longue chaîne causale qui conduit aux conflits d’intérêts comme aux guerres d’agression ou d’invasion. Il y a cependant des liens d’évidence. Pour « l’affaire irakienne » (guerre d’invasion et Salvador Option), des noms se croisent à différents niveaux des responsabilités et des faits : G.W. Bush, Donald Rumsfeld, Colin Powell, Paul Bremer, Dick Cheney ou encore dans le sillage de l’extrême droite bancaire américaine George Shultz, James A. Baker III; moins connus mais également acteurs au sein de l’espace criminogène de l’administration irako-arabo-américaine, de l’industrie et de la banque privée transnationale : Riley P. Bechtel, Lee R. Raymond, Daniel Zelikow, William B. Harrison, Jr., James « Jamie » Dimon …

Indécent, donc, de faire croire aux familles de victimes d’assassinats politiques, de génocides, à l’opinion, que les réglements financiers et les méthodes de gestion financère de la justice pénale internationale (sur la base de contributions volontaires privées d’entreprises transnationales, de fondations philanthropiques écrans ou de personnes physiques, de dons, d’investissements boursiers ou bancaires) n’altèreront pas durablement les principes de justice – car c’est de celà dont il est question – ou encore que de tels réglements seraient justes et immuables parce que ratifiés par un ou des Etats ou encore garantis par un statut international.

Indécent de faire croire que ces mêmes réglements financiers de la CPI pétris de logique utilitaire a-priori déontologiques parce que couplés au contrôle pragmatique d’un Commissaire au compte ne contribueront pas dans le long terme de la puissance et de l’agressivité de l’économie mondiale (accrues par le FMI, la Banque Mondiale, l’OMC et par l’inefficace du Conseil de Sécurité des Nations-Unies) à réduire la crédibilité des juges et des jugements, à créer plus d’inégalités sociales tandis que les activités des Etats se réduisent déjà à celles de conseillers d’entreprises… « Stateless global governance (gouvernement mondial sans Etat), écrira Jean Ziegler dans « Portrait de groupe à la Banque Mondiale », privatisation des biens publics et des Etats, Consensus de Washington ». Un Consensus que Ziegler définira comme « une somme d’accords informels conclus entre 1980-1990 entre les principales sociétés transcontinentales, les banques de Wall Street, la Fédéral Bank américaine et les organismes financiers internationaux nés des accords de Bretton-Woods, (1944) ».

Cette économie marchande « glocalisée » (globalisée + localisée), industrielle, bancaire, financière, est bien aujourd’hui la trame historique du dispositif pénal irakien, du dispositif militaire et policier irakien, du libre-échange irako-arabo-américain au Proche et Moyen Orient. Un triple dispositif sur-sécurisé pour un efficace de justice quasiment nul ou un efficace politique d’apparat, certains diront de transition.

Rappel historique

En quelques mois la Coalition Provisional Authority irakienne et les forces d’occupation en Irak parviendront à dresser un Tribunal Spécial pour juger les crimes de Saddam Hussein. Ce Tribunal Spécial disposera de ses statuts en décembre 2003.
Durant le laps de temps qui s’écoulera entre septembre 2003 et juin 2004, en appui sur le très emblématique Tribunal Spécial et une ouverture cahotique du procès de Saddam Hussein, les principales banques privées irakiennes interdites aux opérations internationales par Saddam Hussein de 1992 à sa chute prépareront un voyage historique à Washington, à Arlington, à New-York afin de rencontrer l’élite arabo-américaine du commerce et de la banque de commerce privée.
Rappelons, ici, que la banque d’investissement new-yorkaise J.P. Morgan & Co. – hier pro-nazie – et Chase Manhattan Corporation – fief Rockefeller qui fusionnera en 1996 avec Chemical Banking Corporation – fusionneront et contrôleront directement ou indirectement dès décembre 2000 sous le label J.P. Morgan Chase & Co. (90 millions de clients dans 50 pays) près de 50% des activités bancaires commerciales irakiennes, influenceront directement ou indirectement la politique de la Trade Bank of Irak, de la Banque Centrale Irakienne, la politique irakienne du commerce (ex-im) et des finances…

