FREUD ET LE SIONISME

En parcourant « Le Monde » du Samedi 5 Juillet 2003 , à la page 16 ,dans la rubrique Horizons Kiosque je tombe sur un article intitulé « Freud contre « l’espérance injustifiée  » du sionisme » où Henri Tincq parle d’un article du journaliste Paolo di Stefano, paru dans il Corriere della Sera, qui évoque la découverte et la publication par Michele Ranchetti , historien de la psychanalyse et de l’Eglise, d’une lettre inédite de Freud
.
Cette lettre écrite par Freud le 26 février 1930 était adressée au Docteur Chaim Koffler et répondait à la demande de l’association de Jerusalem Keren Ajossot -demande envoyée à plusieurs personnalités juives éminentes – de signer une pétition condamnant les arabes pour une émeute survenue en 1929 en Palestine, émeute au cours de laquelle plus de 100 colons juifs avaient été tués. Son destinataire l’a transmise à une collectionneur d’autographes de Jerusalem, Abraham Schwadron, en échange de la promesse qu ‘ »aucun oeil humain ne puisse jamais la voir « . C’est ainsi qu’elle est restée secrète pendant plus de 70 ans jusqu’à ce qu’elle paraisse ces dernières années dans le catalogue d’une exposition à l’Université de Jérusalem.

On peut aujourd’hui en trouver le texte traduit , deux fois, en Anglais sur le site Freud Museum London http://www.freud.org.uk / »Freud to day ».
J’en tente une traduction française en précisant que je le fais à partir de l’anglais car les amis allemands partis à la recherche de l’original allemand se sont heurtés à d’étranges impossibilités sur le site Viennois et continuent pour l’instant leurs recherches . Il faut que ce texte soit de la dynamite pour déchaîner comme je le préciserais plus loin toutes les Erynnies des milieux neo-cons et non-cons américains.

Traduction française donc, suivie par les deux traductions anglaises parues sur le site signalé ci-dessus :

« Cher Docteur,
Je ne peux faire ce que vous souhaitez. Je me sens incapable de surmonter mon aversion à accabler le public avec mon nom et même ce moment critique ne me paraît pas le justifier . Quiconque désire influencer les masses se doit de leur donner quelque chose de vibrant et d’enflammé et mon sobre jugement sur le Sionisme ne le permet pas. Il est sur que je sympathise avec ses buts, je suis fier de l’Université de Jérusalem, et la prospérité de ses implantations me fait plaisir.Mais, d’autre part , je ne pense pas que la Palestine pourra jamais devenir un Etat juif, ni que les mondes Chrétien et Islamique soient prêts à ce que leurs lieux saints soient sous contrôle juif. Il m’eut paru plus judicieux d’établir une patrie juive sur une terre moins chargée d’histoire. Mais je reconnais qu’un point de vue aussi rationnel aurait peu de chance d’obtenir l’enthousiasme des gens et le soutien financier des riches. Je concède avec tristesse que le fanatisme infondé de notre peuple soit en partie à blamer pour avoir éveillé la méfiance Arabe. Je ne puis cultiver de sympathie pour une piété mal dirigée qui transforma un morceau du mur d’Hérode en relique nationale offensant ce faisanr les sentiments des autochtones .
Jugez vous-même maintenant si, avec un tel point de vue critique je suis la personne qu’il faut pour conforter un peuple pris dans l’illusion d’une espérance injustifiée .
Votre respectueux serviteur.
Freud « .

Deux traductions anglaises de la lettre figurant sur le site Freud Museum London

1°) celle figurant dans le catalogue de l’exposition à l’Université de Jérusalem :
« Letter to the Keren Hajessod (Dr. Chaim Koffler)

Vienna: 26 February 1930

Dear Sir,

I cannot do as you wish. I am unable to overcome my aversion to burdening the public with my name, and even the present critical time does not seem to me to warrant it. Whoever wants to influence the masses must give them something rousing and inflammatory and my sober judgement of Zionism does not permit this. I certainly sympathise with its goals, am proud of our University in Jerusalem and am delighted with our settlement’s prosperity. But, on the other hand, I do not think that Palestine could ever become a Jewish state, nor that the Christian and Islamic worlds would ever be prepared to have their holy places under Jewish care. It would have seemed more sensible to me to establish a Jewish homeland on a less historically-burdened land. But I know that such a rational viewpoint would never have gained the enthusiasm of the masses and the financial support of the wealthy. I concede with sorrow that the baseless fanaticism of our people is in part to be blamed for the awakening of Arab distrust. I can raise no sympathy at all for the misdirected piety which transforms a piece of a Herodian wall into a national relic, thereby offending the feelings of the natives.

Now judge for yourself whether I, with such a critical point of view, am the right person to come forward as the solace of a people deluded by unjustified hope.

Your obediant servant,
Freud « 

2°) Traduction anglaise de Ward :

« Dear Doctor,

I cannot do what you ask. My unwillingness to involve the public with my name is insurmountable and not even this present critical occasion seems to warrant it. Whoever wishes to influence the crowd must express something that resonates and creates enthusiasm but my sober estimation of Zionism does not allow me to do so.

I certainly have a great deal of sympathy for their endeavours; I am proud of our university in Jerusalem and am pleased that our settlements are flourishing.

But, on the other hand, I do not believe that Palestine can ever become a Jewish State or that both the Christian and Islamic world will ever be prepared to entrust their holy places to Jewish care. To me it would have seemed more sensible to establish a Jewish homeland on a historically unencumbered soil; I do know that with such a rational plan one could never have won the enthusiasm of the masses or the financial backing of the rich. Also, I regretfully admit that the unworldly fanaticism of our fellow Jews must bear some responsibility for awakening the mistrust of the Arabs. Nor can I summon up any trace of sympathy for the misguided piety that has made a piece of Herod’s wall into a national relic, thereby provoking the natives’ feelings.

Now judge for yourself whether I, with such a critical attitude, am the right person to act as the comforter of a people whose unfounded hopes have been shattered.

Yours respectfully, Freud ».

PS :
Cette lettre envoyée sur le site americain d’IndyMedia Center-New York,(IMC-NY) faisant partie des réseaux d’informations mondiaux parallèles (= « Ne haissez pas les medias , soyez les medias ») a suscité des réactions atterrantes : « elle est fabriquée par des sites neo-nazis » !!! , des menaces , des injures , le site « Freud Museum London » etait accusé « d’être une site frauduleux », ce qui n’a pas empêché les mêmes de mettre en ligne une pétition de protestations de 500 signataires adressée à Freud Museum pour avoir mis cette lettre en ligne . IMC-NY, au bout de quelques heures, a opté pour le black-out total en supprimant du site et la lettre et les réactions en accusant le mandataire de fraude .
Voilà où en est le débat dans certains cercles américains, neo-cons et non-cons se voulant ouverts !

Little Sister