Ce qu’a dit Jean-Louis Foulquier à propos de Régine Chopinot est d’une extrème gravité. Son image de défenseur des artistes ne devrait pas s’en relever. Qu’il conchie la CGT, rien que de très normal pour un entrepreneur. Mais qu’il s’en prenne à une artiste et lui demande de s’écraser sous prétexte qu’elle reçoit des subventions de la Région Poitou-Charentes (présidée par Jean-Pierre Raffarin), c’en est trop.

« J’en veux à Régine Chopinot d’avoir jeté de l’huile sur le feu alors qu’elle est la protégée de Raffarin » a-t-il perfidement balancé, tout en annonçant que les Francofolies n’auraient pas lieu.

Le masque est tombé. Pour Jean-Louis Foulquier, un artiste, ça va à la gamelle et ça ferme sa gueule !

J’avais beaucoup d’estime pour le travail accompli par Foulquier dans le domaine de la chanson. C’est vrai qu’il a révélé des talents inconnus (au passage, ceux qui sont devenus célèbres le lui ont bien rendu… un bon investissement, donc).

Foulquier n’avait jamais caché sa proximité avec le RPR. On pouvait se dire, bon, c’est par nostalgie du gaullisme, comme pour Jean-Christophe Averty. Ou bien c’est juste pour gratter des subventions. Mais à la réflexion, non, sinon il aurait fait copain-copain avec les radicaux-cassoulet, qui dirigeaient la ville du temps de Crépeaux.

Aujourd’hui on comprend mieux cette proximité. Et l’on se pose des questions sur sa sincérité lorsqu’il se dit proche des artistes rebelles. La chanson vivante, finalement, c’est un bizness comme un autre. Et la chanson engagée, c’est une part de marché. On peut chanter « vive l’anarchie » sur scène (jouer des pièces de Brecht pour les théâtreux), c’est pas grave, c’est juste un créneau à occuper.

Mais lorsqu’il est question de ne plus faire semblant et de se révolter pour de bon, là c’est autre chose. « déconnez pas les copains, on vous fait béqueter toute l’année », pleurniche l’ami des artistes.

Finalement le hiatus n’était qu’apparent. Et l’ambiguïté finit toujours par se retourner contre ceux qui veulent bouffer à tous les rateliers.Comme disent justement les anarchistes à propos des capitalistes : « ils iraient même jusqu’à vendre la corde qui servira à les pendre ! »