Informer est une faute grave !
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« Justice et liberté », est la devise d’Ouest France, publiée tous les jours en exergue à la une du quotidien honoré du plus fort tirage de presse quotidienne française. A 76 ans, François Régis Hutin, le P.-D.G. d’Ouest France, vient de prouver qu’il a un sens très crispé de la tolérance envers toute critique qui s’intéresse à sa personne, ses écrits, son journal ou son groupe. Un pigiste régulier du Marin vient de faire les frais de cette intolérance, licencié pour faute grave sans autre forme de procès. Les faits reprochés à ce journaliste(1) s’apparentent à un crime de lèse majesté envers le clan Hutin. Le P.-D.G. d’Ouest France s’est dit indisposé par des articles irrévérencieux publiés depuis dix ans par un journal trimestriel associatif et satirique nantais, La Lettre à Lulu (2). En tant qu’actionnaire d’Infomer, filiale d’Ouest France, «
», il vient d’exiger et d’obtenir sans sourciller l’éviction d’un journaliste associé à ce journal satirique et pigiste régulier, salarié depuis 17 ans du Marin, l’hebdomadaire édité par Infomer, né en 1946 dans le giron de Ouest France avant d’être transformé en filiale.
Contre le fauteur de troubles, le groupe Ouest France n’hésite pas à lancer des procédures disciplinaires bafouant le droit social et la justice. Quitte à nier tant la liberté d’expression que la liberté de la presse qu’il défend régulièrement dans ses colonnes. Un comble pour un grand patron de presse drapé dans les valeurs bien pensantes.
_ L’affaire s’est passée au plus calme de l’été 2005, au sein d’Infomer, le groupe de publications maritimes. Annoncé par lettre recommandée fin juillet, au moment où l’effectif du journal est au plus bas, la procédure de licenciement pour faute grave est expéditive. Le 10 août, le journaliste pigiste est éjecté, sans préavis ni indemnité de licenciement, malgré 17 ans de service pour cet hebdomadaire spécialisé dans l’actualité des ports de pêche et de commerce, les chantiers navals et l’aquaculture.
Curieusement, ce licenciement est présenté en interne comme une cause perdue. Au tout début de la procédure, le patron d’Infomer concède à un délégué syndical que l’entreprise va perdre les procès que le salarié ne manquera pas d’intenter pour se défendre. Peu importe, dit le dirigeant de la filiale, on est près à payer pour être débarrassé de ce mauvais sujet… Cet aveu surprend les salariés du groupe, où l’habitude est plutôt à la hantise des procès perdus. Pour justifier le licenciement, l’employeur n’a même pas cherché d’arguments plausibles, préférant afficher ce cynisme patronal pour régler sans attendre l’« exaspération » du clan Hutin envers les publications d’un trimestriel satirique nantais, La Lettre à Lulu, dont le journaliste sanctionné est devenu récemment directeur de publication. Il ne s’agit pourtant que d’articles, certes au ton ironique, mais traitant des éditoriaux de M. Hutin, des articles signés par sa fille, Jeanne-Emmanuelle Hutin, ou du traitement de faveur dont a pu bénéficier son épouse, Jeanne-Françoise Hutin, candidate CDS en campagne électorale pour les Européennes. Les pratiques internes d’Ouest France, révélées par des organisations syndicales, trouvent aussi un écho dans La Lettre à Lulu. Rien qui ne soit illégal, pas même contesté par des droits de réponse ou des assignations en diffamation.
L’argument développé pour se débarrasser de ce pigiste est d’ordre moral : selon les patrons de ce journal, le journaliste aurait du démissionner, puisqu’il n’était pas en accord avec l’esprit du groupe. Certains journalistes d’Ouest France embrayent dans le même registre, faisant leur ce discours de leurs dirigeants, évoquant, un peu gênés quand même, leur réprobation du journalise sanctionné plus que de la sanction. Ils utilisent les métaphores de « cracher dans la soupe » ou de « mordre la main qui nourrit », parlant même de « schizophrénie » à travailler pour un employeur que l’on est amené à critiquer par ailleurs. Si on devait retenir ce type d’objection, les syndicalistes d’Ouest France devraient rendre leur tablier, et plus largement, les Français en désaccord avec les politiques du gouvernement n’auraient qu’à quitter la France pour être en cohérence avec leurs états d’âme ! Un des dirigeants d’Infomer, qui fut pourtant syndicaliste il y a quelques années, écrit même aux salariés qui se seraient selon lui fourvoyés à défendre un aussi mauvais sujet : «
». Hormis la métaphore des chaînes, habituellement associée à l’esclavage ou à l’exploitation des travailleurs au XIXème siècle, cette prétendue règle d’osmose pourrait être revendiquée par les adeptes de certaines sectes, avec tout l’aplomb d’une loi supérieure, quasi divine. Tous ces clichés veulent intérioriser la notion de soumission morale à de prétendues valeurs communes, mal définies, nimbées d’un flou moraliste, censées s’imposer comme par évidence. Cette supposée obligation d’osmose est par ailleurs assez étonnante pour des journalistes qui revendiquent l’indépendance d’esprit et le sens critique comme des vertus cardinales.
Pour d’autres salariés d’Ouest France, la mesure de rétorsion est en revanche tout simplement scandaleuse, infondée et signe d’un climat répressif inaccoutumé dans un groupe jusqu’ici peu coutumiers des conflits aussi exacerbés par la direction. Diffusé au sein du groupe, des tracts de la CGT, de la CFDT et du SNJ ont dénoncé cette sanction et demandé la réintégration du salarié.
