Prisons chiliennes : Deuxième communiqué public au 32ème jour de grève de la faim de compagnon-ne-s s subversifs et anarchistes.

Aux peuples, aux individu-e-s, aux communautés et aux territoires en lutte et en résistance.
A celles et ceux qui se révoltent face à ce présent d’oppression et de misère.
A nos bandes, nos familles, nos ami-e-s, nos complicités, nos compagnon-ne-s et nos et amours à travers le monde.
A tous et toutes !

Nous, prisonnier-e-s anarchistes et subversif/ves de la guerre sociale, Mónica Caballero Sepúlveda dans la prison pour femmes de San Miguel, Marcelo Villarroel Sepúlveda, Juan Flores Riquelme et Joaquín García Chanks dans la prison de Haute sécurité (CAS), Francisco Solar Domínguez dans la Section de sécurité maximale et Pablo Bahamondes Ortiz dans le module 2 de la prison-entreprise Santiago 1, ainsi que Juan Aliste Vega, dans le CAS, qui adhère au mouvement mais ne s’est pas mis en grève de la faim pour des raisons médicales, nous déclarons notre totale opiniâtreté dans la détermination à poursuivre cette juste mobilisation que nous menons depuis déjà 31 jours, et que nous avons décidé d’initier à 9 compagnon-ne-s séquestré-e-s à différentes périodes dans des prisons chiliennes en lançant une grève de la faim (comprenant l’ingestion de boissons) de durée indéfinie, activant ainsi une exigence significative dans le monde carcéral, tout en unissant différentes générations de compagnon-ne-s comme une preuve irréfutable de la continuité du conflit contre l’État, la prison et le capital dans un contexte indéniable de Guerre sociale.
Aux 17ème et 18ème jours de ce parcours où le corps sert d’arme de lutte, les compagnons arrêtés dans le contexte de révolte permanente et aujourd’hui emprisonnés dans le module 3 de la prison-entreprise Santiago 1, Tomás, José et Gonzalo, ont mis un terme à leur mobilisation pour « des raisons de santé et de manque d’expérience » ; cependant nous qui restons mobilisé-e-s prenons en compte la claire volonté exprimée par ces compagnons de faire ce pas nécessaire de lutte collective et nous les saluons dans leur apprentissage quotidien de vivre une résistance menée pied à pied et au jour le jour dans l’enfermement carcéral.
D’autre part, dans un lien indestructible de complicité insurgée, le 12 avril le compagnon anarchiste espagnol Juan Sorroche Fernandez s’est déclaré en grève de la faim depuis l’isolement de la section de haute sécurité de la prison de Terni, en Italie, en solidarité avec nos revendications, rendant ainsi tangible la beauté de cette fraternité internationaliste anti-autoritaire.
Nous embrassons son geste complice et le faisons nôtre, l’invitant à traverser ces territoires de lutte et de résistance.
Le chemin tracé dans cette période intense de lutte est la cristallisation de la parole faite action.
Depuis les prisons chiliennes, notre cri de guerre parcourt à nouveau le monde, rendant universel notre appel subversif et anarchiste.
Au cours de cette nouvelle période de lutte qui traverse l’utilisation répressive de la pandémie sur l’ensemble de la planète et fait fi de toutes les limites et du contrôle, nous avons vu et secondé tous et chacun des multiples et beaux gestes d’action solidaire qui s’expriment à chaque instant et à n’importe quel endroit, et au travers desquels nous rencontrons des frères et sœurs, des compagnon-ne-s et des complices agissant dans la même pulsation du conflit :
Les mots, les tracts, les tags, les affiches, les textes, les banderoles, les bannières, les autocollants, les émissions, les retransmissions en direct et les programmes radio spéciaux, les forums, les réunions, les barricades, la conspiration, le feu et l’attaque, la solidarité, la musique, les manifestations en vélo et la créativité constante pour se solidariser, sont autant de choses faisant partie des nombreux gestes et actes qui nous lient à toutes celles et ceux qui nous accompagnent aujourd’hui sur ce sentier.