9 juin 2004, le service de presse de la Maison Blanche diffusera l’objectif de G.W.Bush au Proche et Moyen Orient : « une Zone de libre-échange au Proche et Moyen Orient en 2013 » (Middle East Free Trade Aera/MEFTA) :
( 1 ) – « Le libre échange et le commerce ont contribué à faire reculer la pauvreté dans le monde et ont enseigné aux hommes et aux femmes les moyens de la liberté. Le Président Bush renouvelle sa proposition de mai 2003 : l’établissement dans les dix années à venir (2003-2013) d’une Zone de libre-échange Etats-Unis-Proche et Moyen Orient afin de créer un cercle élargi d’opportunités et de contribuer à l’espoir des peuples…
( 2 ) – « Une contribution qui nécessitera une augmentation des activités commerciales et des investissements dans la région, la conduite d’importantes réformes intérieures, l’établissement de nouvelles règles/normes juridiques, la protection garantie des droits de la propriété privée (y compris des droits de la propriété intellectuelle)…
( 3 ) -« La MEFTA et les Accords de Libre-Echange (FTA) conduiront à un ensemble de mesures anti-corruption épicentre du dispositif commercial (américano-arabe) du 21ème siècle et à des réformes économiques …
( 4 ) – « Notre programme FTA concerne déjà : Israel, la Jordanie, le Maroc (négocations finales et signatures mars 2004/juin 2004), Bahreïn (négociations complémentaires 27 mai 2004)…
( 5 ) – « Les Accords Cadres pour les Investissements (TIFA) nécessitent une protection accrue des investisseurs, une garantie des nouvelles normes douanières autant que des nouveaux systèmes de régulation commerciale. Les TIFA concernent : Bahreïn, l’Algérie, l’Egypte, la Tunisie, l’Arabie Saoudite (signature en juillet 2003), le Koweit (signature en février 2004), le Yemen (signature en février 2004), les Emirats Arabes Unis (signature en mars 2004), le Qatar (signature en mars 2004)…
( 6 ) – « Les Etats-Unis soutiendront activement les Etats arabes qui souhaiteront accéder à l’Organisation Mondiale du Commerce, particulièrement l’Arabie Saoudite, le Liban (accès prévu en 2006), l’Algérie et le Yemen… »

17 juin 2004, Le pool bancaire privé irakien : Al Baraka for Investment and Financing Bank, Bank of Baghdad, Iraqi Middle East Investment Bank, Basrah Private for Investment, Islamic Bank, Commercial Bank of Iraq, North Bank, Credit Bank of Iraq, Sumer Bank, Gulf Commercial Bank, United Investment Bank, conduit par Faleh Dawood Salman, gouverneur-adjoint de la Banque Centrale d’Irak, rencontre « enfin » à Washington, à Arlington et à New-York, les stratèges et les supporters américains de la MEFTA : U.S. Trade and Development Agency, EX-IM Bank, The Iraqi Reconstruction Task Force, The Overseas Private Investment Corporation, The Institute of International Bankers, Bankers Association of Foreign Trade, The Business Council for International Understanding, the Arab Bankers Association of North America…mais aussi les stratèges financiers de la Federal Reserve Bank de New York, du Fond Monétaire International et de la Banque mondiale.
Kevin G. Woelflein, conseiller spécial CPA du ministre des finances irakien, confirmera à New-York : « La reconstruction et la modernisation du secteur de la banque privée est essentielle pour la croissance économique de l’Irak.. Cette visite aux Etats-Unis offrira à ses délégués d’exceptionnelles opportunités pour apprendre les pratiques les plus modernes de la banque et aidera à faire des banques privées irakiennes le coeur de la future structure bancaire irakienne. » (14)

Ce 17 juin 2004 une lettre de condamnation des méthodes américaines en Irak utilisées par l’armée américaine sur les populations civiles irakiennes sera envoyée par Tom Malinowski (directeur de Human Rights Watch-Washington) et Joe Stork (directeur de HRW-Washington, division du Proche et Moyen Orient et de l’Afrique du Nord) à :
– Donald Rumsfeld (Secretary of Defense),
– Paul Wolfowitz (Deputy Secretary of Defense),
– William Haynes II (General Council, Office Secretary of Defense),
– Gen. John Abizaid (Commander, US Central Command),
– Maj.Gen. Thomas J.Roming ( Judge Advocate General, US Army),
– Brig. Gen. Kevin M. Sandkuhler (Judge Advocate General, US Marine Corps),
– Lt.Gen. Norton Schwartz (Director of Operations, Joint Chiefs of Staff, J3),
– aux sénateurs John W.Warner, Carl Levin (Armed Services Committee, US Senate),
– aux députés Duncan Hunter, Ike Skelton (Armed Services Committee, US, House of Representatives)… » (15)

