(attention voir aussi plus bas en annexe, l’intervention de Gigi Malabarba, Président du Groupe d’élus du PRC dans le Sénat, du représentant du PRC italien la Conférence.)

À cette occasion ont été présentes les organisations traditionnellement représentées telles que :
– le Parti Socialiste d’Ecosse (SSP -http ://http://www.scottishsocialistparty.org/),
– la Ligue Communiste Révolutionnaire de France (http://www.lcr-rouge.org/),
– le Bloc de Gauche du Portugal (http://www.bloco.org/actual.asp),
– le PC de l’Allemagne (KPD -http://www.kommunistische-partei-deutschlands.de ) – qui représentait en outre l’alliance des organisations de la gauche alternative allemande qui soutient la Conférence -,
– le Partito della Rifondation Comunista de l’Italie (http://www.rifondazione.it/hp/index.html),
– SolidaritéS de Suisse (http://www.solidarites.ch/journal/)
– l’Alliance Rouge et Verte du Danemark (http://www.enhedslisten.dk),
– le Socialist Worker Party (http://www.swp.org.uk/)
– et l’Alliance Socialiste d’Angleterre (http://www.socialistalliance.net),
– l’ODP de Turquie (http://www.odp.org.tr/index.asp)
– et l’Espacio Alternativo pour l’Etat Espagnol (http://www.espacioalternativo.org/).

Pour la première fois se sont ajoutés comme observateurs :
– le Parti Socialiste d’Angleterre et d’Irlande (ex-Militant – http://www.socialistparty.org.uk/),
– EUiA de Catalogne,
– Synaspismos de Grèce (http://www.syn.gr/)
– et plusieurs autres organisations de la gauche alternative grecque.

Les discussions ont tourné sur quatre points : la situation des mouvements sociaux en Europe ; le projet de transformation de l’UE en la « Europe- Puissance » et les perspectives pour la campagne électorale européenne de 2004 ; le bilan de la conférence et les tâches organisationnelles ; et enfin la rédaction de la déclaration publique de la conférence.

La Conférence a également permis un rapprochement et une rencontre entre les organisations grecques de la gauche alternative, qui ont importante influence sociale mais qui sont très fragmentées, afin favoriser un processus alliances et regroupement.

Après un processus de trois années, la Conférence s’est non seulement consolidée comme un instrument utile de coordination à l’échelle européenne, mais on a pu aussi constater une grande homogénéité de critères et points de vues. Ce qui facilite un processus de discussions dans lequel se profilent les différences nationales, les différentes expériences et leurs conclusions, les points de vues opposés, mais aussi l’effort collectif pour développer ensemble une vision européenne des conflits sociaux et les tâches de nos organisations.

S’il y avait un certain doute là-dessus, la discussion paragraphe par paragraphe de la déclaration finale a démontré qu’on avait dépassé le stade de la recherche du consensus sur des généralités pour progresser dans des débats de fond, comme par exemple la politique des classes dominantes européennes dans cette phase de la globalisation, le rôle de la social-démocratie dans et hors du gouvernement ou la discrimination contre les communautés musulmanes dans l’UE.

-La situation du mouvement social après la guerre en Irak

Le rapport introductif du premier point a été à la charge du Parti Socialiste d’Ecosse, qui vient d’obtenir un résultat excellent dans les élections régionales. Pour le SSP, la situation internationale est encore très instable après la guerre d’Iraq. Les USA ont des difficultés graves pour stabiliser un vaste arc de crise, depuis la Corée à la Méditerranée, renforcé par leur présence militaire directe en Afghanistan ou en Irak. Malgré la victoire militaire, la légitimité de l’attaque contre l’Irak il est publiquement mise en question, particulièrement en Grande-Bretagne, notamment du fait que l’on n’a nulle part trouvé les célèbres armes de destruction massive de Saddam Hussein.

