« Le patronat et l’Etat ne peuvent et ne veulent plus payer.
Personne ne pense à l’idée qu’ils peuvent disparaître.
Les enfants des cités, ces palestiniens du spectacle triomphant, savent, eux,
qu’ils n’ont rien à perdre ni rien à espérer du monde tel qu’il devient. »
Avant-propos à la réédition de 95 à « De la misère en milieu étudiant. »

Qui donc a pris la défense des insurgés dans les banlieues, dans les termes qu’ils méritent ? Nous allons le faire.
La misère qui sévit dans les banlieues avec son chômage, sa répression policière constante, ses conditions de vies plus que précaires, le racisme, ont réuni les conditions d’une confrontation sans précédent avec l’Etat. Les flammes ravageant les ghettos symbolisent l’attaque tous azimuts contre celui-ci, qu’il soit répressif ou à prétention sociale d’encadrement. Les attaques contre les écoles, la police, les services sociaux sont des actes ciblés et non aveugles. Elles sont le révélateur d’une prise de conscience qui n’a que faire de jugements hâtifs sociologisants. Ces « jeunes » sont une partie du prolétariat sans avenir qui ne peut être dupe face à la fausse perspective d’intégration (mais dans quoi ?). Car comment croire que les insurgés ont encore la moindre complaisance vis-à-vis de services dits sociaux dont la seule prérogative est de réguler la misère sociale ? On peu certes gloser sur le manque de crédits alloués par l’Etat et dire que ses acteurs sont en sous-effectifs mais il importe avant tout de dire que ses médiateurs, ces assos, ces grands frères sont avant tout des gardiens de la paix sociale. Ils sont aux jeunes ce qu’est la bureaucratie syndicale aux ouvriers, un mécanisme d’intégration au système d’exploitation. A ceux qui s’offusquent de l’incendie d’une école, faut-il leur rappeler que celle-ci n’est qu’une croyance à l’instar de la religion ou de la politique ? Il est troublant de constater que l’institution scolaire ne soit pas mise dans le même sac que toutes les formes de répressions s’abattant sur les insurgés des banlieues. Que le bobard de l’intégration par l’éducation (nationale) ne fonctionne plus et finisse dans les flammes est une nouvelle réjouissante. Ces « jeunes » révoltés se sont souvenus que leurs bancs d’école étaient en bois et qu’ils feraient un fameux brasier, rien de plus logique, l’égalité des chances tant vantée par notre république étant un leurre. Par ailleurs, on s’étonne que les voitures brûlent, mais on devrait se réjouir de ces gestes salutaires ! Il ont sauvé de la mort des centaines de personnes promises chaque jours au accidents de la route et qui plus est à de longues journées d’ennuis dans des boulots de merde. Quant à ces derniers la réplique des politiques unanimes ne trompe pas : répression par le travail dés quatorze ans, et si ça ne suffit pas enfermement. De ces promesses, une fois n’est pas coutume, une seule sera tenue, la seconde évidemment, vu que de travail, il n’y en a point. Ces « jeunes » révoltés ont voulu illuminer la grisaille qui forme leurs quotidiens, ils en paieront le prix.
A ce constat s’ajoute celui moins enjoué des réactions suscitées dans des milieux qui auraient du être à même de saisir l’essence de cette révolte. En effet, les rodomontades formulées par certaines personnes se mouvant dans les cercles gauchistes ou libertaires sont affligeantes de par leur pauvreté et leur courte vue. Ce qui est « contre-productif », ce n’est pas de cramer son quartier pourri, c’est de n’y voir que des actes manquant de « sens historique », de « conditions objectives »et autres blablas de marxistes de confort, bref de ne considérer ces évènements que par le bout de la lorgnette médiatique ou d’une grille d’analyses obsolètes. Il paraît complètement dérisoire de s’attarder sur des épiphénomènes tels que l’attaque d’un bus transportant des individu-es, ceux-ci étant bien évidemment montés en épingle par les journalistes matraqueurs. A qui faire croire que la révolution française ou la commune de Paris, toutes proportions gardées, furent exemptes d’actes fâcheux ? A d’autres peut-être…

Et si il doit se développer des organisations ou des stratégies d’actions directes, ça sera avant tout par eux-mêmes. Rangez vos syndicats aussi révolutionnaires soient-ils, vos associations, vos militants et autres samaritains de la cause sociale.
C’est en tant que déclassés et chômeurs que nous exprimons ici haut et fort notre solidarité avec la racaille insurgée.
Vaut mieux une bonne guerre civile qu’une paix pourrie !!!

SECTION COSAQUES-JABOTS DE BOIS, Nantes le 18.11.05

version imprimable en fichier joint