Douchanbé, Capitale du Tadjikistan

Ce matin je suis allé avec une amie Tadjik visiter un orphelinat pour handicapés dans le centre de la ville.
Je savais par mon amie que l’armée française (qui est présente au Tadjikistan) réalisait dans celui-ci une action civile. L’action civile, comme ils disent, consiste à faire de l’humanitaire comme moyen afin d’atteindre un but, celui de dorer l’image de l’armée française auprès de la population locale. Ainsi l’armée réalise chaque année dans ce pays une demi-douzaine d’actions marketings.
Celle à laquelle j’ai assisté ce matin avait pour but de repeindre les chambres des enfants. La taille de « l’exploit » représente environ 100 m2 ! Ils ont également réparé le toit. Environ 7 bidasses se sont chargés de l’affaire.
Objectivement et ce n’est pas parce que j’ai la haine contre tous les militos, mais y’a des choses autrement plus importantes à faire dans un orphelinat pour handicapés lourds dans le tiers-monde que d’en repeindre les pièces… On pouvait notamment remarquer l’absence dans la plupart de celles-ci de fenêtre, de chauffage et d’eau… Enfin c’est bien connu, le marketing consiste à faire quelque chose qui se voit et la peinture en est une ! Et puis, depuis quand l’armée serait solidaire avec les plus faibles ?

Bref, je crois que je ne me suis pas remis de cette visite… non pas pour les militaires, si ce n’était que ça… mais pour ces enfants. Je crois que je n’avais vu jusqu’à quel point le système capitaliste pouvait être poussé à sa contradiction ! Ce n’était pas un orphelinat mais bel et bien un mouroir pour des enfants âgés de 5 à 15 ans. Tous les handicaps se côtoyaient, des plus légers aux plus lourds. Des enfants se tapant la tête contre le mur, rampant, meurtris dans leur lit… et tout ça dans un des pays les plus pauvres du monde ! Alors imaginez l’ambiance, l’odeur d’urine brûlant les naseaux, 60 gamins sales, habillés de guenilles …

Les activités des enfants sont d’être assis toute la journée dans une salle et d’attendre le coucher du soleil pour rejoindre le lit. Pas de jeux (ou très peu), des jeunes tadjiks de 17 ans bénévoles pour s’en occuper. Aucun professionnel, mise à part peut-être les cuisinières !
Je ne sais pas comment décrire ce que j’ai vu mais je sais que je n’aurais jamais imaginé quelque chose de semblable.

Le mouroir est financé et appartient au gouvernement. Quand on voit ce que donne le gouvernement au personnel hospitalier ou encore aux professeurs d’école (environ 5 dollars par mois !), on imagine très facilement ce qu’il donne à une structure gérant des handicapés lourds.
A la tête de l’orphelinat, un homme… non pas héros mais plutôt escroc. Grosse voiture, gros ventre, assez stupide… genre corrompu si vous voyez ce que je veux dire !

Bref, tout ça non pas pour vous dire d’envoyer un don (comme on le fait si bien sur Internet) à l’orphelinat par le biais de telle ou telle ONG, mais plutôt pour appeler les français mais aussi tous les peuples du monde à s’insurger contre le système capitaliste qui pousse à la misère des uns pour le bonheur des autres (qui sont en l’occurrence très peu nombreux).
Ces enfants sont tous martyres du système puisque personne (gouvernements étrangers…) ne lève le moindre petit doigt pour eux ! Il est tant d’en finir avec cette Europe qui se rend entièrement responsable de la mort de ces enfants et de bien d’autres (Irak, Tchétchénie, Vietnam etc.…) en ignorant leur souffrance.

En tout cas, ce ne sera pas la répression qui nous empêchera de continuer notre route vers l’émancipation mais plutôt ces visages de gosses meurtris qui nous feront tenir !

Math