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Pourquoi l’OFUP n’a pas sa place dans les universités

Si 8 universités ont déjà interdit l’OFUP en leur sein, ce n’est pas par hasard

Nous vous invitons à lire très attentivement le dossier suivant. Ce dossier informatif est le fruit d’un travail des militants de la section de Paris I de la FSE (Fédération syndicale étudiante). Nous remercions les camarades des autres sections de la FSE pour leur aide dans la constitution de ce dossier.

Nous exposons ci-dessous les raisons qui nous poussent à demander l’interdiction de l’OFUP au sein des universités. Interdiction totale déjà prononcée par 8 universités : Nantes, Rennes I, Rennes II, Le Mans, Poitiers, les 3 universités de Montpellier.

1- La dérive de l’OFUP

Depuis de nombreuses années, les universités accueillent l’OFUP, une des seules entreprises privées autorisées à démarcher les étudiants et enseignants. Ce traitement de faveur administratif, inédit pour une entreprise privée, était justifiée pour les raisons suivantes : l’OFUP avait pour but de conseiller les étudiants et de leur faire accéder à des revues diffusant des savoirs « à prix cassés » tout en offrant aux étudiants des emplois saisonniers intéressants.

Or, il y a cinq ans, le groupe OFUP a été racheté, par le groupe FIRSTREAM, qui a vu dans l’OFUP un moyen d’investir les milieux universitaires, par le biais de son réseau d’étudiants : la vente de presse est ainsi devenue une vitrine pour vendre des produits plus lucratifs tels que la banque, l’assurance ou encore la téléphonie mobile. FIRSTREAM a pour cela mis en place une stratégie de vente forcée et a établi une base d’adresses électroniques étudiantes collectées lors des souscriptions, qui lui permet ainsi de disposer d’un réseau de clients potentiel. FIRSTREAM ne se prive pas de revendre ces données à d’autres entreprises privées, qui ont ainsi un moyen de promouvoir leurs produits.

Il est donc clair que FIRSTREAM use de l’image a priori positive dont dispose l’OFUP auprès de l’éducation nationale et de ses usagers, pour investir un milieu protégé du démarchage abusif des entreprises privées. FIRSTREAM a tout intérêt à investir les universités qui lui permettent de disposer d’un marché potentiel pour ses différents opérations commerciales, ainsi que pour ses différents partenaires, tout en exploitant les étudiants qu’elle embauche.

Tout d’abord, depuis 2001, FIRSTREAM touche des commissions de la banque COVEFI, en imposant aux saisonniers qu’elle embauche l’ouverture d’un compte dans cette même banque. Il est stipulé dans les 2500 contrats de travail annuel contractés, que c’est la condition sine qua non pour percevoir tout salaire. La pratique est d’autant plus scandaleuse qu’elle est présentée dans les universités lors des réunions de recrutement (l’article 6 du contrat de travail d’un CDD stipule que le contractant s’engage à « ouvrir simultanément à la signature du contrat ou maintenir un compte bancaire auprès de la banque partenaire de l’OFUP, afin de permettre la gestion du règlement de rémunération, […] et maintenir ce compte ouvert pendant toute la durée d’exécution du contrat ».).

Mais FIRSTREAM ne s’arrête pas là : depuis 2003 un système de parrainage a été mis en place. Il incite les saisonniers à faire ouvrir un compte similaire à leurs amis en échange d’une rémunération qui ne les commissionnent qu’à partir de la 10ème vente. De plus, elle a accompagné cette pratique par une commercialisation de la banque à l’université avec l’opération AXA Banque, pour laquelle 45 étudiants ont été recrutés sous le titre « consultant bancaire AXA ». Naturellement cette pratique a été soigneusement dissimulée sous couvert de l’habituelle vente de presse.

De même, FIRSTREAM a étendu ses partenariats commerciaux au sein de l’université puisque elle vend aussi des abonnements CANAL + (pour cette opération les saisonniers sont rémunérés 3 euros par vente), et va même jusqu ‘à « vendre » les murs des universités pour un affichage publicitaire aux entreprises telles que GILLETTE, ou L’OREAL, et embauche à cet effet des étudiants en CDI sous le titre de « diffuseur local ». Bien entendu les bénéfices engendrés ne profitent qu’à FIRSTREAM.

Ainsi il est clair que FIRSTREAM ne vise pas qu’à vendre de la presse universitaire. Elle le démontre une fois de plus par la profusion de son outil de paiement électronique via le net, le « FIRSTREAM PASS » (un moyen de paiement « on-line ») qui lui permet de collecter des réseaux clients, qu’elle peut ensuite revendre à des sites marchands en ligne ! Les étudiants sont donc incités à acheter tout et n’importe quoi sur Internet. On est loin des vertus pédagogiques de l’OFUP et de la diffusion des savoirs !