_ Qualifiée pour « faute grave », la procédure de licenciement manque singulièrement de motifs recevables : aucun fait identifié n’est reproché précisément, aucun article particulier, daté, n’étaye les reproches. Or légalement, la prescription est de deux mois pour qu’une faute grave puisse être retenue et entérinée. Aucun reproche professionnel dans le cadre d’Infomer n’est mis en avant contre le journaliste sanctionné. A supposer qu’il puisse être établi, le dénigrement invoqué du clan Hutin n’est aucunement lié à la relation de travail. Un recours aux prud’hommes est en cours pour demander sa réintégration.
_ Lors d’une audience de conciliation le 27 septembre, l’employeur a proposé trois ans de salaire pour que le journaliste étouffe la procédure aux prud’hommes. Mais en gardant, s’il avait accepté cette aumône, l’accusation de faute grave. Comme si on bastonnait un manant en lui glissant la pièce dans le creux de la main pour qu’il ne porte pas plainte en sortant de l’hôpital.
En parallèle, la commission arbitrale des journalistes, seule habilitée à restituer les indemnités légales de licenciement, au cas où les prud’hommes n’ordonneraient pas la réintégration, a été saisie à titre conservatoire.
Pendant ce temps-là, la devise « Justice et liberté » est imprimée tous les jours à la une d’Ouest France.
Sources :
(1) Ce journaliste, Nicolas de La Casinière, est par ailleurs membre de l’Observatoire nantais des Médias.
(2) Il est possible de juger sur pièce sur le site de La Lettre à Lulu où sont versées toutes les archives de la cinquantaine de numéros parus depuis 1995. Un moteur de recherche interne permet de cibler les articles évoquant des écrits concernant la famille Hutin.
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Autre article à lire pour une vision plus complête du lobying Hutin : L’OFM dénonce la constitution de monopoles de l’information locale
Le despote de la ville de Nantes aurait-il laché les bouffons de la lettre à Lulu ou est-ce juste un moyen de se rassurer(Double-Mixte partenaire de la lettre à Lulu et de la ville de Nantes)? Est-ce un règlement de compte politique ou juste un rédécoupage du territoire politique? Jean-Marc Ayrault a-t-il poussé Hutin à la faute pour que ce dernier se croit dans l’obligation de licencier un de ses diciples (faux opposants)… Où le dit diciple à force de causer des soucis à son chef a fini par l’iriter (L’express)?
Je ne sais pas ou regarder, FCNA, SOCPRESS,… En tout cas, je n’ai pas de mal à voir M. Hutin comme un despote mais j’ai du mal à voir M. de La Casinière comme une pure victime. Comme toute personne est considérée innocente jusqu’à ce qu’il soit prouvé qu’elle est coupable… On ne peut qu’attendre et voir.
« Lors d’une audience de conciliation le 27 septembre, l’employeur a proposé trois ans de salaire pour que le journaliste étouffe la procédure aux prud’hommes. Mais en gardant, s’il avait accepté cette aumône, l’accusation de faute grave. Comme si on bastonnait un manant en lui glissant la pièce dans le creux de la main pour qu’il ne porte pas plainte en sortant de l’hôpital. » Je crois que cette phrase est hors contexte et vraiment déplacée. Je ne crois pas que les revenus de M. De La Casinière soient les mêmes que ceux d’un manant. Les gens qui sont dans la rue n’ont souvent ni les ressources physiques et psychologiques ni les moyens financiers d’entamer des procédures. C’est une escroquerie intellectuelle que de comparer M. De La Casinière à un manant en ces temps de disette de l’emploi et de baisse générale du pouvoir d’achat.
ouh la? attention attention, la liberté ne se divise pas, en particulier la liberte de penser et d’informer. Et si on commence à expliquer qu’il y a des citoyens dont le respect de la dignité est moins importante que celle des autres, attention la dérive… le fait brut est quand même la mise en place progressive sur Nantes et sa région d’un monopole de l’information qui relayant puissamment un monopole politique de fait contribue à créer une situation de contrôle social relativement lourde et inquiétante. Alors soyons vigilants et défendons sans réserves ni restrictions les francs tireurs qui essayent courageusement d’ouvrir quelques brèches dans ce monopole de la pensée et de l’action et donc soutenons la Casinière, car l’impertinence est une vertu suffisamment rare pour mèriter le respect et la défense. Relire matin brun.
Je ne reviendrai pas sur l’article qui me semble suffisamment explicite pour que nous soutenions cette action.
Par contre, je suis scandalisée de la première réaction où les arguments les plus malsains (règlement de compte personnel? ou tout simplement incapacité à comprendre un langage immagé?) sont avancés pour ne rien faire et attendre !!
Oui, l’impertinence est une chose rare et précieuse aujourd’hui et manants ou non manants, ce serait bien que nous partagions un peu plus ce courage.
Manants, manants …allons nous nous mobiliser?
Le politiquement correct à la botte des socialos est outragé… Tant mieux! Il ne faut pas dire que l’on défend la liberté d’expression quand on défend un de ses copains. La dictature de la bienséance socialiste doit cesser.
J’aimerai savoir QUAND (preuves à l’appui !) N. de la Casinière est censé avoir défendu J. M. Ayrault ou le PS… Sinon, c’est ce qu’on appele de la diffamation.
Il n’y a pas diffamation car aucun des commentaires si dessus ne formule la phrase comme tu la formules.
Au moins on sait qu’il est question de N de la Casinière.
Qui est donc le fin analyste (anonyme, faut pas pousser) des
trois commentaires de 8h18, 11h34, et 1h17?
Une chose est sûr, ce n’est pas la CNT 44 sans doute occuper à faire un débat sur le féminisme ou sur le pouvoir en milieu militant.
Quel rapport,courageux anonyme?
De plus s’interoger sur le sexisme et l’autoritarisme pose t’il un probleme??… seulement aux sexistes autoritaires !!!