Nécessité fait loi, celle que se donne le mouvement des scolarisés passe par la perturbation, la grève et le blocage des institutions d’enseignement (usine majeure, la main d’oeuvre y est employée à se produire : formation = travail vivant se différenciant).

Mais cela ne suffira pas, réinventer la grève, la manif, nomadiser le blocage est à l’ordre du jour.

« C’est dans les facs que tout se passe, mais les télés ne parlent jamais (…) » http://www.liberation.fr/page.php?Article=363478

On voit survenir des frictions entre le mvt et les défenseurs de la « liberté du travail ». C’est un problème concret auquel faire face, mais il n’y pas de quoi se polariser sur cette situation classique, mieux vaut continuer de chercher à nuire davantage à l’ordre social dont témoigne le CPE etc.

En regard des blocages, la manifestation paraît un moyen inconsistant (bcp de grévistes parisiens ont voté hier avec leur pieds en y allant pas). Mais il faut nuancer, critiquer la manif plutôt que de se contenter de la dénoncer (et de l’éviter en lui préférant par dessus tout la chaleur du groupe provisoirement constitué dans son lieu de lutte, si il fait froid dans ce monde, nous avons encore à le faire savoir, au plus loin et au plus profond).

La manifestation remplit une fonction vitale (d’expression), par exemple lorsqu’il s’agit de d’aller en nombre sillonner un quartier, une ville pour informer et faire débrayer les établissements voisins (lycées et facs) depuis un lieu en lutte et d’accroître ainsi le mvt (puissance). Ici comme ailleurs l’imitation n’est pas nécessairement un conformisme ou une rivalité, mais un partage, varié, du commun, une force.

Si le mvt prend de l’ampleur ce sera d’avoir inventé et transformé la manifestation, rituel d’une plainte, occasion de mesurer le mvt (combien suivent l’unef ? qui est en grève ? combien de grèvistes défilent ?), de le représenter (moi, apparatchik, je cause tévé depuis cette foule là) en formes d’action réellement perturbatrice.

L’enjeu du blocage revient, qu’il s’agisse d’occupation, de rupture des fluxs (de transports, d’information, de marchandises), un blocage qui se déplace là où il est encore attendu (presque partout) mais bien moins contrôlable que ne l’est l’occupation d’une institution scolaire (qui menace en permancence de devenir une forme de retrait inefficace et doit pour battre cette tendance rester ouverte au dehors, c’est à dire y aller, pas seulement accueillir les non étudiants etc., mais… sortir ! cf les visites collectives d’anpe, de péages d’autoroutes, de gares tgv, de rocade, de pref, de medef, de cfdt, de journaux, télés, etc.)

La question n’est pas comme le dit le journal de  » faire parler les télés  » (à la gégéne ou à la baignoire ?), compte ce qui se dit là ou du collectif se forme (occupation blocage), ce qui se dit directement à tous lors de rencontres, ce qui circule par les moyens que le mvt se donne (tracts, canards, papiers, mels, web).

La SOCIÉTÉ ENTREPRISE est partout, les bloqueurs n’ont qu’un embarras, celui du choix. Encore de la politique (décider collectivemEnt), encore de la tactique (viser les chevilles et autres articulations, repartir, insaisissable).

On va vers l’été.

Laurent

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