Qu’est-ce que le projet REACH? Pourquoi la CGT et Greenpeace ont-ils tort de signer un texte commun pour soutenir ce projet?

Aujourd’hui les masses payent le prix du chaos capitaliste. En l’absence de planification, la santé paie le prix du profit.

Au travers des chiffres qui relativisent toujours tout (particulièrement l’idéologie qui attribue tous les problèmes de santé aux gènes) on peut voir que 30% des maladies professionnelles sont causées par les substances chimiques, qu’il y a 63% d’augmentation des cancers en France en 20 ans, que 99% des substances chimiques commercialisées en Europe ne sont pas évaluées.

Dans ce cas des non évaluations justement, le 27 avril 2006 Greenpeace France et la Fédération nationale des industries chimiques de la CGT (Fnic-CGT) ont publié un document commun pour soutenir REACH.

Qu’est-ce que REACH? Le projet REACH vise à servir l’industrie pharmaceutique en faisant une énorme base de données des produits chimiques. REACH signifie : « enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques. »

Officiellement, il s’agit d’éliminer les produits chimiques toxiques qui sont encore utilisés : 30 000 composés chimiques sont concernés. Ce programme REACH n’est pas issu d’une pression populaire, mais d’un constat en 1998 lors d’une réunion en Conseil informel des ministres de l’environnement des différents Etats membres de l’UE.

Il avait en effet été décidé qu’à partir de 1993 on évaluerait 30 des 1885 substances dangereuses par an – 10 ans après 5 seulement ont été évaluées complètement !

Donc quand la Fnic-CGT et Greenpeace France « réaffirment l’urgence d’une évaluation des produits chimiques et d’une réduction du danger à la source », elles font comme si cela était « nouveau » alors qu’en fait elles dépolitisent la question : il faut en réalité attaquer les capitalistes en demandant pourquoi la réglementation de 1993 n’a pas été appliquée.

Tout aussi grave sur le fond, les tests de REACH sont naturellement effectués par des laboratoires capitalistes, qui ont une conception capitaliste de la chose (ces laboratoires font par exemple fumer des chiens depuis quarante ans, les chiens ne développant pas de cancer, les cigarettes ne donnent pas le cancer : CQFD pour l’industrie).

Ainsi, les composants chimiques doivent être étudiés sur 10 ans par une pratique générale de la vivisection (environ une quarantaine de millions d’animaux sont prévus pour subir les tests) !!!

Toutes les études alternatives sont rejetées, comme celle proposée par des chercheurs du CNRS regroupés dans le groupe Antidote Europe (elle coûte 100 fois moins cher, se passe en un an et n’utilise pas des animaux, se fondant sur la culture des cellules humaines).

Pourquoi Greenpeace et la CGT acceptent-ils cela? Pourquoi ne critiquent-ils pas le programme coûtant une fortune, fondé sur la vivisection en 10 ans, et pourquoi refusent-ils un programme alternatif, non fondé sur le profit, qui serait plus efficace, moins cher et sans la pratique barbare de la vivisection, accusée en plus par beaucoup de ne pas avoir de valeur scientifique?

Et cela d’autant plus que le programme REACH demande juste une « maîtrise valable » des substances mises sur le marché, et non pas une vérification absolue?

REACH est de la poudre aux yeux, car le capitalisme se moque de la santé des masses car le capitalisme vit dans le court terme, dans l’accumulation de capital et de marchandise.

En 1971 le président des USA Nixon avait affirmé « Dans 20 ans nous aurons vaincu le cancer. » Faut-il encore suivre Greenpeace et la CGT pour accepter les mensonges des dominants, qui sont au service du capitalisme?

Il faut être bien (faussement) naïf comment Michel Coste, responsable du collectif Sécurité, précarité, environnement de la Fnic-CGT, pour dire « C’est intolérable, le patronat de l’industrie chimique ne fait rien pour mettre en place une vraie prévention des maladies professionnelles » et affirmer que REACH va changer tout cela.

La bourgeoisie, et non pas simplement « le patronat », ne va s’intéresser qu’aux maladies empêchant ses exploités de travailler, et rien d’autres. La bourgeoisie veut juste éviter les coûts des 1,7 million de travailleurs qui meurent chaque année d’une maladie professionnelle.

A ce niveau, la prétention de Greenpeace à parler au nom des travailleurs est dans ce cadre une véritable honte (« Cette obligation de substitution bénéficierait non seulement aux travailleurs, mais aussi à la protection de l’environnement et de la santé publique » a par exemple osé dire Yannick Vicaire, chargé de campagne Toxiques à Greenpeace France).

Quelle légitimité populaire a Greenpeace, organisation qui n’est aucunement démocratique dans ses structures et passe son temps après des actions médiatiques à négocier pour préserver le status quoi alors que la planète court à la catastrophe? Et quel intérêt de signer un document avec la CGT, qui défend systématiquement et totalement l’industrie nucléaire?

En tout cas Greepeace et la CGT montrent qu’ils n’ont rien contre le capitalisme puisqu’ils disent ensemble que leurs organisations « mettent également en demeure les parlementaires UMP de justifier leur hostilité à cette disposition susceptible d’apporter des résultats concrets en matière de santé publique, d’environnement tout en générant des marchés innovants. »

Greepeace et la CGT sont des modernisateurs du capitalisme, ils aident de fait objectivement les impérialistes, tout comme ils contribuent à créer des « normes » servant à « fermer » les marchés capitalistes, normes se fondant sur de soi-disant principes de sécurité.

Cela est très clair lorsque les représentants de la la FNIC-CGT et de Greepeace France ont dit : « Alors que le modèle actuel de la mondialisation tente de tirer les normes vers le bas, notre devoir n’est pas seulement de réussir une réforme REACH de haut niveau, mais aussi de l’exporter comme nouveau standard international de responsabilité et de prévention contre les risques des substances dangereuses ».

Qui peut croire que l’impérialisme français et européen se soucie de la santé des masses populaires mondiales?

Greenpeace et la CGT prétendent défendre la santé – ils aident le capitalisme et servent son idéologie de « meilleur des mondes. »

Autant il faut soutenir la gauche des écologistes et même des Verts pour tenter de faire passer quelques mesures comme le principe de substitution (si on peut remplacer un élément par un élément plus sûr, alors la loi oblige à le faire), autant sur le moyen terme REACH ne sert à rien et montre une fois de plus la nécessité de la révolution.

Pour le Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste, avril 2005

source : http://www.lescommunistes.net/~infos/