À quoi ressemble cette offensive internationale pour les travailleur.euses du port de Montréal ? Dix-neuf jours de travail consécutifs, passant de l’horaire du jour à celui du soir au gré du patron, épuisant et privant les travailleurs de tout semblant de vie de famille. Est-ce la «reprise» économique que pleuraient les ministres du Travail de l’Ontario et du Québec quand ils ont dit: «pour le bien de la croissance économique du Québec, de l’Ontario et de tout le Canada», en suppliant le ministre Tassi pour une loi de retour au travail? C’est certainement pour maintenir la «reprise» économique post-crise de 2008 que Trudeau a utilisé la loi de retour au travail en 2018 contre les postiers avec l’ancienne ministre du Travail Patty Hajdu, citant une industrie en «faillite» sans des postiers capables de gérer l’augmentation des colis, augmentation qui donna lieu à une forte recrudescence des accidents de travail. Maintenant que Trudeau et son ministre menacent d’implémenter une loi de retour au travail contre les travailleurs du port de Montréal, le message est clair. Tout prétexte est bon pour utiliser la <> comme excuse pour sacrifier les travailleur.euses.

S’il y a une leçon à tirer de la grève de dix-neuf jours en 2020, c’est que la force de notre classe doit se trouver dans la solidarité et la résolution collective des travailleur.euses eux-mêmes. C’est-à-dire, pas avec le dupe espoir que juste peut-être, après sept mois de «  trêve  » sans grève entre le syndicat (Syndicat canadien de la fonction publique) et l’AEM (Association des employeurs maritimes), les patrons seront désormais intéressés de négocier avec le syndicat. Les patrons ont eu sept mois pour fomenter une offensive avec l’aide de l’État. Les dockers sont restés isolés et pris au piège dans la cage syndicale. Les sept mois ont donné aux patrons et au gouvernement le temps d’élaborer des plans d’urgence, de cartographier les ports et les chemins de fer susceptibles de subir une pression supplémentaire et même de rédiger le projet de loi de retour au travail en Mars. Qu’en est résulté de cette période? Un «accord» qui a essentiellement cédé entièrement aux intérêts du gouvernement et des patrons. Avec les pieds du SCFP qui traînent, les patrons sont prêts à assurer leur «reprise économique»! Notre force se trouve dans la solidarité entre collègues, et non dans les avocats aux tables de négociation. Ce sont après tous les travailleur.euses qui se mettent en grève, pas le syndicat. Il est scandaleux que lorsque les travailleur.euses se mettent en grève – c’est-à-dire lorsqu’ils sacrifient leur salaire, manifestent aux lignes de piquetage et risquent la possibilité d’une défaite, les syndicats l’utilisent simplement comme monnaie d’échange pour conclure un «  accord  ».

S’il y a une leçon à tirer de tant de récentes grèves et de luttes, c’est que l’isolement est une faiblesse particulièrement dangereuse pour notre classe. Les patrons ont su rester déterminés face à la crise, prêts à briser l’action des travailleur.euses dans une industrie avant de passer à la suivante. C’est ce que l’on a pu voir avec les travailleur.euses de General Motors à Oshawa. Désespéré face aux abysses de sa propre crise économique, GM était prêt à fermer son usine d’Oshawa afin de rouvrir un an plus tard avec 90% des nouveaux emplois désormais à un «  échelon » inférieur, avec des salaires un tiers plus bas, économisant au passage à la compagnie des millions de dollars. Quelle fabuleuse <  (? ) 

Ce qui est nécessaire, c’est que les luttes dépassent les confins de leurs secteurs. Elles doivent aller au-delà des limites syndicales. Ce qu’il faut, c’est la solidarité de classe et l’autonomie des travailleur.euses, et la reconnaissance que seule la lutte décide, pas les patrons et leurs lois. Il faut que les luttes d’aujourd’hui donnent naissance à un parti communiste mondial capable d’unifier notre classe pour la bataille décisive. Des leçons peuvent être tirées des emballeurs de viande du Dakota du Sud, qui l’année dernière ont défié l’ordre exécutif du retour au travail de Trump face à l’épidémie de Covid.

Que signifie la «reprise» pour les patrons et les ministres ? Des heures de travail plus longues et moins de sécurité d’emploi !

Partout dans le monde, cette «reprise» menace d’approfondir la misère de notre classe, la classe prolétaire. La pandémie et la crise ont montré que les patrons ont perdu leur soit disant «droit de gouverner»  !

Travailleurs et travailleuses du monde, unissez-vous !