De la démocratie cosmétique à la démocratie chimique

Le 24 mars dernier, 14 guérilleros des forces de défense du peuple (HPG), la branche armée du PKK, avaient été assassinés par l’armée turque. Suite à ce massacre, les familles et le Commandement central du HPG avaient révélé que les combattants avaient été tués au moyen d’armes chimiques.

Depuis plusieurs années circulent de telles informations sans toutefois que des experts indépendants aient pu les corroborer et ce, en raison de l’enlèvement et de l’inhumation secrète des corps mutilés organisés par les militaires.

Cependant, les photos qui viennent d’être publiées sur le site de l’agence de presse pro-kurde Dicle et du site d’information de gauche Halkin Sesi TV et qui datent de l’été 2003, ne laissent planer aucun doute quant à l’usage d’armes non conventionnelles par les forces armées turques dans la guerre d’extermination qu’elles livrent contre les mouvement nationaliste kurde.

On vient en effet de retrouver les photographies de 6 guérilleros tués à l’aide d’armes chimiques le 23 août 2003 dans le district de Besiri à Batman.

Le seul témoin de cet acte odieux est un agriculteur qui aurait transporté les corps des guérilleros dans la remorque de son tracteur: « J’ai vraiment pris peur. Je n’ai rien pu faire. J’ai été escorté par un véhicule militaire à l’arrière et un véhicule de police à l’avant et ce, jusqu’au cimetière de Besiri. Les corps ont été jetés dans une fosse creusée par la municipalité. Ces corps n’ont ni été lavés, ni recouverts d’un linceul. Aucune cérémonie religieuse ne leur a été consacrée. Leurs corps ont été ensevelis à l’aide de pelleteuses » a-t-il aujourd’hui avoué à l’agence Dicle.

Suite aux pressions que les familles auraient exercé sur le procureur de la république de Besiri, les familles ont finalement pu récupérer les corps des 6 combattants et leur rendre un dernier hommage funèbre. C’est à ce moment là que les photos des corps auraient été prises, de manière clandestine.

Et ce n’est qu’aujourd’hui, soit près de trois ans plus tard, qu’elles ont pu être retrouvées et publiées.

Pour en revenir au massacre perpétré le 24 mars dernier dans les montagnes de la province de Mus, les affirmations d’un protecteur de village qui aurait participé à l’assassinat de quatre combattants du HPG sur le mont Cudi dans les hauteurs de Sirnak sont elles aussi sans équivoque. Ce dernier prétend que les guérilleros auraient été aspergés de « produits » et qu’ensuite, les commandos se seraient revêtus de « vêtements inhabituels » pour aller récupérer les corps. Il ajoute que leurs corps étaient « étrangement gonflés » et « recouverts de plaques rouges. »

A la vue de ces photographies insoutenables, l’appellation de « démocratie cosmétique » semble trop pudique pour qualifier le régime terroriste d’Ankara qui s’évertue à dissimuler ces crimes pour séduire les décideurs européens. « Démocratie chimique » s’avère désormais être plus adéquat pour désigner l’Etat turc.

Nous appelons la communauté internationale à condamner ces atrocités et à se solidariser aussi bien avec le peuple kurde qu’avec les forces révolutionnaires et progressistes de Turquie luttant pour l’instauration d’une véritable démocratie qui bannira à jamais ce genre tout crime contre l’humanité.

DHKC

Bureau d’information de Bruxelles

Le 13 avril 2006

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