30 juin 2004 : « Saddham Hussein et 11 anciens officiers baasistes sont transférés juridiquement (mais pas physiquement car il n’y a aucune prison irakienne adéquate pour eux, écrit Trial Watch) au gouvernement intérimaire irakien. Ils seront traduits en justice le 1er juillet 2004. Lors de sa première audience le 1er juillet 2004, Saddam Hussein a contesté la légitimité du tribunal » … (16)

Il ne sera pas le seul à en contester la légitimité. Fin septembre 2004, le Dr. Curtis F.J. Doebbler (avocat du groupe de défense de Saddam Hussein dirigé par l’avocat jordanien Mohammed Rashdan) écrira à Washington:
« les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Italie et la Communauté Européenne refusent de reconnaître les lois internationales concernant les droits de l’homme et les lois humanitaires comme valables pour le jugement de Saddam Hussein : les lois internationales ne concernant pas les individus mais les Etats ».

4 octobre 2004, une lettre du Dr. Curtis F.J. Doebbler envoyée aux trente missions permanentes des Nations-Unies insistera sur le fait que les détentions en Irak sont les fruits d’une invasion et d’une occupation illégales, qu’au regard des normes internationales la détention en captivité de l’ancien président Saddam Hussein est elle-même illégale. (17)

Fin décembre 2004, Ramsay Clark rejoindra l’équipe de défense de Saddam Hussein.

20 janvier 2005 : une seconde lettre du Dr. Curtis F.J. Doebbler confirmera :
– l’impossibilité formelle et éthique du jugement de Saddam Hussein,
– l’illégalité du système judiciaire irakien tant au regard des normes juridiques nationales irakiennes qu’internationales,
– les conséquences de la présence militaire américaine sur le système civil et pénal se traduisant, en fait, par une impossibilité de justice ou par une justice partisane résolument arbitraire:
« Only a tribunal created by international mandate and with truly impartial judges sitting can try a head of state who has been captured pursuant to an illegal invasion of his country. The Iraqi Special Tribunal is not such a tribunal and constitutes a serious violation of international law.  » (18)

Dispositf sécuritaire globalisé de l’économie marchande irakienne

28 juin 2005 , George Bush annoncera dans son discours de Fort Bragg : « l’administration militaire de l’OTAN est en train d’établir une académie militaire près de Bagdad afin de former la prochaine génération de chefs militaires irakiens. 17 nations affectent des soldats à la mission de formation de l’OTAN. Du personnel italien, allemand, ukrainien, turc, polonais, roumain, australien et britannique participe à la formation de l’armée et de la police irakiennes …  » (19)

Trial Watch soulignera qu’au 1er juillet 2004 les chefs d’accusation initialement retenus contre Saddam Hussein étaient :
– l’invasion du Koweït (1990)
– la répression de l’insurrection kurde et chiite en 1991
– la campagne d’épuration ethnique contre les Kurdes de 1987 à 1988
– le gazage des Kurdes à Halabja (1988)
– l’écrasement de la rébellion chiite (1991)
– les meurtres avec préméditation de chefs de partis politiques
– les meurtres avec préméditation de dignitaires religieux (1974)
– le massacre de membres de la tribu kurde des Barzani en 1983… »

Fin juin 2005, le Gouvernement irakien annonce que l’ancien dictateur doit répondre de 12 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, quand bien même plus de 500 dossiers existeraient contre lui… Le premier procès sera ouvert le 19 octobre 2005. (T.W)

Conclusion

Il paraîtra évident au regard de la lourde comptabilité criminelle irakienne post Saddam Hussein, que les acteurs politiques, judiciaires, religieux, militaires, policiers, commerciaux irako-arabo-américains et les forces militaires d’occupation ne sont toujours pas en mesure, en terme de capabilité, de considérer le respect et la violation des droits des populations civiles non combattantes en Irak et des familles de victimes d’assassinats politiques comme prépondérants ou pertinents dans l’évaluation, à tout le moins morale, des situations et des conséquences.

Sur la base de la condamnation internationale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés par les instigateurs de l' »Irak Salvador-Option » il conviendrait de soutenir plus encore le processus ininterrompu des enquêtes indépendantes internationales. Donald Rumsfeld, Dick Cheney, John Negroponte, Elliot Abrams confirmeront eux-mêmes à plusieurs reprises entre 2003 et 2005 la possibilité de cette réhabilitation en Irak bien qu’étant liés directement ou indirectement à cette stratégie optionnelle de la violence.

