La guyane. Sarko et sa loi CESEDA veulent fermer les frontières ? quelles frontières ? Les fleuves séparent artificiellement des populations homogènes. Par exemple, le Maroni forme une frontière entre la France et le Surinam, mais de chaque côté vivent les Amérindiens ou les « noirs marrons » (descendants d’esclaves évadés), que ce soit les Bonis, les Saramakas etc . Et pourtant, Sarko exige 7 500 reconduites à la frontière dans l’année !
Ce n’est pas en rejetant les « étrangers » que les problèmes seront résolus. La violence est omniprésente à Cayenne notamment, mais ce n’est ni en démolissant les squats (manque cruel de logements), en laissant prospérer le clientélisme, en empêchant tout développement, hormis celui des multinationales (cf l’article sur l’ouverture d’un mine d’or) qui ne rapporte rien à l’économie locale mais détruit la richesse naturelle du pays, ni en chassant les étrangers que les problèmes endémiques de pauvreté seront résolus.

La LDH locale publie un communiqué :

La Guyane est une terre multiculturelle. Nous dénonçons une immigration jetable

Communiqué LDH

La Ligue des droits de l’Homme approuve les termes du communiqué ci-dessous, publié par la section de Cayenne de la LDH, et les actions qu’elle mène, en Guyane, contre le projet de loi CESEDA.

{{LA GUYANE EST UNE TERRE MULTICULTURELLE

NOUS DÉNONCONS UNE IMMIGRATION JETABLE}}

La section de Cayenne se prononce contre le projet Sarkozy de réforme du code d’entrée et de séjour des étrangers, qui touche au domaine des libertés individuelles et qui institutionnalise un abandon du pouvoir législatif au profit du pouvoir exclusif des préfets. Il concerne tous les citoyens ; il est fondamentalement liberticide, porteur de dangers pour la société tout entière.

Il comporte des atteintes au respect de la vie privée et de la vie familiale tel que le définissent le Conseil constitutionnel, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, la Convention de New York sur les droits de l’enfant et, jusqu’à présent, la loi française. Sous couvert de lutte contre l’immigration clandestine, on porte de grands coups à la notion même de liberté.

Ce projet supprime pratiquement toutes les possibilités de régularisation des étrangers quasiment soumis au pouvoir discrétionnaire des préfets ; dont les critères d’appréciation sont totalement arbitraires : vérification de « l’intégration républicaine », notion de « localisation du logement de l’étranger »… Et, que signifierait l’obligation de parler français dans un pays où beaucoup de citoyens français sont non francophones, où le créole est aussi une langue d’insertion sociale ?

Ce projet condamne une fraction importante de la population de Guyane à la clandestinité et à la marginalisation à vie, avec de gros risques de violences qui naissent de la nécessité de survie des exclus et de la répression.

Nous disons, avec les anthropologues et les historiens, qu’on ne peut continuer à considérer comme étrangers clandestins des hommes et des femmes issus de peuples ancestraux, présents bien avant les frontières et devenus transfrontaliers, qui mènent depuis des années une vie familiale paisible et utile à la société. Nul n’ignore le rôle que joue la main d’œuvre étrangère, y compris clandestine, dans l’économie guyanaise. Il règne à ce sujet une très grande hypocrisie.

Par ailleurs, reconduire annuellement 7500 étrangers (quota annuel fixé par Nicolas Sarkozy pour la Guyane) a un coût financier et humain. Selon la législation particulière, qui s’applique déjà en Guyane, cette reconduite à la frontière sans possibilité de recours se fait souvent au mépris de tout droit et de toute humanité : arrestation de parents devant le supermarché alors que le bébé les attend chez la nourrice, arrestation de lycéens scolarisés depuis l’âge de 6 ans, de déboutés du droit d’asile en danger de mort dans leur pays…

La Guyane, terre multiculturelle, doit continuer à bâtir dans la diversité : faire de l’étranger, ou d’un présumé étranger, le bouc émissaire des graves problèmes de développement que connaît ce département est une analyse démagogique, édictée dans un but purement électoraliste.

Ce projet et les méthodes du ministre de l’Intérieur renvoient aux pages les plus sombres de l’Histoire récente, laissant préfigurer d’autres atteintes aux droits fondamentaux de chaque individu.

Paris, le 8 juin

le communiqué

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