Dans les douze prochains mois, les classes dominantes européennes vont essayer de dépasser les divergences apparues autour de la guerre et de sa relation avec les USA en lançant une nouvelle vague de réformes néo-libérales – offensive dénommée par l' »Esprit de Lisbonne » – et être doté d’une nouvelle légitimité à travers la Constitution Européenne dans le but de soutenir son projet de construire une Europe-Puissance en tant que partenaire – plus modeste – de l’impérialisme US.

Dans ce contexte, le représentant du SSP a proposé d’approfondir quatre thèmes:

– la relation entre partis et mouvements sociaux, afin d’avancer dans la clarification idéologique des mouvements sociaux;
– le nécessité de l’autonomie des mouvements sociaux et la critique de toute forme d’attitude « dirigiste » de la part des partis;
– le rapport entre mouvements locaux et mobilisations globales: comment passer de la résistance au développement d’alternatives.

Il est impossible de résumer en quelques lignes un débat de plusieurs heures. Les différentes organisations ont fait non seulement un rapport de la situation dans leurs pays et du développement du mouvement contre la guerre, mais aussi sur les principales tâches pour les prochains mois.

On a constaté le développement inégal du mouvement anti-guerre, qui a acquis une massivité inconnue jusqu’alors en Espagne, en Italie ou en Grande-Bretagne. Bien que dans le mouvement anti-guerre le secteur « antiglobalisation » ait été fondamental, le niveau de conscience de l’ensemble n’est pas anticapitaliste. Cela exige une pédagogie spéciale qui évite des divisions sectaires imposées de l’extérieur, qui ne respectent pas les rythmes d’expérience eux-mêmes et l’autonomie du mouvement. Une nouvelle génération de lutte a émergé. Mais il faut reconnaître aussi que la guerre n’a pas pu être arrêtée.

Pour cela, il a manqué une incorporation massive du monde du travail qui aurait ouvert la perspective d’une grève générale. Toutefois, la campagne contre la guerre a eu des effets notables dans les secteurs syndicaux. Le cas le plus clair est en Grande-Bretagne, où le secteur « blairiste » du Labour Party a perdu la direction de toute une série de syndicats en faveur d’une nouvelle gauche syndicale.

En Ecosse et en Angleterre, il y a déjà des cas de désaffiliation syndicale au Labour Party. Le PC de Grande-Bretagne, qui continue à avoir une certaine influence dans ces secteurs de la gauche syndicale, a changé sa stratégie d’appeler à voter pour le Labour et il s’est ouvert vers la gauche alternative radicale pour trouver des alternatives.

Il y a eu un ample accord sur le fait que, tout en maintenant la mobilisation contre l’impérialisme de l’Administration Bush, il était essentiel de faire face à la nouvelle offensive néo-libérale dans l’UE, menée au nom du « programme de Lisbonne ». Une offensive qui prétend détricoter au nom de la compétitivité avec les USA, les droits sociaux, assouplir le marché du travail et privatiser les pensions. Cette attaque contre les droits des travailleurs européens est effectuée sous la couverture de la résistance des gouvernements Chirac et de Schroeder aux plans de guerre de Bush et en cherchant une nouvelle légitimité à travers le processus de la Convention et l’adoption d’une Constitution Européenne parallèlement à la mise sur pied d’une armée européenne.

C’est pourquoi il est fondamental dans les mois à venir de combiner la résistance contre le « programme de Lisbonne » avec la discussion sur une alternative au projet de construction de l’Europe et une intervention qui articule la mobilisation sociale et la participation aux processus électoraux, avant tout aux élections au Parlement Européen de 2004.

-Vers un parti anticapitaliste alternatif européen

Le second jour des débats a été consacré à profiler les caractéristiques et les tâches d’un parti européen de la gauche alternative et anticapitaliste. Bien qu’on n’ait pas encore approuvé de législation communautaire qui régira les partis européens, les projets examinés paraissent ouvrir la possibilité à sa constitution à partir des participants de la Conférence Anticapitaliste.