De la même manière, l’action conjointe des différents réseaux, coordinations, collectifs et espaces organisés dans l’actuelle lutte anti-carcérale a permis de porter de façon aussi correcte que nécessaire et de mettre l’accent sur la voix venue des prisons, permettant que beaucoup s’approprient les urgences qui nous guident aujourd’hui. En rappelant et en dépoussiérant les expériences passées de la prison politique d’antan, en rendant visible la situation de toutes les affaires répressives liées à la révolte permanente actuelle et en rendant clairement compte et sans ambiguïté de notre résistance autonome, subversive et anarchique dans les prisons de la démocratie chilienne, qui n’a pas connu de trêve au cours des 12 dernières années.
Aujourd’hui, on comprend avec plus de force et de clarté qu’au Chili la prison politique n’a jamais cessé d’exister, en tant que conséquence réelle et possible d’un choix de lutte subversive, rebelle et insurgée. Cela même met en évidence la nécessité d’élargir la frange anti-carcérale active et complice avec celles et ceux qui luttent en ce moment particulièrement aigu de répression étatique.
De 1990 jusqu’à nos jours, la prison politique continue à enfermer celles et ceux qui se rebellent contre l’ordre existant et passent des mots aux actes, par le biais de pratiques illégales protéiformes.
Ce fut d’abord pour les groupes armés de gauche, puis pour des noyaux autonomes et informels d’action et des individualités anarchistes, ainsi que pour la digne Résistance Mapuche, et jusque pour les dits prisonnier-e-s de la Révolte, qu’il y a toujours eu des Lois spéciales, des procès viciés, des traitements juridiques, carcéraux policiers et médiatiques différenciés. Toute une machinerie prête à punir celles et ceux qui passent à l’offensive et à les garder en otages au nom de la raison d’état.
La notion de séquestration devient tangible dans nos cas, alors que sur la durée et de manière systématique, l’État, par-delà sa propre légalité, nous maintient en détention avec des procès remplis d’irrégularités et l’animosité manifeste de tout son appareil, en modifiant nos condamnations, en falsifiant des dates et des documents, en criminalisant nos familles et nos enfants, en maintenant un suivi spécial de punition et une diabolisation publique visant à exterminer nos pratiques et de nos histoires de lutte, sans toutefois y parvenir.
Une fois de plus, nous osons nous lever, le poing en l’air et à l’encontre de tout pronostic, le corps fatigué mais rempli-e-s de fierté et le newen [force en langue Mapudungun] intact. Avec l’énergie vitale de tous nos frères et sœurs tombé-e-s dans la lutte subversive, révolutionnaire et anarchiste. Avec une conviction subversive claire qui se nourrit, s’alimente et résiste dans les cachots les plus toxiques des prisons de la démocratie chilienne, celle-ci qui se blindant aujourd’hui dans un cercle de fer médiatique pour invisibiliser notre mobilisation urgente et nécessaire.
« La liberté fleurira sur les ruines des prisons »
Notre cri d’aujourd’hui est fort et clair !
– Abrogation de l’article 9 Et Rétablissement de l’art. 1 du décret-loi 321 !
Dit simplement, cela signifie qu’il n’y ait pas de rétroactivité dans la modification de la loi qui régule la « liberté conditionnelle ».
Et que celle-ci redevienne un droit acquis de la personne emprisonnée, et pas une mesure à la discrétion de l’administration pénitentiaire.
– Libération de Marcelo Villarroel !
Sa situation juridique ne résiste pas à l’analyse.
Des peines lourdes s’élevant aujourd’hui à 46 ans, qui émanent des tribunaux militaires pour des faits s’étant produits il y a 29 ans. Un changement des délais pour prétendre à la conditionnelle du fait de la modification du décret-loi 321, ce qui prolonge la durée de détention de plus de 16 ans. Il a vécu plus de 25 ans enfermé en trois périodes. Dans sa situation juridico-politique se cristallisent les éléments caractéristiques d’une séquestration d’État contre quelqu’un considéré comme un ennemi de par son clair et radical positionnement anti-autoritaire et anti-étatique.
