Après un premier rendez-vous réussi à Besançon pour cultiver et défendre les terres des Vaîtes, l’acte 2 des Soulèvements de la Terre à Rennes s’annonçait bien périlleux. Les collectifs engagés dans la sauvegarde de la Prévalaye ont dû réagir tour à tour au reconfinement, à des prévisions météos cataclysmiques, ainsi qu’à une interdiction préfectorale de dernière minute sur l’ensemble des évènements prévus samedi et dimanche : mise en culture des terres menacées par le projet d’extension du stade, discussion et ateliers, tournoi de foot populaire etc. Pour motiver cette décision, la préfecture s’est opportunément cachée derrière l’argument sanitaire. Il s’agissait bien d’empêcher toute expression politique concrète de réappropriation collective de ces terres fertiles menacées par des infrastructures sportives. C’était sans compter sur la proverbiale audace rennaise.

Malgré les obstacles et intimidations, ce sont au final 500 personnes qui se sont retrouvées au mail François Mitterand après un premier rassemblement surprise au pied du marché des lices pour prendre de court le dispositif répressif. On se doute que l’on aurait été sans doute bien plus nombreux.ses et hétérogènes encore sans les interdictions et avec un grand soleil. Mais tout cela n’avait pas réussi à décourager des camarades solidaires de faire des centaines de kilomètres pour accompagner la suite des Soulèvements et soutenir la dynamique rennaise.

En tête du cortège, des banderoles apparaissent rapidement et appellent à la défense de la Prévalaye, à ensauvager la ville ou à irriguer les luttes face aux assècheurs. Une dernière, mais pas la moindre, clamait « face au foot business, foot populaire ». Une sono efficace surgit rapidement avec quelques fumis. Des paysan·nes arrivent tranquillement en brandissant outils, pioches et râteaux. Le dispositif policier fait bon an mal an le choix de se tenir à distance de la foule qui trace droit vers la Prévalaye avec quelques arrêts dance floor, inscriptions murales et expo de banderoles vs klaxon sur le pont au-dessus du periph.

Peu avant l’arrivée à la Prévalaye, des cagettes de petits fruits et d’herbes arômatiques sont distribuées avec un tas de nouveaux outils de maraîchage.
La police « protège » les infrastructures footballistiques et barre la route. Une parcelle menacée par l’agrandissement du stade est investie malgré tout. Directement des lignes se forment pour retourner le sol, briser les mottes et se lancer dans des plantations composites. On fête une nouvelle prise de terre et une nouvelle neutralisation des interdictions préfectorales !

En parallèle se succèdent des interventions de la Confédération paysanne, du collectif de sauvegarde de la Prévalaye (avec une pensée pour Céline), ou des soulèvements de la terre avec une chanson en construction à chaque nouvel épisode.

Vers 16h00, les forces de l’ordre menacent d’intervenir. Nous décidons de repartir ensemble en direction du centre-ville à proximité duquel on reste encore pour des dernières danses et discussions jusqu’à ce que quelques lancés irrités de lacrymos les écourtent. Seule ombre au tableau de ce défi amplement relevé, une arrestation absurde d’un compagnon à la fin par une équipe de la bac. On reste solidaires ! De nouvelles mobilisations et plantations devraient survenir rapidement sur les terres de la Prévalaye jusqu’à faire reculer définitivement les volonté de bétonnisation.

L’acte 3 des soulèvements de la Terrese prépare pour défendre des fermes face à un projet d’aggrandissement routier les 22 et 23 mai en Haute-Loire. Dès la semaine prochaine, des rendez-vous sont annoncées aux 4 coins du pays pour la 3e vague d’actions contre la réintoxication du monde.