Notre Non au projet de TCE est déjà vainqueur. Sa présence, son énergie et sa progression ont réussi à modifier les clivages et à déplacer les lignes. Ils ont réussi à imposer un vrai débat démocratique, à faire en sorte que tout(e)s les citoyen(ne)s s’approprient des questions Politiques. Jamais une campagne n’avait été aussi politique. Jamais une campagne n’avait été aussi Européenne : Notre Non a permis d’approfondir, de préciser, de débattre de la construction de la politique et de l’avenir de l’Europe, qui devra désormais tenir compte de nous et nous en remercier, comme nous remercions les partisans du oui qui ont parlé du fond et ont débattu avec sincérité et respect. Il y en a eu.

Notre Non a permis d’ouvrir une faille dans la pensée unique libérale. Il ne sert à rien de se dire de gauche lorsqu’on est résigné et que l’on accepte un horizon idéologique éculé et étroit comme seule réalité et seule perspective. Notre Non a permis de créer un appel d’air dans cette caverne ou l’on a plus le choix qu’entre libéralisme (saucial) et libéralisme (sovage). Notre Non a permis de montrer que, dans le contexte actuel, le seul fait de défendre la social-démocratie semblait relever de l’hérésie. Notre Non n’a pas de solution totale mais on voit que le Oui n’en a pas non plus, malgré ce qu’il prétend : la pseudo-cohérence de son système se fissure peu à peu, à notre grande joie…

Notre Non a travaillé à démasquer les mensonges qui permettent les 21 avril. Il a répété qu’il n’y a pas de français et de non français : Il n’y a que des riches et des non riches. Ce clivage est traversé par d’autres, et notre non n’est pas pour un strict retour à la lutte des classe. Mais nous trouvons plutôt sain qu’on se trompe un peu moins de colère.

Notre Non a montré, et cela énerve les experts de la spécialisation et les spécialistes de l’expertisation que la Politique doit être l’affaire de tou(te)s. Tout le monde est capable de comprendre ce que tous nos représentants devraient être capables d’expliquer. L’exaspération et l’invective ne sont que les prurits d’égos démesurés qui ne traduisent que du mépris.

Notre Non a fait le pari de ne plus avoir peur de la peur et a permis de clarifier les choses : ceux qui veulent changer les choses en faisant en sorte qu’elles ne changent surtout pas beaucoup n’ont plus le monopole de l’espoir. On peut aussi espérer que les choses changent radicalement sans qu’elles ne deviennent forcément pires. Cela reste un espoir, mais nous préférons l’espoir au désespoir ou à la résignation confortable, et pensons, notamment grâce à cette campagne, que notre époque est plus passionnante qu’inquiétante…

Natacha Oveja-Negra