Le 7 février dernier à Grenoble, le parvis de la préfecture était envahi par des étudiant-e-s et des lycéen-ne-s qui lui otaient ses drapeaux bleu-blanc-rouge pour les remplacer par un drapeau noir (anarchiste) et un drapeau rouge (du PCF, pourtant bien nationaliste à ses heures, m’enfin bon…). La police avait fini par faire évacuer les lieux, après quelques échauffourées (voir dossier sur le mouvement anti-CPE en colonne centrale d’Indymedia-Grenoble).

A Rennes, la préfecture n’a pas vraiment la côte et une colère bien compréhensible se cristallise contre elle, notamment du côté de la jeunesse…

Jeudi dernier (16 février) en fin de matinée, une première manif anti-CPE a rassemblé entre 3 000 et 12 000 personnes.
Autour de 20h, une manif « bruyante » s’est ébranlée dans le centre-ville de Rennes, contre le CPE (et son monde…).

Bruyante et animée, rassemblant plusieurs centaines de personnes (plus d’un millier pendant un long moment), la manif est passée une fois, puis deux, puis trois fois devant la préf’, et ce qui devait arriver arriva: le portail de la préfecture se fit bousculuer aimablement (ça se « bouscule » un portail ?), quelques poubelles furent renversées devant elle, ainsi que des barrières de chantier.

Les flics présents dans la cour de la préfecture n’en menaient pas large et se sont mis à balancer quelques bombes lacrymogènes, ce qui n’a fait qu’accroître la colère des manifestant-e-s, dont la plupart semblaient plus « remonté-e-s » par un mouvement collectif politique (lié à mon avis à la fois à une certaine intensité vécue à Rennes 2 pendant le blocage et l’occupation de la fac, et à la fois au fait que depuis de longs mois maintenant une certaine tension règne et éclate parfois le jeudi soir…) que par l’alcool (les échauffourées ont eu lieu relativement tôt, et c’est bien après que l’alcoolonisation du centre-ville s’est faite ressentir, sans altercations avec la police d’ailleurs – il est bien connu que l’alcool est un élément fameux de dépolitisation).

Après une première fuite partielle suite à des jets de lacrymo, les manifestant-e-s reviennent à la charge malgré la regrettable (et durable, comme leur développement ?) attitude de quelques « étudiant-e-s pas casseur-e-s » issu-e-s de mouvances écolos-citoyennes qui semblaient décidé-e-s par dessus tout à protéger le batiment de la République qu’est cette bonne vieille préfecture. Ces quelques anti-violent-e-s criaient « non violence! » et faisaient la chaîne pour empêcher les manifestant-e-s d’agir comme bon leur semblait… Un de ces anti-violents est allé jusqu’à mettre un poing dans la gueule d’une des personnes qui participait à ériger une barricade. Merci la non-violence…

Toutefois, le portail de la préf’ finit par être bloqué par des poubelles et des barrières. Enfin, le drapeau français qui faisait le fier (un drapeau peut-il faire le fier?) à l’entrée de la préf’ fut sauvagement arraché, tandis qu’un manifestant agitait un drapeau breton…

De nombreuses canettes et autres pierres volaient par dessus le portail, mais les flics qui se trouvaient derrière étaient plutôt recroquevillés à l’intérieur du batiment.

Dès qu’une ou deux ou trois rangées de CRS furent aperçues en haut de la rue du général M. Guillaudot, la barricade érigée devant le portail de la préf’ fut déplacée avec une énergie incroyable, par quasiment tout le monde sauf les fameux anti-violents qui continuaient à crier « non-violence » jusqu’à en pleurer (il faudra qu’on m’explique un jour ce qu’il y a de violent à ériger une barricade…).

La barricade, alors située au début de la rue Guillaudot, semblait bien placée puisqu’elle laissait au moins deux possibilités de fuite en cas d’attaque policière massive par derrière… Mais la plupart des manifestant-e-s se sont laissé-e-s submergé-e-s par leur colère et ont monté la barricade dans la rue jusqu’à arriver tout près de la flicaille. Grave erreur camarades !

A ce moment là, quelques rangées de CRS arrivant par derrière auraient pu nous enfermer complètement… De la souris verte à la souricière, il n’y a qu’un pas, que les écolos-citoyen-ne-s auraient pû assumer en martyr-e-s soi-disant « non violent-e-s » qu’il-le-s sont. Heureusement, ce scénario de la souricière ne se produisit pas, mais il serait bon de s’en souvenir les prochaines fois.

En haut de la rue, les CRS se font un peu caillasser, les photographes s’en donnent à coeur joie (masquez-vous !), puis une salve importante de gaz lacrymo envahit le ciel et le sol jusque dans la rue Victor Hugo. Les manifestant-e-s refluent, mais il n’y pas plus de casse que ça me semble-t-il.

Les CRS se postent au bas de la rue Guillaudot et se font caillasser un dernier coup, pendant quelques minutes, avant que tout le monde ne rejoigne la place de la Mairie (avec des poubelles au cas où, quelques canettes au cas où, mais aussi des keufs en civil… au cas où).

La soirée a continué place Sainte-Anne, avec force alcool et chansons du style tradition de la rue de la soif, bref, ça sentait le retour à l’ordre alcoolique…

Qui sait, peut-être on rigolera encore bien dans les rues de Rennes jeudi prochain (le 23)…

Tou-te-s les étudiant-e-s le disent: « Retrait du CPE ou alors ça va péter, ça va PETER ! ».

Même pas cap’!?

Contre le CPE et son monde, on a toutes les raisons de se révolter !

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Ce qu’en a dit la presse bourgeoise:

« Le Monde »

« Le Nouvel Obs' »

« Ouest-France »