Il paraîtra évident que dans le contexte de l’instrumentalisation globale de l’intérêt privé et du profit illicites le jugement d’un criminel de guerre, criminel contre l’humanité, ne suffit pas sans quoi les procès de Leipzig, de Nuremberg et de Tokyo auraient suffit…
Il n’est donc pas trop tôt pour soutenir que dans ce contexte les jugements de la CPI, des TPIY, des TPIR, des Tribunaux spéciaux pour la Sierra Léone, des Chambres spéciales pour les crimes graves du Timor-Leste ou que les jugements des Tribunaux spéciaux irakien et cambodgien s’ils conduisent bien aux condamnations réalistes de criminels de guerre et de criminels contre l’humanité ne parviendront pas, malgré tout, à « booster » (sur la base même de ces condamnations) l’efficace des principes égalitaires de justice.

Il ressortira enfin, au regard du potentiel criminogène de l’économie du bien-être, qu’un principe de justice ne peut plus et ne doit plus se résumer aux seules défenses des droits, des libertés, des revenus, des richesses, des possibilités offertes à chaque individu ou même des bases sociales du respect de soi-même. Cette base relève bien de la mécanisation néolibérale qui prétend offrir « ces choses que tout homme rationnel est supposé désirer » alors que 60% de l’humanité vivant au-dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté (+ ou – 2$ par jour) n’est plus capable de satisfaire ses besoins nutritionnels, de trouver un toit, de se soigner ou de participer à la vie sociale de la communauté.

Citons pour conclure cette pensée de la juriste militante Monique Chemillier-Gendreau, une pensée manifeste : « Vous voulez laisser un monde vivable derrière vous ? Alors, entrez en résistance, passez vos nuits à essayer de comprendre et vos journées à organiser la lutte dans des réseaux planétaires où se construira la loi internationale du futur (…) traque(z), dans tous les replis du droit et dans les relations sociales qu’il induit et légitime, les ruses par lesquelles se construisent autrement des formes équivalentes de privation de liberté et de rupture d’égalité (…) » (20)

Très solidairement, C.Pose, 3 septembre 2006

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Notes web de l’article « Irak Salvador-option » :
1) The Corporate/Think Tank Complex
Father Robert Sirico’s Acton Institute and ExxonMobil lash out against corporate responsibility activists, Bill Berkowitz, July 14 2003
2) ‘The Salvador Option’
The Pentagon May Put Special-Forces-led Assassination or Kidnapping Teams in Iraq, Michael Hirsh, John Barry, Common Dreams 9 janvier 2005,
3) IRAK The Salvador Option
The ¨Progress Report », Christy Harvey, Judd Legum, Jonathan Baskin, 10 janvier 2005
4) Media Disinformation and the Nature of the Iraqi Resistance,
Ghali Hassan, GlobalResearch. ca, may 2005
5) For Iraq, « The Salvador Option » Becomes Reality,
Max Fuller, globalresearch.ca, june 2005
6) Interview on ABC’s This Week with George Stephanopoulos,
7) Interview on CNN’s Late Edition with Wolf Blitzer,
8) Statements of Support, Defend America,
9) Joint Chiefs of Staff,
10) Iraqi resistance downplayed by US government propaganda,
11) Terre brûlée à Fallouja,
12) Propagande et révisionnisme historique à Washington : le président Saddam Hussein n’a jamais « gazé des kurdes » à Halabja !
13) L’Irak sort de l’impasse en se dotant d’un gouvernement, 8/5/2005
14) Iraqi Bankers Meet U.S., International Financiers in New York, Washington
& Iraqi Private Banks Authorized to Conduct International Payments, Remittances and Letters of Credit
15) U.S.: Pentagon Should Probe Civilian Deaths,
16) Saddam Hussein al-Majid al-Tikriti, Procédure Légale, Trial Watch,
17) Special Report on the trial of President Saddam Hussein,
18) Update on the Representation of President Saddam Hussein,
19) George W. Bush : les États-Unis vaincront les terroristes en Irak
20) Monique Chemillier-Gendreau : « Droit international et Démocratie Mondiale, Les raisons d’un échec », Textuel, Paris, 2002

Ces notes sont disponibles sur http://linked222.free.fr/cp/links/IRAK_Salvador_Option.html, merci