L’axe central de la gauche anticapitaliste et alternative est lui-même le résultat de l’expérience de ces années de globalisation néo-libérale, y compris dans sa phase armée : il est donc nécessaire de construire une alternative à ces politiques néo-libérales sans tomber dans le piège de la gestion du système, comme cela s’est produit avec les partis social-démocrates ou de la « gauche plurielle » en France. En ce sens, l’appel de Fausto Bertinotti et de Rifondazione Communista à une reconstruction approfondie de la gauche cadre pleinement dans cette orientation.

Il existe en outre le danger que certains secteurs puissent défendre le modèle néo-libéral promu depuis la Commission Européenne comme un moindre mal face au modèle impérial des USA. Comme le démontrent les attaques contre les pensions, les nouvelles vague « d’assouplissement » du travail et la réduction des droits syndicaux qu’impliquent l' »Esprit de Lisbonne », Schroeder peut être un jour contre la guerre et justifier de ce fait le lendemain ses attaques contre les droits sociaux.

Le « modèle social européen » est un mythe, et un mythe qui coûte très cher aux directions des grands syndicats groupés dans la Confédération européenne des syndicats (CES). Mais pour Table Ronde des industriels Européens, pour la Commission de l’UE et pour les classes dominantes de notre continent, l’important est de restaurer sa compétitivité avec des droits sociaux et de travail encore plus faibles.

L’attaque a déjà commencé dans toute l’UE et dans les nouveaux Etats membres à l’est. Mais la résistance syndicale, avec des grèves générales en France, Italie, Portugal, Allemagne, Autriche ou Espagne a également démarré. La campagne électorale pour le Parlement européen en 2004 devrait permettre une « contamination » mutuelle du mouvement contre la globalisation capitaliste et la guerre, d’une part, et le mouvement syndical de l’autre. Il existe déjà d’importants liens de connexion. Il s’agit maintenant de leur donner un cadre culturel et politique critique et alternatif face à l’UE néo-libérale et au nom d’une Europe la solidarité et des peuples.

La Conférence a examiné différentes initiatives comme l’organisation du Forum Social Européen de Saint-Denis, en France en novembre de cette année ; l’appel à organiser des séminaires sectoriels paneuropéens sur les sujets clef de la Constitution (comme les droits sociaux, la question nationale ou la question de la femme ; l’élaboration d’un projet de Constitution Européen alternatif ; la possible conclusion d’un référendum populaire sur les droits sociaux dans l’UE ; ou la convocation en Italie dans les mois prochains d’une Contre-Convention européenne de la gauche sociale et politique.

Toutes ces alternatives, et d’autres encore, doivent permettre de créer un profil clair de la gauche alternative et anticapitaliste, à partir des mouvements sociaux. Et de le projeter également depuis la tribune institutionnelle des élections européennes, soutenant ainsi une nouvelle avancée des mouvements sociaux sur un axe aussi central que la construction européenne. En ce sens, l’existence de la Conférence elle-même a déjà eu des importants effets pratiques bénéfiques. En Autriche, en Allemagne et en Grèce il a permis la création de vastes forums d’appui avec des partis anticapitalistes de différentes traditions politiques.

La construction d’un parti européen alternatif et anticapitaliste doit aussi permettre de former des alliances avec certains des partis communistes qui sont en transition après la crise d’identité due à l’effondrement de l’URSS. Des partis qui se réorientent aujourd’hui vers les mouvements sociaux en dehors de toute subordination aux politiques néo-libérales de la social-démocratie européenne. Mais aussi avec la gauche des partis écologistes qui veut maintenir leur identité alternative face à la subordination de leur partis vert allemand ou français aux politiques anti-écologistes et militaristes des gouvernements de ces pays. De cette façon, la Conférence ouvre la possibilité d’une l’alliance de plusieurs partis de gauche européens, en regroupant pour les élections européennes tous ceux qui recherchent une alternative aux politiques néolibérales de l’EU et à la construction de l’Europe-puissance.