– Pour l’extension de la solidarité active avec les prisonnier-e-s subversif/ve-s, anarchistes, de la révolte et de la lutte de libération mapuche !
– Pour la fin de la prison préventive comme instrument de punition !
– Nous appuyons la revendication mapuche d’appliquer la Convention 169 de l’OIT à la situation des peñi et lamngen [frères et sœurs en langue mapudungun] emprisonné-e-s pour leur lutte.
– Pour la fin des sentences émises par la justice militaire contre Juan et Marcelo !
Nous exprimons ici les préoccupations insistantes qui nous guident dans le quotidien de l’enfermement carcéral.
Des préoccupations communes aux compagnon-ne-s en lutte et en résistance dans les différents labyrinthes pénitentiaires.
De même, nous pouvons préciser que dans différentes prisons de ce territoire plusieurs grèves de la faim sont menées de manière simultanée avec différentes revendications et diverses ampleurs. Nous saluons toutes celles et ceux qui portent la détermination de rompre avec les temps morts de l’enfermement et s’activent de l’intérieur pour visibiliser leurs situations.
Nous exprimons également notre préoccupation constante face à la précarisation de la vie, à l’utilisation militaro-policière de la pandémie dans un contexte de répression permanente, et à la détérioration généralisée de la vie des opprimé-e-s et des exploité-e-s, tandis que les puissant-e-s deviennent plus riches en asphyxiant l’entièreté de la vie en fonction de leurs volumineux taux de profits. D’où la justesse des débordements et des protestations, du fait de s’organiser et de lutter, de l’action directe pour la libération totale.
« Je suis partisane de la violence ! Absolument partisane de la violence. Sinon, ils vont encore nous foutre une raclée, et ils vont encore nous tuer, et ils vont encore nous enfermer, et ils vont encore nous faire disparaître. »
Luisa Toledo Sepúlveda
Dans une profonde connexion avec divers territoires en guerre et en conflit pour la libération de la terre et contre le capital.
En saluant toutes celles et ceux qui se sont manifesté-e-s le samedi 17 avril à travers la propagande, l’agitation et l’action protéiforme.
En resserrant le lien insurgé avec toutes les sœurs et frères de la planète avec qui, malgré les différences de langues, nous parlons le même langage de fraternité internationaliste révolutionnaire.
Avec nos mort-e-s en mémoire !
Avec la détermination d’ une lutte éternelle !
Tant que la misère existera, il y aura de la rébellion !
Mort à l’état et vive l’anarchie !
C’est en tissant des réseaux, en multipliant la complicité, qu’avance l’offensive insurgée et subversive !
Ni coupables, ni innocent-e-s, insurrection permanente !
Contre toute autorité, autodéfense et solidarité ! Pour l’extension de la solidarité avec les prisonnier-e-s de la guerre sociale, de la révolte et de la lutte de libération mapuche !
Que les prisons volent en éclats !
Pour l’abrogation de l’article 9 Et le rétablissement de l’art.1 du décret-loi 321 !
Liberté pour Marcelo Villarroel et tou-te-s les prisonnier-e-s subversif/ve-s, anarchistes, de la révolte et de la lutte de la libération mapuche !
Mónica Caballero Sepúlveda
Marcelo Villarroel Sepúlveda
Joaquín Garcia Chanks
Juan Flores Riquelme
Francisco Solar Domínguez
Pablo Bahamondes Ortiz
Juan Aliste Vega
Jusqu’à détruire le dernier bastion de la société carcérale !
Jusqu’à la libération totale !
Jeudi 22 avril 2021
Santiago du Chili

Traduit de :
https://es-contrainfo.espiv.net/2021/04/24/prisiones-chilenas-2do-comunicado-publico-a-32-dias-del-inicio-de-huelga-de-hambre-por-parte-de-companerxs-subversivxs-y-anarquistas/