Il semble donc logique, dans ces conditions, que les responsables de centre OFUP (étudiants managers des facultés et lycées régionaux) soient obligés de collecter les adresses émail de tous les clients presse OFUP. Cette obligation figure même dans les contrats de travail CDD par le biais d’un objectif de 70% d’adresses émail qui entraîne la division de la rémunération variable par 2 s’il n’est pas atteint. Que dire alors de la consigne nationale visant à inciter les étudiants abonnés à payer leur revue sur Internet via FIRSTREAM ?

C’est donc en toute logique, que la technique de vente renforcée a été systématisée lors des inscriptions des nouveaux bacheliers. Le but est clair, vendre non pas un seul abonnement mais un pack de 3 abonnements (voire plus), ce qui représente une valeur supérieure au prix moyen d’une inscription administrative universitaire !

Enfin, dans un souci de rentabilisation maximale, FIRSTREAM, a décidé de diminuer l’activité de vente OFUP dans les lycées de 2/3 et de délaisser les établissements isolés, trop coûteux en frais de déplacement ! Naturellement ce manque à gagner sera compensé par une hausse des objectifs de vente dans les universités, et de plus en plus dans les IUT.

Sous couvert d’un abonnement profitable à nos études, FIRSTREAM tente de faire de nous les étudiants une donnée commerciale ! La presse est un outil parfois nécessaire à nos études mais il ne doit en aucun cas servir de couverture à des opérations a but purement lucratif. De même, la difficile situation financière de bon nombre étudiants ne doit en aucun justifier une telle exploitation.

2- Qu’en est-il des bonnes intentions affichées par l’OFUP suite à nos révélations ?

Aujourd’hui, nous savons que la société FIRSTREAM, qui a racheté l’OFUP il y a 5 ans, s’inquiète fortement des conséquences de ces révélations, et pratique un lobbying intense auprès des directions d’université pour continuer à jouir d’un statut d’exception dans les universités, leur permettant de continuer leurs activités commerciales au sein des universités.

Même si FIRSTREAM prétend vouloir cesser toutes les activités « hors presse » que nous dénonçons, et se recentrer sur sa mission à première vue plus honorable (vendre des abonnements aux étudiants), nous persistons à exiger son interdiction totale à l’intérieur des universités. Voici pourquoi.

Nous savons que FIRSTREAM mise énormément sur les chaînes d’inscription des nouveaux étudiants du mois de juillet. Abandonnant (ou prétendant abandonner) ses activités « hors presse » dans les universités, tout nous porte à croire (entretiens avec des vendeurs OFUP) que FIRSTREAM voudra se rattraper au mois de juillet, amplifiant les dérives des dernières années.

Nous considérons que l’OFUP, loin de rendre un service aux étudiants (conseil), ce qui pourrait justifier sa présence à l’université, manipule, culpabilise les étudiants pour leur vendre un maximum d’abonnements. FIRSTREAM utilise le capital de confiance de l’OFUP (construit précédemment) pour vendre par tous les moyens.

Quels sont les moyens que s’apprêtent à mettre en œuvre les vendeurs OFUP sur ordre de leur direction ?

– technique de vente dite de « l’ascendance universitaire » : il s’agit d’utiliser le prestige de l’institution universitaire. Lors du parcours que doit effectuer l’étudiant pour s’inscrire, l’OFUP, présente dans la fac, fait tout pour apparaître aux yeux des étudiants, comme une étape légitime de l’inscription pour tout étudiant soucieux de ses études. Ainsi, l’OFUP veut apparaître comme une étape parmi d’autres (inscription administrative, mutuelles, …) du parcours d’inscription

– technique du « pack » : le but est de vendre, non pas un abonnement, mais un « pack » de 2-3 abonnements (voire plus). Quant un étudiant semble intéressé, le vendeur doit en profiter.

– technique de culpabilisation : le vendeur doit convaincre l’étudiant que si il veut réussir, il faut qu’il s’abonne à des revues spécifiques à sa filière. Le vendeur n’hésitera pas à lui dire qu’il n’y a pas de manuel fourni à la fac, et que pour s’en sortir lire régulièrement une revue est indispensable. Il s’agit de profiter de l’ignorance et de la vulnérabilité du nouvel étudiant (parfois stressé d’entrer dans un nouvel univers) pour faire du chiffre. On est là encore très loin de la quasi-mission de « service public » qui justifierait la présence de l’OFUP dans les universités.

L’Université se déshonorerait à accepter un jour de plus d’ouvrir ses portes à une société privée qui exploite les inquiétudes des étudiants pour les dépouiller.

En tant que syndicat, dont l’objet est de défendre les intérêts matériels et moraux des étudiants, nous ne pouvons accepter que ces marchands sans scrupule continuent à sévir à l’intérieur des universités, avec la caution des institutions universitaires.

Nous pensons que l’unité la plus large doit se faire pour obtenir l’interdiction de l’OFUP au sein des universités. Et ceci le plus vite possible, si possible avant les chaînes d’inscription. En tout état de cause, dans les universités où l’OFUP sera autorisé à tenir des tables, nous devrons réagir pour protéger les étudiants de ces rapaces.