Ce matin avait lieu à Paris les procès de plusieurs personnes interpellées lors des manifs ou actions lycéennes. A l’étage, Antoine était accusé d’outrage, rébellion et violences à agent. Son avocate, maitre Terrel, demandait et obtenait un report au 22 septembre prochain. Maitre Terrel apportera la preuve, lors de l’audience qui se tiendra à l’automne, que l’accusation qui ne repose que sur les témoignages des flics ne tient pas la route. Il existe des photos, des vidéos et des témoignages de personnes étrangères à la manif qui montrent que les évènements ne se sont pas passés de la manière décrite par les CRS ; ceux-ci ont même été jusqu’à mentir sur l’endroit exact de cette interpellation, la situant à deux rues de la place ou elle s’est réellement effectuée, mensonge d’autant plus flagrant et absurde que les photos, les vidéos et les témoins montrent exactement le contraire. Me Terrel n’a pas manqué de souligner la similitude de ce cas avec le récent procès de Virginie, à Lyon. Pendant ce temps, en bas, le procès de Salah et Adrien avait lieu. Les lycéens, venus nombreux pour soutenir leurs camarades, étaient indignés de ne pas être autorisés à penetrer dans la salle d’audience, et manifestaient bruyament leur désappointement dans le hall du palais (cela s’entendait jusqu’en haut). La réponse de la flicaille ne se fit pas attendre : les mobiles penetraient dans le palais et poussaient dehors, sur le quai le long de la Seine, une bonne partie de l’assistance. La situation devenait alors surréaliste : la présidente du tribunal fermait la porte de sa salle a clé, empêchant toute personne de rentrer, mais aussi de sortir. Les quelques uns qui avaient quand même pu penetrer à l’intérieur se retrouvaient sequéstrés, tandis que les avocats qui avaient leurs clients dans la salle mais se trouvaient dehors se voyaient empêchés de les rejoindre. A l’intérieur, sommée par les avocats de rétablir une situation normale, la présidente soutenait contre toute évidence que les portes n’étaient pas bloquées ( !) : puis finissait par l’admettre, mais n’autorisait que quatre journalistes à entrer en plus, pretextant la surcharge d’une salle pourtant à moitié vide. Cependant, dans le hall, des avocats commencaient à donner de la voix devant les caméras présentes, protestant contre l’illégalité de ces procédés, les audiences se devant d’être publiques. Les lycéens et leurs soutiens qui restaient dans le hall, excédés par l’arrogance de la justice, se remirent alors à faire un maximum de bruit devant la porte pour être entendus de l’intérieur de la salle d’audience. Mais un minuscule incident (le bris, par inadvertance, d’une vitre) donnait le pretexte aux gendarmes pour intervenir à nouveau : après dix minutes de bousculades et le retour des mobiles casqués, tout le monde se retrouvait refoulé à l’exterieur du palais, et rejoignait la petite bande de ceux qui s’étaient déjà fait virer. Pendant ce temps, le procès avait lieu, et le procureur requerait des amendes et des TIG. La situation en était là lorsque je suis parti. L’attitude des flics et de la justice n’a rien d’exceptionnel ou d’inhabituel, ils se comportent toujours ainsi : mais ce qui est remarquable, c’est que les lycéens, devant l’injustice de la justice, ne baissent pas les bras et ne renoncent jamais à protester.

copier collé d’une contrib d’indy paris