Le maître d’oeuvre de l’édifice, Hubert Rohault de Fleury, en bon bourgeois, confirme dans ses mémoires  :

«Oui, c’est là où la Commune a commencé (…) que

s’élèvera l’église du Sacré-Coeur! (…) Nous nous
rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par
des énergumènes avinés, habitée par une population
qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la
haine de l’Eglise semblait surtout animer

 

Ces Internationalistes bien inspirés qui rehaussent de rouge le Sacré-Coeur, ravivent le souvenir de ces dizaines de milliers d’insurgés que le dogme religieux et l’ordre républicain, en toute connivence, exécutèrent en 1871. L’espace et le temps des capitalistes ne sont décidément pas les nôtres. Avec leurs froides basiliques empestant l’encens, les rois du monde immortalisent un espace-temps profondément déprimant, neurasthénique, piloté par la peur de l’Enfer, conforme à la terreur de voir disparaître leurs privilèges sous l’assaut des Damnés de la Terre devenus incontrôlables.

 

Dans ces lieux aussi pompeux que grotesques, nous ne voyons ni Dieu ni même un seul de ses saints, mais
l’action décidée d’une force sociale rétrograde, une action tangible, physique qui confirme que l’espace et
le temps qui nous sont volés sous le Capital (avec leurs guerres et avec nos morts, avec leur fric et nos
famines, avec leur démocratie et notre exploitation) sont des dimensions bien concrètes, réalisées par la
main de l’homme bourgeois pour nous obliger à rester des exploités.

 

Entrez dans le Sacré-Coeur! Et à chaque bondieuserie que vous allez admirer, souvenez-vous qu’avant leur exécution, traînés dans la ville sous les crachats des possédants, les Communards furent contraints de s’agenouiller devant chaque église,  chaque croix, chaque image sainte rencontrée. Et cela pour expier leur unique crime  : attaquer la propriété.

  • Rien d’étonnant alors qu’à chaque flambée révolutionnaire, les églises s’illuminent en de réjouissants brasiers.
  • A une époque où la religion assume pleinement son rôle historique ( empêcher toute remise en question du rapport social qui nous écrase ), gageons que le prochain soulèvement verra les innombrables sans dieu(X), sans maîtres qui subissent aujourd’hui la bigoterie et les mystifications des curés de toutes confessions, envoyer au diable le Sacré-Coeur, et tous ces saints que l’on ne saurait voir  : Sainte-Exploitation, Saint-Etat, Saint-Argent.

L’espace et le temps des capitalistes ne seront décidément jamais les nôtres.