Quelques partis comme Rifondazione, Synaspismos ou Izquierda Unida pourraient jouer un rôle de charnière entre la gauche alternative et les organisations de tradition communiste qui cherchent à se refonder dans les mouvements sociaux en profitant des potentialités de leur pluralité interne propre.

La Conférence a mandaté son secrétariat et les quatre organisations fondatrices (Bloc de Gauche, SSP, LCR et l’Alliance Rouge et Verte danoise) afin d’effectuer les démarches techniques nécessaires pour rendre possible la future constitution d’un Parti européen de la gauche anticapitaliste et alternative, ainsi que l’extension de la Conférence à de nouvelles organisations européennes disposées à collaborer ce projet. La prochaine Conférence anticapistaliste européenne aura lieu en France, organisée par la LCR, dans le sillage des travaux du Forum Social Européen.

G. Buster

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Intervention du représentant du PRC italien la Conférence: Contre « l’Esprit de Lisbonne »; grève générale européenne!

« Nous sommes entrés dans la seconde phase de la globalisation, celle de la gestion de la crise de la globalisation capitaliste, caractérisé par la guerre infinie. La situation, après la guerre d’Irak, est encore fortement instable. On ne perçoit pas à l’horizon de récupération économique. La concurrence inter-capitaliste va croître, ainsi que les tensions entre les USA et l’UE et à l’intérieur même de l’UE.

Le mouvement anti-globalisation a été le moteur du vaste mouvement pour la paix. Après Gênes il a su maintenir son unité et sa radicalité et s’étendre sans réduire son potentiel anticapitaliste. Le mouvement a été nourri du conflit social (la vague de grèves de 2002), il a su résister à la tentative de cooptation du réformisme (à travers le rôle politique joué par le syndicat CGIL), et a pu obtenir une puissante hégémonie dans l’opinion publique (il suffit de rappeler les trois millions de drapeaux pacifistes suspendues aux fenêtres).

Dans les élections municipales, la droite a reculé, sans qu’ait profité la gauche modérée (DS), malgré le fait qu’elle ait que par l’unilatéralisme de Bush, elle a pu monter dans le train populaire du « Non à la Guerre ». La situation continue à évoluer : les tentatives de renouveler la façade de l’Olivier (à travers la candidature de Cofferati) ont échoué ; le referendum promu par Rifondazione et les syndicats de gauche pour étendre les lois contre les renvois (l’article 18), avec une tendance clairement anti-néoliberal, obtiendrait la majorité selon les sondages, bien que tous les partis (à l’exception des verts), presque tous les syndicats, le gouvernement et évidemment tout le patronat aient appelé à voter contre.

Il est possible que les 10 millions de votes prévus ne soient pas suffisants pour dépasser la barrière de 50% de participation qu’exige la loi pour que le referendum soit valide. Mais ils seront la base pour le projet de construction de la Gauche Alternative. Le mouvement pour la paix, lui-même promu par le mouvement anti-globalisation, est impliqué dans la bataille sociale pour les droits des travailleurs.

Le PRC s’oppose à une simple bataille démocratique contre Berlusconi, comme le propose l’Olivier. Si la bataille démocratique n’est pas combinée avec la bataille sociale contre le néo-libéralisme, on ne construira pas d’alternative de gauche.

Le mouvement contre la guerre doit être nourri du conflit social. La grève générale européenne que nous n’avons pas été capables de convoquer contre la guerre, par l’opposition de la CES, doit aujourd’hui se transformer en objectif contre la politique d’assouplissement du marché de travail et contre les attaques aux systèmes de pensions et de sécurité sociale.

Gigi Malabarba, Président du Groupe d’élus du PRC dans le Sénat.