La France a insisté sur la nécessité de conclure un cessez-le-feu immédiat au Liban alors que Jacques Chirac exprimait sa « consternation » à la suite du bombardement meurtrier par Israël du village de Cana.

Un pilonnage de cette localité du Sud-Liban a fait au moins 54 morts, dont 37 enfants, le pire bilan pour la population civile depuis le début de l’offensive militaire israélienne dans la région le 12 juillet.

Cette attaque conduite en pleine nuit a amené les autorités libanaises à considérer que la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, n’était pas la bienvenue à Beyrouth où elle devait se rendre dans la journée.

Le président Jacques Chirac a dit sa « consternation » après un acte de violence que la Commission européenne, à Bruxelles, a jugé « horrible » et que de nombreux dirigeants de la communauté internationale ont pareillement dénoncé.

« La France condamne cette action injustifiable qui montre plus que jamais la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu immédiat sans lequel d’autres drames ne peuvent que se répéter », a déclaré l’Elysée dans un communiqué.

La présidence de la République avait déjà souligné samedi que la France souhaitait « l’engagement de la communauté internationale pour un cessez-le-feu immédiat ».

Ce cessez-le-feu, pour Paris, doit reposer « sur un accord politique entre les parties (…) préalable indispensable au déploiement d’une force internationale sous mandat de l’Onu ».

La France a fait circuler au siège des Nations unies, à New York, un projet de résolution dans ce sens. Le texte préparerait le terrain à un autre projet de résolution, cette fois des Etats-Unis, portant sur le déploiement de 20.000 casques bleus de l’Onu aux frontières du Liban avec Israël et la Syrie.

La France pourrait se trouver à la tête de cette force internationale, a estimé le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja, dont le pays exerce la présidence tournante de l’Union européenne.

FORCE INTERNATIONALE « ROBUSTE »

A Paris, si l’on souligne de source autorisée que cette question est prématurée on dessine néanmoins les contours de cette force, qui devra être « robuste », a déclaré la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie.

La ministre, dont les propos tenus lors d’une visite en Afghanistan ont été rapportés par France Info, a estimé que cette force devrait avoir « les moyens matériels et juridiques d’agir, (avec) de l’armement lourd, et l’autorisation d’ouvrir le feu chaque fois que c’est nécessaire ».

Des divergences entre la France et les Etats-Unis demeurent toutefois, en particulier sur le désarmement des milices chiites du Hezbollah libanais.

Paris insiste sur le respect de la résolution 1559 de l’Onu stipulant, notamment, qu’il incombe au gouvernement libanais de démanteler les milices, parmi lesquelles le Hezbollah.

Cette position, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, la réitère dans une interview au journal Le Parisien Dimanche.

« Si nous sommes d’accord sur les objectifs de la résolution 1559, nous en sommes les coauteurs, nous avons de profondes divergences quant aux moyens d’y parvenir », explique-t-il.

« Pour la France, une force multinationale ne doit pas précéder une accord politique. Elle doit le suivre », ajoute Philippe Douste-Blazy.

Le ministre souligne que la position de la France reflète « le courage politique de se prononcer pour l’arrêt immédiat des combats ».

« Ce n’est pas la position des Américains », ajoute-t-il.

Le chef de la diplomatie française note, par ailleurs, que l’Iran, de par ses liens avec le Hezbollah, « est un acteur qui ne peut pas être ignoré » et souligne que Jacques Chirac a refusé le déploiement d’une force de l’Otan « qui aurait été interprétée comme une ingérence de l’Occident dans le monde arabe ».

Sur le plan de l’aide humanitaire d’urgence, un déplacement à Beyrouth du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, annoncé dans un premier temps, a été « reporté de quelques jours » compte tenu de la situation, a dit le ministère dans un communiqué.